Читаем La dame de Montsalvy полностью

Du fond de son chagrin, Montsalvy, son petit monde actif et courageux, sa terre, sa maison et tous ceux qui lui étaient si chers lui apparaissaient comme un paradis perdu dont les portes ne s'ouvriraient plus jamais pour elle. L'ange à l'épée flamboyante chargé d'en interdire l'accès avait le visage fermé d'Arnaud...

Néanmoins, pour faire plaisir à Symonne, elle consentit à se laisser examiner par cette femme dont on lui dit qu'elle s'appelait Prudence et dont les mains, comme la voix, possédaient une attentive douceur.

L'examen se révéla plus satisfaisant qu'on ne pouvait s'y attendre.

Prudence, avec l'adresse d'une bonne ménagère, recousit ensuite, à l'aide d'un fil de soie, une déchirure et bien que la petite opération fût douloureuse, Catherine l'endura sans une plainte, heureuse au contraire de cette souffrance qui selon les concepts déviés de son esprit troublé rachetait un peu l'immense faute qui cependant n'était pas sienne.

Quant aux irritations internes qui se traduisaient par des brûlures et des démangeaisons, l'application d'un baume à base de graisse de mouton et de plantes macérées dans du vin vint y apporter un soulagement appréciable.

— C'est celui qui m'a soignée jadis, expliqua la sage-femme à sa patiente. Il a fait merveille. Mettez-en durant les quelques jours au lit qui vous sont nécessaires et vous redeviendrez vous-même.

— C'est impossible ! fit Catherine, butée.

— Que non ! Vous verrez : le temps arrange bien les choses. La Noël approche. C'est la fête de la joie et Dieu dans sa miséricorde saura bien vous en apporter votre part. Un jour, vous oublierez vos...

blessures de guerre ou, tout au moins, vous les ramènerez à ce qu'elles sont : un accident dont vous garderez le secret.

Catherine en effet guérit à une surprenante vitesse, dont une part revenait indéniablement à sa jeunesse et à sa belle santé. Mais son âme, elle, refusa de guérir. À mesure que ses forces revenaient, il lui devenait plus pénible de vivre en société. La présence des hommes, surtout, lui était à charge. Et elle ne put se résoudre à recevoir Jacques de Roussay parce qu'il avait pu la voir écartelée, livrée comme une bête sur l'étal du boucher à l'assaut des soudards. Elle lui écrivit une lettre pleine d'amitié et de reconnaissance mais ne lui permit pas l'accès de sa chambre. Seuls Gauthier et Bérenger qui avaient été délivrés après elle et son oncle Mathieu lui semblaient à peu près supportables...

Le jour de la Saint-Éloi, Symonne Morel, en rentrant de la messe à laquelle suivant la tradition elle avait assisté avec quelques-uns de ses fermiers, vint lui annoncer son départ imminent pour les Flandres et l'inviter à l'accompagner afin de passer Noël avec elle à la cour de Bourgogne.

— Il serait trop triste pour vous de demeurer seule ici, ma mie, lui dit-elle. Le dépaysement vous sera salutaire et nous ferons la route à petites journées.

Vous avez laissé beaucoup d'amis, là-bas... Enfin, nous bénéficierons d'une escorte particulière.

Elle tenait en réserve, en effet, une bonne nouvelle : le duc Philippe avait ordonné que le roi René fût extrait de la tour Neuve et conduit par-devers lui, avec tous les honneurs dus à son rang royal, jusqu'à Lille où il l'attendait pour discuter de sa mise en liberté. Jacques de Roussay conduirait l'escorte à laquelle la nourrice du comte de Charolais était invitée à se joindre étant donné les rigueurs de la saison et les dangers des chemins.

Catherine refusa. Elle préférait, dit-elle, demeurer à Dijon entre l'oncle Mathieu et dame Bertille dont les sentiments réciproques se précisaient et dont les accordailles devaient être bénies le lendemain même à Notre-Dame. Elle embrassa son amie, promit « quand elle se sentirait mieux » d'aller la visiter à Lille ou à Bruges et, deux jours plus tard, regarda partir calmement l'imposant cortège qui emmenait à la fois Symonne et René d'Anjou. Une longue route entre Jacques de Roussay et le Roi dont elle savait pertinemment qu'ils la désiraient l'un et l'autre était une épreuve qu'elle se refusait à endurer...

Et ce fut seulement quand la ville fut retombée à son silence hivernal que Catherine donna à Gauthier l'ordre de faire leurs préparatifs de départ.

D'une même voix, Mathieu et Bertille s'indignèrent.

— Comment peux-tu nous faire cela ? s'écria l'oncle tout prêt à pleurer. Tu avais dit que du désirais demeurer avec nous jusqu'au printemps ?

Le sourire qu'elle lui offrit était plus triste que les larmes dont se gonflaient les yeux du brave homme.

— J'ai menti, dit-elle simplement. Je vous en demande bien pardon. Mais si j'avais dit où je désire me rendre, Symonne peut-être ne m'aurait pas laissée partir...

— Et tu crois que moi je te laisserai aller sans savoir où ?

— Oui, parce que vous me connaissez depuis longtemps, que vous m'aimez bien et que là où je vais j'espère rencontrer la paix dont j'ai tant besoin... je redeviendrai peut-être moi-même. Et, je vous en supplie, ne m'en demandez pas davantage !

Перейти на страницу:

Похожие книги

Просто любовь
Просто любовь

Когда Энн Джуэлл, учительница школы мисс Мартин для девочек, однажды летом в Уэльсе встретила Сиднема Батлера, управляющего герцога Бьюкасла, – это была встреча двух одиноких израненных душ. Энн – мать-одиночка, вынужденная жить в строгом обществе времен Регентства, и Сиднем – страшно искалеченный пытками, когда он шпионил для британцев против сил Бонапарта. Между ними зарождается дружба, а затем и что-то большее, но оба они не считают себя привлекательными друг для друга, поэтому в конце лета их пути расходятся. Только непредвиденный поворот судьбы снова примиряет их и ставит на путь взаимного исцеления и любви.

Аннетт Бродерик , Аннетт Бродрик , Ванда Львовна Василевская , Мэри Бэлоу , Таммара Веббер , Таммара Уэббер

Короткие любовные романы / Современные любовные романы / Проза о войне / Романы / Исторические любовные романы
Адъютанты удачи
Адъютанты удачи

Полина Серова неожиданно для себя стала секретным агентом российского императора! В обществе офицера Алексея Каверина она прибыла в Париж, собираясь выполнить свое первое задание – достать секретные документы, крайне важные для России. Они с Алексеем явились на бал-маскарад в особняк, где спрятана шкатулка с документами, но вместо нее нашли другую, с какими-то старыми письмами… Чтобы не хранить улику, Алексей избавился от ненужной шкатулки, но вскоре выяснилось – в этих письмах указан путь к сокровищам французской короны, которые разыскивает сам король Луи-Филипп! Теперь Полине и Алексею придется искать то, что они так опрометчиво выбросили. А поможет им не кто иной, как самый прославленный сыщик всех времен – Видок!

Валерия Вербинина

Исторический детектив / Исторические любовные романы / Романы