Читаем Le compte de Monte-Cristo Tome IV полностью

– Merci, mon cher Beauchamp, merci de l’excellente intention qui vous dicte vos paroles, mais cela ne peut être ainsi, je vous ai dit mon désir, et maintenant, s’il le faut, je changerai le mot désir en celui de volonté. Vous comprenez qu’intéressé comme je le suis dans cette affaire, je ne puis voir la chose du même point de vue que vous. Ce qui vous semble venir à vous d’une source céleste me semble venir à moi d’une source moins pure. La Providence me paraît, je vous l’avoue, fort étrangère à tout ceci, et cela heureusement, car au lieu de l’invisible et de l’impalpable messagère des récompenses et punitions célestes, je trouverai un être palpable et visible, sur lequel je me vengerai, oh! oui, je vous le jure, de tout ce que je souffre depuis un mois. Maintenant, je vous le répète, Beauchamp, je tiens à rentrer dans la vie humaine et matérielle, et, si vous êtes encore mon ami comme vous le dites, aidez-moi à retrouver la main qui a porté le coup.

– Alors, soit! dit Beauchamp; et si vous tenez absolument à ce que je descende sur la terre je le ferai; si vous tenez à vous mettre à la recherche d’un ennemi, je m’y mettrai avec vous. Et je le trouverai, car mon honneur est presque aussi intéressé que le vôtre à ce que nous le retrouvions.

– Eh bien, alors, Beauchamp, vous comprenez, à l’instant même, sans retard, commençons nos investigations. Chaque minute de retard est une éternité pour moi; le dénonciateur n’est pas encore puni, il peut donc espérer qu’il ne le sera pas; et, sur mon honneur, s’il l’espère, il se trompe!

– Eh bien, écoutez-moi, Morcerf.

– Ah! Beauchamp, je vois que vous savez quelque chose; tenez, vous me rendez la vie!

– Je ne dis pas que ce soit réalité, Albert, mais c’est au moins une lumière dans la nuit: en suivant cette lumière, peut-être nous conduira-t-elle au but.

– Dites! vous voyez bien que je bous d’impatience.

– Eh bien, je vais vous raconter ce que je n’ai pas voulu vous dire en revenant de Janina.

– Parlez.

– Voilà ce qui s’est passé, Albert; j’ai été tout naturellement chez le premier banquier de la ville pour prendre des informations; au premier mot que j’ai dit de l’affaire, avant même que le nom de votre père eût été prononcé:

«- Ah! dit-il, très bien, je devine ce qui vous amène.

«- Comment cela, et pourquoi?

«- Parce qu’il y a quinze jours à peine j’ai été interrogé sur le même sujet.

«- Par qui?

«- Par un banquier de Paris, mon correspondant.

«- Que vous nommez?

«- M. Danglars.»

– Lui! s’écria Albert; en effet, c’est bien lui qui depuis si longtemps poursuit mon pauvre père de sa haine jalouse; lui, l’homme prétendu populaire, qui ne peut pardonner au comte de Morcerf d’être pair de France. Et, tenez, cette rupture de mariage sans raison donnée; oui, c’est bien cela.

– Informez-vous, Albert (mais ne vous emportez pas d’avance), informez-vous, vous dis-je, et si la chose est vraie…

– Oh! oui, si la chose est vraie! s’écria le jeune homme, il me paiera tout ce que j’ai souffert.

– Prenez garde, Morcerf, c’est un homme déjà vieux.

– J’aurai égard à son âge comme il a eu égard à l’honneur de ma famille; s’il en voulait à mon père, que ne frappait-il mon père? Oh! non, il a eu peur de se trouver en face d’un homme!

– Albert, je ne vous condamne pas, je ne fais que vous retenir; Albert, agissez prudemment.

– Oh! n’ayez pas peur; d’ailleurs, vous m’accompagnerez, Beauchamp, les choses solennelles doivent être traitées devant témoin. Avant la fin de cette journée, si M. Danglars est le coupable, M. Danglars aura cessé de vivre ou je serai mort. Pardieu, Beauchamp, je veux faire de belles funérailles à mon honneur!

– Eh bien, alors, quand de pareilles résolutions sont prises, Albert, il faut les mettre à exécution à l’instant même. Vous voulez aller chez M. Danglars? partons.»

On envoya chercher un cabriolet de place. En entrant dans l’hôtel du banquier, on aperçut le phaéton et le domestique de M. Andrea Cavalcanti à la porte.

«Ah! parbleu! voilà qui va bien, dit Albert avec une voix sombre. Si M. Danglars ne veut pas se battre avec moi, je lui tuerai son gendre. Cela doit se battre, un Cavalcanti.»

On annonça le jeune homme au banquier, qui, au nom d’Albert, sachant ce qui s’était passé la veille, fit défendre sa porte. Mais il était trop tard, il avait suivi le laquais; il entendit l’ordre donné, força la porte et pénétra, suivi de Beauchamp, jusque dans le cabinet du banquier.

«Mais, monsieur! s’écria celui-ci, n’est-on plus maître de recevoir chez soi qui l’on veut, ou qui l’on ne veut pas? Il me semble que vous vous oubliez étrangement.

– Non, monsieur, dit froidement Albert, il y a des circonstances, et vous êtes dans une de celles-là, où il faut, sauf lâcheté, je vous offre ce refuge, être chez soi pour certaines personnes du moins.

– Alors, que me voulez-vous donc, monsieur?

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