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Néanmoins, ils ne virent aucun signe d’un quelconque ennemi ce jour-là, ni le lendemain. Les heures grises et monotones se succédèrent sans incident. Tout au long de la troisième journée, les terres se transformèrent peu à peu : les arbres se raréfièrent et finirent par disparaître complètement. Sur la berge orientale, à main gauche, ils voyaient de longues pentes informes s’étendre au loin et vers le haut : elles avaient un aspect brunâtre et desséché, comme si un incendie les avait balayées sans épargner le moindre brin d’herbe : une terre hostile et ravagée, sans même un arbre mutilé ou une pierre insolite pour atténuer le sentiment de désolation. Ils étaient parvenu aux Terres Brunes qui s’étendaient, vastes et désolées, entre le sud de Grand’Peur et les collines des Emyn Muil. Quel fléau ou guerre ou forfait de l’Ennemi avait ainsi défiguré toute cette région, même Aragorn ne pouvait le dire.

À l’ouest, sur leur droite, le pays était tout aussi dénué d’arbres, mais il était plat et très souvent vert, car traversé de vastes prairies. De ce côté du Fleuve, ils passaient de grandes forêts de roseaux, si hautes qu’elles cachaient toute la vue à l’ouest, tandis que les petits bateaux longeaient leurs bords frémissants avec un doux clapotis. Leurs panaches flétris et sombres se balançaient dans l’air léger et froid avec un friselis mélancolique. De temps en temps, par des trouées, Frodo avait de soudains aperçus de prés onduleux, et plus loin, de collines éclairées par le couchant ; et à l’horizon, une ligne sombre où s’alignaient les premiers rangs des Montagnes de Brume dans leur marche vers le sud.

Il n’y avait pas le moindre signe ou mouvement d’êtres vivants, hormis les oiseaux. Ceux-ci étaient nombreux, petits volatiles sifflant et pépiant dans les roseaux, mais on les voyait rarement. Une ou deux fois, les voyageurs entendirent le froufrou et le gémissement d’ailes de cygne : levant les yeux, ils virent une grande phalange s’étirer sur le ciel.

« Des cygnes ! s’écria Sam. Et pas mal gros, en plus ! »

« Oui, dit Aragorn, et ce sont des cygnes noirs. »

« Tout ce vaste pays semble si vide et triste ! dit Frodo. J’ai toujours pensé que plus on descendait au sud, plus les terres devenaient chaudes et agréables, jusqu’à ce que l’hiver ne soit plus qu’un souvenir. »

« Mais nous ne sommes pas encore descendus loin au sud, répondit Aragorn. L’hiver est toujours là, et nous sommes loin de la mer. Ici, le monde est froid jusqu’au soudain printemps, et nous pourrions encore avoir de la neige. Loin au midi, dans la baie du Belfalas où se jette l’Anduin, le temps est peut-être agréable, ou il le serait n’était la menace de l’Ennemi. Mais ici, nous ne sommes pas, je suppose, à plus de soixante lieues au-dessous du Quartier Sud de votre Comté, à de longues centaines de milles d’ici. Vous regardez en ce moment au sud-ouest, vers les plaines nord du Riddermark, le Rohan, où vivent les Seigneurs des Chevaux. Nous arriverons avant peu à l’embouchure de la Limeclaire, qui descend de Fangorn pour rejoindre le Grand Fleuve. Elle marque la frontière nord du Rohan ; et jadis, tout ce qui se trouvait entre la Limeclaire et les Montagnes Blanches appartenait aux Rohirrim. C’est une terre généreuse et attrayante, et l’herbe là-bas n’a pas son pareil ; mais en ces jours funestes, les gens ne vivent pas en bordure du Fleuve et n’y viennent pas souvent à cheval. L’Anduin est large, mais les orques peuvent tirer leurs flèches à bonne distance sur la rive opposée ; et dernièrement, à ce que l’on dit, ils ont osé traverser l’eau et piller les troupeaux et les haras du Rohan. »

Sam promenait les yeux d’une rive à l’autre, l’air inquiet. Plus tôt, les arbres lui avaient paru hostiles, abritant peut-être des regards secrets ou des dangers embusqués ; maintenant, il aurait voulu que les arbres reviennent. Il avait le sentiment que la Compagnie était nue, flottant sur de petits bateaux à découvert au milieu de terres sans asile, sur un fleuve qui se trouvait être une frontière de guerre.

Dans les jours qui suivirent, à mesure qu’ils progressaient vers le sud, ce sentiment d’insécurité gagna toute la Compagnie. Pendant une journée entière, ils saisirent leurs pagaies et se dépêchèrent d’aller de l’avant. Les berges défilèrent. Bientôt, le Fleuve s’élargit et se fit moins profond : de longues plages pierreuses s’étendaient à l’est, et des bancs de cailloux apparaissaient sous l’eau qu’ils devaient soigneusement éviter. Les Terres Brunes s’élevèrent en de hautes plaines désertiques où soufflait un froid vent d’est. De l’autre côté, les prés s’étaient changés en coteaux vallonnés et secs, au milieu d’un pays de fagnes et d’herbe drue. Frodo frissonna, songeant aux pelouses et aux fontaines, au soleil clair et aux douces averses de la Lothlórien. Peu de paroles et aucun rire ne montaient des bateaux. Chaque membre de la Compagnie était absorbé dans ses propres réflexions.

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Кирилл Сергеевич Клеванский

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