Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

Nul n’eût pu méconnaître ce profil à la fois sévère et bon, majestueux et riant, qui formait le type caractéristique des Bourbons de la première branche, et dont le jeune homme que nous introduisons sous les yeux de nos lecteurs était à la fois l’image la plus vive et la plus exagérée; seulement, à voir la filiation peut-être dégénérescente de ces nobles visages depuis Louis XIV et Anne d’Autriche, on eut pu dire que celui dont nous parlons ne pouvait transmettre ses traits à un héritier sans une sorte d’altération du type primitif, sans que la beauté native de ce type dont il était la dernière bonne épreuve se changeât en une figure aux traits surchargés, sans que le dessin enfin devînt une caricature.

En effet, Louis-Auguste, duc de Berry, dauphin de France, qui fut depuis le roi Louis XVI, avait le nez bourbonien plus long et plus aquilin que ceux de sa race; son front, légèrement déprimé, était plus fuyant encore que celui de Louis XV, et le double menton de son aïeul tellement accentué chez lui, que, maigre encore, comme il était à cette époque, le menton occupait un tiers à peu près de sa figure.

En outre, sa démarche était lente et embarrassée; bien pris dans sa taille, il semblait pourtant gêné dans le mouvement des jambes et des épaules. Ses bras seuls, et ses doigts surtout, avaient l’activité, la souplesse, la force et, pour ainsi dire, cette physionomie qui, chez les autres, est écrite sur le front, la bouche et les yeux.

Le dauphin arpentait donc en silence cette salle des Pendules, la même où, huit ans auparavant, Louis XV avait remis à madame de Pompadour l’arrêt du parlement qui exilait les jésuites du royaume, et, tout en parcourant cette salle, il rêvait.

Cependant, il finit par se lasser d’attendre ou plutôt de songer à ce qui l’occupait, et regardant tour à tour les pendules qui décoraient la salle, il s’amusa, comme Charles-Quint, à remarquer les différences toujours invincibles que conservent entre elles les plus régulières horloges; manifestation bizarre, mais nettement formulée, de l’inégalité des choses matérielles réglées ou non réglées par la main des hommes.

Il s’arrêta bientôt en face de la grande horloge, située alors au fond de la salle, à la même place où elle est encore aujourd’hui, laquelle marque, par une habile combinaison des mécanismes, les jours, les mois, les années, les phases de la lune, le cours des planètes; enfin tout ce qui intéresse cette autre machine plus surprenante encore que l’on appelle homme, dans le mouvement progressif de la vie vers la mort.

Le dauphin regardait en amateur cette pendule qui avait toujours fait son admiration, et se penchait tantôt à droite, tantôt à gauche pour examiner tel ou tel rouage dont les dents, aigües comme de fines aiguilles, mordaient un autre ressort encore plus fin. Puis, ce côté de la pendule examiné, il se reprenait à la regarder en face, et à suivre de l’œil l’échappement de l’aiguille rapide glissant sur les secondes, pareille à ces mouches des eaux qui courent sur les étangs et les fontaines avec leurs longues pattes, sans même rider le cristal liquide sur lequel elles s’agitent incessamment.

De cette contemplation au souvenir du temps écoulé, il n’y avait pas loin. Le dauphin se rappela qu’il attendait depuis beaucoup de secondes. Il est vrai qu’il en avait déjà laissé écouler un grand nombre avant d’oser faire dire au roi qu’il l’attendait.

Tout à coup l’aiguille sur laquelle le jeune prince avait les yeux fixés s’arrêta.

À l’instant même, comme par enchantement, les rouages de cuivre cessèrent leur rotation pondérée, les axes d’acier se reposèrent dans leurs trous de rubis, et un profond silence se fit dans cette machine où fourmillaient naguère le bruit et le mouvement. Plus de secousses, plus de balancement, plus de frémissements de timbres, plus de courses d’aiguilles et de roues.

La machine était arrêtée, la pendule était morte.

Quelque grain de sable fin comme un atome était-il entré dans la dent d’une roue, ou bien était-ce tout simplement le génie de cette merveilleuse machine qui se reposait, fatigué de son éternelle agitation?

À la vue de ce trépas subit, de cette apoplexie foudroyante, le dauphin oublia pourquoi il était venu et depuis quel temps il attendait; il oublia surtout que l’heure n’est point lancée dans l’éternité par les secousses d’un balancier sonore, ou retardée sur la pente des temps par l’arrêt momentané d’un mouvement de métal, mais bien marquée sur l’horloge éternelle qui a précédé les mondes et qui doit leur survivre, par le doigt éternel et invariable du Tout-Puissant.

Il commença en conséquence par ouvrir la porte de cristal de la pagode où sommeillait le génie, et passa sa tête dans l’intérieur de la pendule pour y voir de plus près.

Mais il fut tout d’abord gêné dans son observation par le grand balancier.

Alors il glissa délicatement ses doigts si intelligents par l’ouverture de cuivre et détacha le balancier.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Битва за Рим
Битва за Рим

«Битва за Рим» – второй из цикла романов Колин Маккалоу «Владыки Рима», впервые опубликованный в 1991 году (под названием «The Grass Crown»).Последние десятилетия существования Римской республики. Далеко за ее пределами чеканный шаг легионов Рима колеблет устои великих государств и повергает во прах их еще недавно могущественных правителей. Но и в границах самой Республики неспокойно: внутренние раздоры и восстания грозят подорвать политическую стабильность. Стареющий и больной Гай Марий, прославленный покоритель Германии и Нумидии, с нетерпением ожидает предсказанного многие годы назад беспримерного в истории Рима седьмого консульского срока. Марий готов ступать по головам, ведь заполучить вожделенный приз возможно, лишь обойдя беспринципных честолюбцев и интриганов новой формации. Но долгожданный триумф грозит конфронтацией с новым и едва ли не самым опасным соперником – пылающим жаждой власти Луцием Корнелием Суллой, некогда правой рукой Гая Мария.

Валерий Владимирович Атамашкин , Колин Маккалоу , Феликс Дан

Проза / Историческая проза / Проза о войне / Попаданцы
Чингисхан
Чингисхан

Роман В. Яна «Чингисхан» — это эпическое повествование о судьбе величайшего полководца в истории человечества, легендарного объединителя монголо-татарских племен и покорителя множества стран. Его называли повелителем страха… Не было силы, которая могла бы его остановить… Начался XIII век и кровавое солнце поднялось над землей. Орды монгольских племен двинулись на запад. Не было силы способной противостоять мощи этой армии во главе с Чингисханом. Он не щадил ни себя ни других. В письме, которое он послал в Самарканд, было всего шесть слов. Но ужас сковал защитников города, и они распахнули ворота перед завоевателем. Когда же пали могущественные государства Азии страшная угроза нависла над Русью...

Валентина Марковна Скляренко , Василий Григорьевич Ян , Василий Ян , Джон Мэн , Елена Семеновна Василевич , Роман Горбунов

Детская литература / История / Проза / Историческая проза / Советская классическая проза / Управление, подбор персонала / Финансы и бизнес