Читаем La dame de Montsalvy полностью

Quand l'aube d'un beau jour d'été habilla de mauve les lointains de la Châtaigneraie et fit surgir sur la première clarté du levant les murailles noires de Montsalvy, Catherine et ses compagnons avaient déjà quitté leur abri odorant et, après de rapides ablutions dans l'eau fraîche de l'étang, prenaient à travers champs pour rejoindre le chemin menant vers les profondeurs de la vallée du Lot, faille profonde au-dessus de laquelle se dressaient les tours antiques de Roquemaurel.

Tout en marchant, pas bien vite car le chemin étroit, encaissé et difficile, ne permettait guère les allures rapides, on fit honneur aux petits fromages et au pain de Gauberte et quand le soleil bondit comme une balle de feu par-dessus les monts on avait déjà fait un bout de chemin.

Jamais, la campagne n'était apparue aussi belle, aussi amicale à Catherine. L'été adoucissait les pentes rudes d'une chatoyante végétation. Les croupes rondes étaient roses de bruyère, éclataient dans la gloire dorée de leurs genêts cependant que des foisonnements verts jaillissaient de toutes les failles et tapissaient les étroites et mystérieuses vallées qui plongeaient vers la grande coupure du Lot.

Il n'y avait que peu de cultures. La terre légère et peu profonde sur son ossature de rochers ne produisait guère que du seigle et de l'avoine mais, dans les multiples petits ruisseaux qui bondissaient de rocher en rocher, les truites scintillaient et, à la bonne saison, les bois embaumaient le champignon... Le regard de la jeune femme fouillait l'horizon, s'attardant sur un filet de fumée voltigeant au-dessus d'un toit, sur la pointe aiguë d'une poivrière, les rares demeures de schiste et de grès qui ponctuaient l'immense paysage, cherchant à deviner quel toit Josse Rallard avait choisi pour abriter ses enfants. La tentation était grande de s'arrêter un peu partout, de demander, mais Bérenger l'en avait dissuadée.

— Je serais bien étonné que ma mère ne sache rien. Et si cela était nous lancerions mes frères à leur quête. Et puis... ils sont peut-être chez nous...

Pourquoi pas, en effet ! Les trois Roquemaurel : la mère, Mathilde et les deux garçons, Renaud et Amaury, étaient peut-être les seuls de la région dont les caractères fussent encore plus difficiles que celui de Montsalvy. Ni sa puissance ni ses talents d'homme de guerre ne les impressionnaient. Recueillir ses enfants contre sa volonté pouvait les séduire...

On passa donc sans s'arrêter près du bourg de Junhac, au-dessus des quatre tours de Sénézergues érigées au bord d'un gouffre de verdure, on aperçut de loin la masse redoutable de la puissante citadelle de Calvinet puis, par Cassaniouze, on dévala un petit sentier aux pierres instables qui semblait se perdre dans les profondeurs des gorges du Lot mais qui, en fait, n'allait pas plus loin que Roquemaurel. Après lui la montagne se faisait falaise et un précipice terminait la route...

Le vieux château fort dont les murs roussâtres avaient vu le départ des premiers croisés pour la Terre Sainte surgit devant eux dans la chaleur de midi avec ses tours hargneuses et son gros donjon, un peu écorné par le temps peut-être mais qui assis sur son éperon au bord du vertige gardait fière allure sous sa bannière d'azur où brillaient le chevron et les trois rocs échiquetés d'or de ses maîtres. Le ciel était si bleu d'ailleurs que chevron et rocs avaient l'air imprimés à même le ciel... Sous tant de splendeur Roquemaurel ressemblait à ces beaux vieillards qui rêvent au soleil, les yeux mi-clos, un vague sourire aux lèvres, paisibles et rassurants mais qui, lorsqu'ils se relèvent, déploient une taille imposante et des muscles encore redoutables, faits d'un vieux bois durci aux intempéries.

Son sourire, ce jour-là, c'était son pont-levis baissé, les deux soldats qui, tête nue et le pourpoint de cuir grand ouvert, jouaient aux dés sous l'ombre fraîche de la voûte et, dans la prairie en contrebas, une petite troupe de lavandières, cotillons retroussés, occupées à émailler l'herbe d'une grande lessive toute neuve. Debout au bord du sentier, une corbeille vide sur la tête et un poing à la hanche, une grande femme brune en camisole blanche et jupon de toile bleue leur inspirait l'ardeur au travail en les houspillant sévèrement :

— Trois heures pour étendre deux draps et une douzaine de torchons !... Si ce n'est pas malheureux ! Regardez-moi ces empotées !

Allons, la Nicole, un peu de nerf !... On nous attend là-haut.

Entendant rouler les pierres du chemin sous les pas des chevaux elle se tourna du côté où venait le bruit, abritant ses yeux de sa main sous le bavolet de sa coiffe de lin blanc.

— Qui nous arrive là ?...

Mais déjà elle le savait. Un cri jaillit de sa gorge, en contrepoint du

« Sara !... » qu'avait lancé celle de Catherine ivre de joie. La jeune femme sautait déjà à bas de son cheval et, trébuchant dans les ornières tant elle mettait de hâte, courut se jeter dans les bras de celle qu'elle avait toujours considérée comme sa seconde mère.

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