Sire, voilà un nouvel exemple des iniquités auxquelles on se prête pour perdre dans Votre esprit un Institut qui dès sa naissance a marqué chaque instant de son existence par son activité pour le bien public. Sire! que ne pouvez-Vous voir notre situation! Après avoir y refusé toute rétribution pour les travaux extraordinaires dont nous nous sommes chargés pour l’Université et les écoles, après avoir sacrifié travaux et veilles à surpasser nos devoirs (il est 3 heures après minuit en ce moment) nous sommes bafoués d’une partie du public, insultés par les particuliers, tournés en dérision par les tribunaux à qui nous demandons justice, et quand la légèreté de nos étudiants provoqués offense un membre de la caste privilégiée, toutes les autorités prennent fait et cause pour lui et l’on fait Haro sur nous de tous côtés.
Sire, cette affaire décidera si Vous avez une université à Dorpat ou non7
. Notre état est insupportable. Il ne peut durer tel. O combien de choses je devrais encore Vous dire, surtout sur l’objet des écoles! Mais la longueur de cette lettre m’effraie moi-même. Veuillez Vous souvenir des points principaux que j’ai indiqués dans mes lettres précédentes touchant la culture en général de Votre nation. Que de travail à faire! Et que fera-t-on si notre Université succombe? Qui aura le courage de travailler après nous si nous sommes la victime de l’aristocratie? Quant à moi, je le suis déjà; ma santé a fléchi. Mais au moins que ce ne soit pas en vain, et tirez, ô monarque chéri, de ce sacrifice tout l’avantage possible pour Votre peuple.26. G. F. Parrot à Alexandre IER
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Sire!
Votre Empire va consacrer à Votre souvenir la journée qui commence1
. Des millions d’âmes pures, de cœurs droits vont adresser à l’Être Suprème des vœux pour âme pure, pour cœur droit que cet Être Suprème a placé sur le trône. Avant que l’aurore donne le signal du mouvement général j’entre dans ma solitude pour me joindre plus intimement à cette grande masse qui Vous chérit, pour penser à Vous, Vous aimer sans réserve, sans distraction, pour Vous dire que je Vous aime, pour Vous parler de ce sentiment profond que Vous m’avez inspiré. Alexandre! Votre cœur est sensible; il connait l’amitié; Vous lirez avec plaisir ces lignes dictées par le sentiment le plus tendre et le plus pur.Peut-être en cet instant êtes Vous Vous-même dans le recueillement, occupé à rendre grâces à l’Être Suprême pour l’amour que Vous consacrent tant de millions de Vos semblables. Que j’aime à voir mon Alexandre, mon héros pénétré de ce sentiment sublime! Cette harmonie entre lui et son peuple doit plaire à la
. Un Empire d’un côté, Alexandre de l’autre! Tous deux à ses pieds, tous deux reconnaissants. L’humanité n’a rien de si beau à lui offrir.Que Vous êtes heureux! O! je voudrais pouvoir Vous répéter ce mot journellement, Vous le rappeler sans cesse et surtout dans les instants désagréables où Votre cœur souffre de ne pouvoir faire tout le bien qu’il se propose. La somme des maux que Vous épargnez à l’humanité est grande. L’idée de Vous être consacré tout entier à ce sublime emploi doit Vous être une source inépuisable de bonheur.
Que Vous êtes heureux! – Gardez-Vous de trouver dans ce mot une flatterie raffinée que m’avait dictée malgré moi mon tendre attachement pour Vous. Je n’ignore pas combien il Vous reste encore à faire pour prendre ce mot dans un sens absolu, Vous savez Vous-même que Vos idées les plus chères sont encore loin de l’exécution et qu’il Vous faudra encore des années de combats, de persévérance, de la constance la plus opiniâtre pour en réaliser une partie. Cependant je Vous le répète: Vous êtes heureux, heureux d’avoir conçu sur le trône ou peu avant d’y être monté, les idées sublimes. Vous êtes heureux par la volonté décidée que Vous avez de les réaliser. Vous êtes heureux, parce que Vous trouverez dans Votre caractère la fermeté nécessaire pour vaincre les obstacles qu’on Vous opposera. Vous êtes heureux par l’activité perpétuelle que Vous avez à Vos devoirs. Vous êtes heureux enfin par la reconnaissance universelle.