Читаем La dame de Montsalvy полностью

Le messager attira le bordage contre la rive puis s'assit tranquillement dans l'herbe cependant que le nouveau venu se penchait et prenait Catherine par le bras afin de l'aider à mettre pied à terre. Lui non plus ne dit rien mais, quand il l'attira à lui, Catherine sentit une odeur de graisse d'armes et crut, dans la fente du manteau, voir briller l'acier d'une cuirasse.

L'homme l'avait saisie sans douceur et elle essaya de se libérer de sa poigne.

— Vous me faites mal ! protesta-t-elle.

Un ricanement lui répondit et l'étreinte autour de son bras se resserra encore tandis que l'homme accélérait l'allure au risque de la faire tomber. Le sol était inégal et elle trébucha plusieurs fois sur des mottes d'herbe sèche avant qu'un escalier ne se présentât, un escalier qui plongeait dans le sol et au fond duquel brillait une faible lumière, semblable à un reflet dans les profondeurs d'un puits.

La descente ne fut pas longue. Pourtant elle parut, à Catherine terrifiée, aussi interminable qu'un voyage aux Enfers et, cette fois, elle bénit la poigne rude qui lui écrasait le bras mais la soutenait car, sans cela, elle se fût peut-être rompu le cou au bas de cet escalier aux marches visqueuses.

Une porte faite de planches disjointes s'ouvrit en criant sous le coup de pied du compagnon de Catherine qui était une sorte d'homme des bois, velu de toutes parts avec une énorme verrue sur le bout du nez. Il poussa la jeune femme dans une grande cave large et basse, sentant fortement le salpêtre et la moisissure, dont les murs blanchâtres étaient éclairés par de grandes flammes, celles qui jaillissaient d'un large pot de fer, posé à même le sol.

Une assemblée d'hommes l'emplissait, masse de trognes gélatineuses ou hirsutes, hérissée ici et là par les vouges et les fauchards de guerre dont l'acier luisait sinistrement. Muette d'angoisse, Catherine détourna les yeux pour les fixer sur le fond du caveau où trois moines vêtus de frocs noirs attendaient, assis à une longue table éclairée de chandelles baveuses, les mains au fond de leurs manches.

Celui qui était assis au centre se leva et parut très grand à la prisonnière qu'une bourrade de son gardien jeta à genoux sur le sol boueux.

— Soyez la bienvenue, belle Catherine ! Vous avez été sage de ne point nous faire trop attendre.

En même temps, il rejetait son capuchon mais le son de sa voix avait déjà renseigné Catherine et elle n'avait pas besoin que les flammes rouges du brasero éclairassent les traits purs, les grands yeux bleus et les cheveux pâles du faux moine pour reconnaître le Damoiseau... Un voile d'agonie passa devant ses yeux. Avec Jacquot de la Mer qu'elle avait connu jadis, elle avait une chance de s'en tirer mais elle connaissait trop le démon qui la dévisageait de ses beaux yeux sans pitié pour savoir qu'elle n'avait rien à attendre de lui, rien que la pire cruauté...

Même parvenue au fond du désespoir, elle avait trop de courage pour s'abandonner sans lutte. Une vague de dégoût et de haine qui s'enfla dans sa gorge la sauva de la peur et la remit debout, brûlante de colère. Et comme son gardien s'approchait pour la rejeter à terre, elle l'évita d'un saut de côté et levant la main, le gifla de toutes ses forces avant de se retourner vers Robert de Sarrebruck.

— J'aurais dû me douter qu'un piège aussi bas ne pouvait avoir été tramé que par vous ! Car c'est un piège n'est-ce pas ? Les deux malheureux garçons que vous avez fait enlever sont morts, à cette heure, sans doute ?...

— Morts ? Que non pas ! Vous avez fait suffisamment diligence pour qu'ils soient encore en vie... et entiers. On vous les amènera tout à l'heure. Je n'ai qu'une parole !

— Une seule en effet ! lança Catherine méprisante, et comme vous n'en avez qu'une, vous la reprenez volontiers afin qu'elle puisse encore vous servir !

Le visage lisse du seigneur bandit verdit subitement comme si le fiel de son âme s'infiltrait sous sa peau délicate.

— À votre place je prendrais garde à ma langue, belle dame !

Vous n'êtes guère en état de jeter l'insulte à qui vous tient en sa puissance... J'ajoute...

— Finissons-en ! Que voulez-vous pour rendre la liberté à mes serviteurs ?

Un lent sourire entrouvrit les lèvres du Damoiseau découvrant des dents blanches et pointues.

— Moi ? Rien !...

— Comment, rien ?

Le sourire s'accentua tandis que, fouillant sous sa robe monastique, le beau Robert en tirait une petite boîte d'or qu'il ouvrit pour y prendre un clou de girofle dont il avait toujours sur lui une provision. Il se mit à le mâcher lentement afin de conférer à son haleine une douce senteur d'œillet.

— Ma foi, non : rien ! Admirez mon élégance car je pourrais, vous tenant en ma puissance, me venger des désagréments sans nombre que je vous dois... depuis Châteauvillain. Eh bien ! non je n'en ferai rien.

— Alors pourquoi m'avoir fait venir ici ?

— Pour que justice soit rendue à quelqu'un qui, aujourd'hui, a beaucoup souffert par votre faute...

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