Читаем La dame de Montsalvy полностью

— Grâce à cet homme, dit le jeune homme en désignant Jehan des Ecus qui lui souriait, dressé devant l'incendie du moulin comme Néron devant celui de Rome. Il allait rejoindre quelques-uns de ses confrères dans cette ruine quand on vous y a traînée. Et il a vite compris que ce n'était pas pour vous y offrir des fleurs. Alors, il est rentré dans la ville et il est allé dire ce qu'il avait vu à messire de Roussay. Il a perdu un peu de temps parce qu'il l'a cherché d'abord au palais puis chez sa bonne amie dont, heureusement il connaissait l'adresse... La pitié de Dieu a bien voulu que le capitaine arrive à temps pour vous sauver... et nous délivrer !

Le regard de Catherine croisa celui, plein de pitié, du faux moine. Elle devait être dans un triste état pour qu'il la regardât ainsi, mais elle s'efforça de lui sourire, sachant bien la valeur de ce qu'il avait fait pour elle.

— Je vous dois... la vie, ami Jehan. Mais pourquoi l'avez-vous fait

? Vous ?... Aller chercher Roussay pour le jeter sur vos amis, vos compagnons ?...

Jehan des Ecus haussa les épaules.

— Il n'y a d'amitié chez les truands que tant qu'ils restent entre eux, fit-il sombrement. En acceptant l'or du Damoiseau, en se faisant ses serviteurs, les truands ont cessé d'être mes frères et mes compagnons. Et puis vous, vous livrée à ces démons, à cette saloperie d'Amandine ?... non, ça je ne pouvais pas le supporter ! » Sa voix faiblit tout à coup, s'enroua tandis qu'il achevait, comme à regret : «

Je... je... je crois que je vous ai toujours aimée, depuis que vous étiez cette belle enfant que l'on donnait de force au Grand Argentier de Bourgogne ! Il y a des lumières qu'on n'oublie pas !

— Tout de même ! Vous au palais, chez...

Elle s'interrompit sur un cri.

— Mon Dieu ! Le palais ! La tour... le Roi ! Avez- vous pris le Damoiseau ?

— Non... il venait de partir quand nous sommes arrivés. Je le regrette assez car c'est lui que je voulais et...

— Vite ! Courez ! Allez chercher messire de Roussay ! Vite il le faut ! Ils vont tuer le Roi...

— Vous avez la fièvre, dit Gauthier, fronçant les sourcils et tâtant son front brûlant...

Mais Bérenger, lui, était déjà parti en criant : « J'y vais ! » et courait vers l'incendie de toute la vitesse de ses jeunes jambes.

Follement, Catherine essaya de se lever pour le suivre, luttant contre Gauthier.

— Vous vous occuperez de moi plus tard... Je sais bien que j'ai la fièvre mais... le Roi René... ils l'ont fait évader et l'emmènent vers une embuscade où de faux soldats bourguignons vont l'abattre L.

C'est donc ça ? murmura Jehan des Ecus. Lorsque nous avons passé le pont de l'Ouche, j'ai cru voir une barque chargée d'hommes qui glissait le long du rempart...

Déjà, Jacques de Roussay arrivait, remorqué par Bérenger. En quelques mots Catherine le mit au courant de la catastrophe suspendue au-dessus de sa tête. Un juron, trois questions sur le temps écoulé, le nombre d'hommes et la direction suivie - « la route de Langres » précisa Catherine - et il tournait les talons en criant :

— Je vais vous laisser deux hommes pour trouver un bateau et vous ramener à l'hôtel Morel-Sauve- grain... Si je suis encore vivant, j'irai vous y rejoindre au retour.

Catherine l'entendit rameuter ses hommes. Ils surgirent de partout, quittant la surveillance du brasier dans lequel ils avaient enfermé les ribauds, et sans doute Amandine. La ligne des archers se rompit. Les soldats coururent vers les chevaux attachés aux arbres du boqueteau.

Tous sautèrent en selle et, à la suite de Jacques qui éperonnait sauvagement son cheval en hurlant : « En avant, Bourgogne ! », le lourd escadron s'ébranla, quittant le moulin en feu, dans un galop qui fit trembler la terre...

Épuisée, Catherine referma les yeux, laissant sa tête aller sur le bras de Gauthier. Les douleurs qui la ravageaient semblaient se faire plus cruelles encore... Un instant il n'y eut plus autour d'elle que le ronflement du brasier, la chanson des moulins et le bruit du vent dans les branches... Les dernières plaintes des mourants s'étaient tues...

Catherine et ses amis se retrouvaient seuls au centre d'un univers de mort...

Et puis, quelque part, la cloche d'un couvent sonna matines. Une autre lui répondit et puis une autre, et encore une autre... Il y eut un bruit de rames frappant l'eau et le glissement soyeux d'une barque dans le courant. Mais lorsque Gauthier voulut soulever le corps martyrisé de Catherine pour le porter dans le bateau qu'amenaient deux des soldats de Roussay, la douleur que la jeune femme éprouva fut si forte qu'à nouveau elle perdit connaissance...

Elle ne la retrouva qu'un instant, au creux du lit chaudement bassiné où Symonne et Bertille l'avaient couchée mais ce fut pour plonger dans un autre enfer, celui du délire et des fantasmes terrifiants du cauchemar au fond duquel l'entraînait la fièvre violente qui à présent se déclarait...

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