Qu'est-ce, qu'est-ce qui fait ce frôlement, là-bas,Qui est comme le bruissement des calmes eaux?…Qu'est-ce qui songe, à moitié endormi,Croît et chante?Silence… Sérénité…Le monde est sous minuit. Tout se tait.L'âme de qui, de qui? est entendue…Qu'est-ce, qui résonne, plein de vie?C'est une voix, jeune éternellement, une voix.Elle est presque, presque sans paroles,Mais belle, mais sainte,Comme le principe de tous les principes.Une vague qui roule, —Mais pas la Mer… ProfondémentRespire la vie d'un autre songe.Sous la Lune elle est si vastement aise!C'est un champ. La nuit regarde.Caressant est le regard étoilé.Les doux épis chuchotent,Tous les épis chuchotent,Se redressent, chantent, —Se penchent pour le sommeil.Sève de vie. Labeur éternel.Avec douceur le grain frôle le grain…Qu'est-ce qui est plus loin? Une théorieDe troncs non vivants, mais vivants:Des grappes de fruits au-dessus de la terre, —A nouveau, principe des principes.Sur de petits piquetsUne tempête recelée,Rire sonore, et le vers sonore,Un moment d'oubli, — la Vigne!Une joie sereine du visage, —Les étoiles regardent, caressantes…Il mûrit, il s'apprête son vin,Le jaune, le rouge raisin!Et l'on récoltera ces grappes,On les écrasera, on en extraira le sang.Le travail est gai. Les cœurs chantent.Dans la vie, à nouveau, vit l'Amour!O Grain victorieux,Grappes de fruits de l'Être!Il sera du vin blanc,Il sera un flot rouge!Une année s'écoulera après une année,La vie doit se précipiter.Mais l'épi ne passera pas,Mais les grappes vivront!Les rêves ne finiront pas,Le Printemps reluira pour tous!Ainsi, la Liturgie de la BeautéEst, fut, et doit être!
Traduit par Alexandra de Holstein et René Ghil
Из книги «Фейные сказки»
(М., «Гриф», 1905)
Чары феи/Les charmes de la fée
Я шел в лесу. Лес темный был Так странно зачарован.И сам кого-то я любил, И сам я был взволнован.Кто так разнежил облака, Они совсем жемчужны?И почему ручью река Поет: мы будем дружны?И почему так ландыш вдруг Вздохнул, в траве бледнея?И почему так нежен луг? Ах, знаю! Это Фея.
Je marchais à travers la forêt. La forêt était sombre Et étrangement enchantée.Et moi, j'aimais je ne sais qui. Et moi, j'étais ému.Qui a rendu si tendres les nuages,Qu'ils sont tous en douceur de perles?Et pourquoi le fleuve au ruisseauChante-t-il: Serons amis?Et pourquoi tout soudain, le muguetA-t-il soupiré, tandis qu'il pâlit dans l'herbe?Et pourquoi si suave, le gazon? —Oh! je sais: c'est la Fée…