Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

– Dans le but de me jouer quelque méchant tour de sa façon. Si modeste que vous soyez, monsieur le comte de Fœnix, croyez que Dieu vous a doué d’assez d’avantages personnels pour rendre un roi jaloux… de mes visites chez vous, ou de vos visites chez moi.


– M. de Richelieu, madame, répondit Balsamo, ne peut être dangereux pour vous en aucune rencontre.


– Mais il l’était, cher comte, il l’était cependant avant l’événement.


Balsamo comprit qu’il y avait là un secret que Lorenza ne lui avait point encore révélé. Il ne se hasarda point, en conséquence, sur le terrain de l’inconnu, et se contenta de répondre par un sourire.


– Il l’était, répéta la comtesse, et j’ai failli être la victime de la trame la mieux ourdie, dans laquelle vous étiez pour quelque chose, comte.


– Moi! dans une trame contre vous? Jamais, madame!


– N’était-ce donc pas vous qui aviez donné à M. de Richelieu le philtre?


– Quel philtre?


– Un philtre qui fait aimer éperdument.


– Non, madame; ces philtres-là, M. de Richelieu les compose lui-même, car il en connaît dès longtemps la recette; je ne lui ai remis, moi, qu’un simple narcotique.


– Ah! vraiment?


– Sur l’honneur.


– Et M. le duc, attendez donc, M. le duc est venu vous demander ce narcotique, quel jour? Rappelez-vous bien la date, monsieur, c’est important.


– Madame, ce fut samedi dernier. La veille du jour où j’eus l’honneur de vous adresser par Fritz ce petit billet qui vous priait de venir me retrouver chez M. de Sartine.


– La veille de ce jour, s’écria la comtesse, la veille du jour où le roi fut vu se rendant chez la petite Taverney? Oh! tout m’est expliqué maintenant.


– Alors, si tout vous est expliqué, vous voyez que je n’y suis que pour le narcotique.


– Oui, c’est le narcotique qui nous a sauvés.


Balsamo attendit cette fois, il ignorait tout.


– Je suis heureux, madame, répondit-il, de vous être bon à quelque chose, même sans intention.


– Oh! vous m’êtes excellent toujours. Mais vous pouvez plus encore pour moi que vous n’avez fait jusqu’à présent. Oh! docteur, j’ai été bien malade, politiquement parlant, et, à l’heure qu’il est, c’est à peine si je crois à ma convalescence.


– Madame, dit Balsamo, le docteur, puisque docteur il y a, demande toujours des détails sur la maladie qu’il a à traiter. Veuillez me donner les détails les plus exacts sur ce que vous avez éprouvé, et, s’il est possible, n’oubliez aucun symptôme.


– Rien de plus simple, cher docteur, ou cher sorcier, comme vous voudrez. La veille du jour où ce narcotique fut employé, Sa Majesté avait refusé de m’accompagner à Luciennes. Elle était restée, sous prétexte de fatigue, à Trianon, cette menteuse Majesté, et cela pour souper, je l’ai su depuis, entre le duc de Richelieu et le baron de Taverney.


– Ah! ah!


– Vous comprenez, à votre tour. Ce fut pendant ce souper que le philtre d’amour fut versé au roi. Il en tenait déjà pour mademoiselle Andrée; on savait qu’il ne me verrait pas le lendemain. C’était donc à l’endroit de cette petite qu’il devait opérer.


– Eh bien?


– Eh bien, il opéra, voilà tout.


– Qu’est-il arrivé alors?


– Voilà ce qui est difficile à savoir positivement. Des gens bien informés ont vu Sa Majesté se dirigeant vers les communs, c’est-à-dire vers l’appartement de mademoiselle Andrée.


– Je sais où elle demeure; mais ensuite?


– Ah! ensuite, peste! comme vous y allez, comte! On ne suit pas sans danger un roi qui se cache.


– Mais enfin?


– Enfin, tout ce que je puis vous dire, c’est que Sa Majesté, par une affreuse nuit d’orage, revint à Trianon, pâle, tremblante, et avec une fièvre qui tenait du délire.


– Et vous croyez, demanda Balsamo en souriant, que ce n’était pas de l’orage seulement que le roi avait eu peur?


– Non; car le valet de chambre l’entendit s’écrier plusieurs fois: «Morte! morte! morte!»


– Oh! fit Balsamo.


– C’était le narcotique, continua madame du Barry; rien ne fait peur au roi comme les morts, et, après les morts, comme l’image de la mort. Il a trouvé mademoiselle de Taverney endormie d’un sommeil étrange, il l’aura crue morte.


– Oui, oui, morte en effet, dit Balsamo, qui se rappelait avoir fui sans réveiller Andrée, morte ou du moins présentant toutes les apparences de la mort. C’est cela! c’est cela! Après, madame, après?


– Nul ne sut donc ce qui se passa dans cette nuit, ou plutôt dans le commencement de cette nuit. À sa rentrée chez lui seulement, le roi fut pris d’une fièvre violente et de tressaillements nerveux qui ne se passèrent que le lendemain, lorsque madame la dauphine eut l’idée de faire ouvrir chez le roi, et de montrer à Sa Majesté un beau soleil éclairant des figures riantes. Alors toutes ces visions inconnues disparurent avec la nuit qui les avait enfantées.


«À midi, le roi allait mieux, prenait un bouillon et mangeait une aile de perdrix, et le soir…


La comtesse s’arrêta, regardant Balsamo avec ce sourire qui n’appartenait qu’à elle.


– Et le soir? répéta Balsamo.


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