Le Directoire général des écoles Vous a demandé par la voie du Ministre 118 000 Roubles annuels pour l’entretien des gymnases et écoles de district des 4 gouvernements de l’Arrondissement de Dorpat. Cette demande est calquée sur un état que je présentai au Directoire l’année dernière. Il fut décidé alors que ce que les collèges des secours publics des 4 provinces avaient fourni jusqu’à présent serait fondu dans cette masse totale de 118 000 R.
Dans la requête du ministre il se trouve d’ajouter que les sommes fournies jusqu’à présent par les villes seraient également défalquées de cette masse totale. Vous avez accordé Votre sanction à cet arrangement, et le ministre a déjà envoyé des réquisitions aux Régences des 4 gouvernements pour mettre cet ordre à exécution.
Sire, je savais très bien que plusieurs villes ont fourni des contributions notables pour l’entretien des écoles. Mais j’avais compté sur ces contributions pour un autre but. D’un côté il est des villes telles que Riga et Dorpat, où les appointements généraux calqués par le Directoire ne peuvent pas fournir aux besoins des précepteurs. Il ne m’a pas été possible d’engager le Directoire à avoir égard à ces circonstances parce que l’on a pour principe de mettre à tout une uniformité aussi complète que possible, qui par l’énorme disproportion des prix dans les différentes provinces de l’Empire devient une injustice. J’avais donc compté redresser ce tort en engageant les villes considérables de notre arrondissement à employer une partie de ce qu’elles ont fourni jusqu’à présent à améliorer le sort de leurs précepteurs. L’autre partie, la plus considérable, devait être employée à l’entretien d’un troisième genre d’écoles, d’écoles triviales pour les villes, dont il n’a pas encore été question dans le plan général, les écoles de paroisse regardant principalement les campagnes, et qui sont d’une nécessité absolue1
. À Riga par ex. il faut 14 écoles de ce genre. En outre il est encore un besoin pressant, c.à.d. , auquel personne n’a encore pensé. Sire, la moralité exige absolument que l’on sépare autant que possible les filles des garçons qui vont encore pèle-mèle aux écoles triviales. Le voyage que j’ai fait cet hiver avec le Prof. Morgenstern en qualité de visitateur des écoles de Livonie m’a convaincu de cette nécessité encore plus que je ne l’étais en théorie. L’université a été même forcée d’après notre rapport d’user de sévérité dans un certain cas bien fait pour humilier toute l’espèce humaine.Ce nouveau besoin, je l’avais également assigné en idée sur les revenus que les villes ont affectés à l’instruction publique, et j’avais déjà réussi à engager Riga (où j’ai séjourné 7 ans) à doubler ces revenus en considération de tous ces besoins. Nous sommes convenus d’y établir 14 écoles pour les garçons et 4 écoles pour les filles en attendant mieux. Je suis à présent en négociation avec Dorpat au même sujet.
Vous voyez déjà, Sire, qu’en s’en tenant à Votre ordre, de tous ces projets aucun ne peut se réaliser. Mais c’est n’est pas tout. Les villes veulent conserver l’administration de revenus qu’elles affectent à l’instruction, par des raisons faites à imaginer et à excuser. Elles se refusent même à accorder des honoraires aux précepteurs, pour ne pas confondre leurs fonds avec ceux de la couronne. Lors donc que la couronne voudra fondre ces revenus avec les siens, non seulement les villes se rétracteront sur les sacrifices nouveaux auxquels elles se voulaient prêter, mais aussi elles tâcheront de diminuer autant que possible les sommes antérieurement existantes, parce qu’une grande partie de ces sommes étaient fournies par des décrets particuliers des magistrats. Ainsi l’instruction publique souffrira par là une double perte, infiniment considérable par les considérations que j’ai alléguées.
Voilà, Sire, un de ces cas où Vous seul êtes en état de dénouer ou couper le nœud gordien. De règle nous n’avons pas le droit de faire des représentations sur ce que Vous avez signé, et il n’y a que la permission particulière que Vous m’avez donnée de m’adresser directement à Votre cœur bienfaisant, qui puisse légitimer ma démarche présente. Daignez, Sire, m’indiquer le mode que l’Université doit observer pour obtenir le redressement désiré.
Le second point concerne les bâtiments de l’Université. Le général Klinger, que l’Université se félicite de jour en jour davantage de posséder, Vous aura fait rapports que la somme que Votre générosité a accordée pour ces bâtiments ne suffira pas, et n’aura pas manqué de justifier l’Université par les raisons notables de la réalité desquelles il a pu s’assurer sur les lieux2
. Mais ce qu’il aura sûrement omis, ce qu’il ne sait pas même assez pour en parler, c’est que si, malgré les nombreuses raisons qui justifient l’Université, Vous jugez que nous avons encore quelque tort, c’est moi qui l’ai.