Читаем Le compte de Monte-Cristo Tome IV полностью

– Prenez garde; un conseil, c’est pis qu’un service.


– Oh! celui-ci, vous pouvez me le donner sans vous compromettre.


– Dites.


– La dot de ma femme est de cinq cent mille livres.


– C’est le chiffre que M. Danglars m’a annoncé à moi-même.


– Faut-il que je la reçoive ou que je la laisse aux mains du notaire?


– Voici, en général, comment les choses se passent quand on veut qu’elles se passent galamment: vos deux notaires prennent rendez-vous au contrat pour le lendemain ou le surlendemain; le lendemain ou le surlendemain, ils échangent les deux dots, dont ils se donnent mutuellement reçu, puis, le mariage célébré, ils mettent les millions à votre disposition, comme chef de la communauté.


– C’est que, dit Andrea avec une certaine inquiétude mal dissimulée, je croyais avoir entendu dire à mon beau-père qu’il avait l’intention de placer nos fonds dans cette fameuse affaire de chemin de fer dont vous me parliez tout à l’heure.


– Eh bien, mais, reprit Monte-Cristo, c’est, à ce que tout le monde assure, un moyen que vos capitaux soient triplés dans l’année. M. le baron Danglars est bon père et sait compter.


– Allons donc, dit Andrea, tout va bien, sans votre refus, toutefois, qui me perce le cœur.


– Ne l’attribuez qu’à des scrupules fort naturels en pareille circonstance.


– Allons dit Andrea, qu’il soit donc fait comme vous le voulez; à ce soir, neuf heures.


– À ce soir.»


Et malgré une légère résistance de Monte-Cristo, dont les lèvres pâlirent, mais qui cependant conserva son sourire de cérémonie, Andrea saisit la main du comte, la serra, sauta dans son phaéton et disparut.


Les quatre ou cinq heures qui lui restaient jusqu’à neuf heures, Andrea les employa en courses, en visites destinées à intéresser ces amis dont il avait parlé, à paraître chez le banquier avec tout le luxe de leurs équipages, les éblouissant par ces promesses d’actions qui, depuis, ont fait tourner toutes les têtes, et dont Danglars, en ce moment-là, avait l’initiative.


En effet, à huit heures et demie du soir, le grand salon de Danglars, la galerie attenante à ce salon et les trois autres salons de l’étage étaient pleins d’une foule parfumée qu’attirait fort peu la sympathie, mais beaucoup cet irrésistible besoin d’être là où l’on sait qu’il y a du nouveau.


Un académicien dirait que les soirées du monde sont des collections de fleurs qui attirent papillons inconstants, abeilles affamées et frelons bourdonnants.


Il va sans dire que les salons étaient resplendissants de bougies, la lumière roulait à flots des moulures d’or sur les tentures de soie, et tout le mauvais goût de cet ameublement, qui n’avait pour lui que la richesse, resplendissait de tout son éclat.


Mlle Eugénie était vêtue avec la simplicité la plus élégante: une robe de soie blanche brochée de blanc, une rose blanche à moitié perdue dans ses cheveux d’un noir de jais, composaient toute sa parure que ne venait pas enrichir le plus petit bijou.


Seulement on pouvait lire dans ses yeux cette assurance parfaite destinée à démentir ce que cette candide toilette avait de vulgairement virginal à ses propres yeux.


Mme Danglars, à trente pas d’elle, causait avec Debray, Beauchamp et Château-Renaud. Debray avait fait sa rentrée dans cette maison pour cette grande solennité, mais comme tout le monde et sans aucun privilège particulier.


M. Danglars, entouré de députés, d’hommes de finance, expliquait une théorie de contributions nouvelles qu’il comptait mettre en exercice quand la force des choses aurait contraint le gouvernement à l’appeler au ministère.


Andrea, tenant sous son bras un des plus fringants dandys de l’Opéra, lui expliquait assez impertinemment, attendu qu’il avait besoin d’être hardi pour paraître à l’aise, ses projets de vie à venir, et les progrès de luxe qu’il comptait faire faire avec ses cent soixante-quinze mille livres de rente à la fashion parisienne.


La foule générale roulait dans ces salons comme un flux et un reflux de turquoises, de rubis, d’émeraudes d’opales et de diamants.


Comme partout, on remarquait que c’étaient les plus vieilles femmes qui étaient les plus parées, et les plus laides qui se montraient avec le plus d’obstination.


S’il y avait quelque beau lis blanc, quelque rose suave et parfumée, il fallait la chercher et la découvrir cachée dans quelque coin par une mère à turban, ou par une tante à oiseau de paradis.


À chaque instant, au milieu de cette cohue, de ce bourdonnement, de ces rires, la voix des huissiers lançait un nom connu dans les finances, respecté dans l’armée ou illustre dans les lettres, alors un faible mouvement des groupes accueillait ce nom.


Mais pour un qui avait le privilège de faire frémir cet océan de vagues humaines, combien passaient accueillis par l’indifférence ou le ricanement du dédain!


Перейти на страницу:

Похожие книги