Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

– Écoutez, je vous ai regardé hier pendant toute cette scène de provocation, j’ai pensé à votre assurance toute cette nuit, et je me suis dit que la justice devait être pour vous, ou qu’il n’y avait plus aucun fond à faire sur le visage des hommes.

– Cependant, Morrel, Albert est votre ami.

– Une simple connaissance, comte.

– Vous l’avez vu pour la première fois le jour même que vous m’avez vu?

– Oui, c’est vrai; que voulez-vous? il faut que vous me le rappeliez pour que je m’en souvienne.

– Merci, Morrel.»

Puis, frappant un coup sur le timbre:

«Tiens, dit-il à Ali qui apparut aussitôt, fais porter cela chez mon notaire. C’est mon testament, Morrel. Moi mort, vous irez en prendre connaissance.

– Comment! s’écria Morrel, vous mort?

– Eh! ne faut-il pas tout prévoir, cher ami? Mais qu’avez-vous fait hier après m’avoir quitté?

– J’ai été chez Tortoni, où, comme je m’y attendais, j’ai trouvé Beauchamp et Château-Renaud. Je vous avoue que je les cherchais.

– Pour quoi faire, puisque tout cela était convenu?

– Écoutez, comte, l’affaire est grave, inévitable.

– En doutiez-vous?

– Non. L’offense a été publique, et chacun en parlait déjà.

– Eh bien?

– Eh bien, j’espérais faire changer les armes, substituer l’épée au pistolet. Le pistolet est aveugle.

– Avez-vous réussi? demanda vivement Monte-Cristo avec une imperceptible lueur d’espoir.

– Non, car on connaît votre force à l’épée.

– Bah! qui m’a donc trahi?

– Les maîtres d’armes que vous avez battus.

– Et vous avez échoué?

– Ils ont refusé positivement.

– Morrel, dit le comte, m’avez-vous jamais vu tirer le pistolet?

– Jamais.

– Eh bien, nous avons le temps, regardez.»

Monte-Cristo prit les pistolets qu’il tenait quand Mercédès était entrée, et collant un as de trèfle contre la plaque, en quatre coups il enleva successivement les quatre branches du trèfle.

À chaque coup Morrel pâlissait.

Il examina les balles avec lesquelles Monte-Cristo exécutait ce tour de force, et il vit qu’elles n’étaient pas plus grosses que des chevrotines.

«C’est effrayant, dit-il; voyez donc, Emmanuel!»

Puis, se retournant vers Monte-Cristo:

«Comte, dit-il, au nom du Ciel, ne tuez pas Albert! le malheureux a une mère!

– C’est juste, dit Monte-Cristo, et, moi, je n’en ai pas.»

Ces mots furent prononcés avec un ton qui fit frissonner Morrel.

«Vous êtes l’offensé, comte.

– Sans doute; qu’est-ce que cela veut dire?

– Cela veut dire que vous tirez le premier.

– Je tire le premier?

– Oh! cela, je l’ai obtenu ou plutôt exigé; nous leur faisons assez de concessions pour qu’ils nous fissent celles-là.

– Et à combien de pas?

– À vingt.»

Un effrayant sourire passa sur les lèvres du comte.

«Morrel, dit-il, n’oubliez pas ce que vous venez de voir.

– Aussi, dit le jeune homme, je ne compte que sur votre émotion pour sauver Albert.

– Moi, ému? dit Monte-Cristo.

– Ou sur votre générosité, mon ami; sûr de votre coup comme vous l’êtes, je puis vous dire une chose qui serait ridicule si je la disais à un autre.

– Laquelle?

– Cassez-lui un bras, blessez-le, mais ne le tuez pas.

– Morrel, écoutez encore ceci, dit le comte, je n’ai pas besoin d’être encouragé à ménager M. de Morcerf; M. de Morcerf, je vous l’annonce d’avance, sera si bien ménagé qu’il reviendra tranquillement avec ses deux amis tandis que moi…

– Eh bien, vous?

– Oh! c’est autre chose, on me rapportera, moi.

– Allons donc! s’écria Maximilien hors de lui.

– C’est comme je vous l’annonce, mon cher Morrel, M. de Morcerf me tuera.»

Morrel regarda le comte en homme qui ne comprend plus.

«Que vous est-il donc arrivé depuis hier soir, comte?

– Ce qui est arrivé à Brutus la veille de la bataille de Philippes: J’ai vu un fantôme.

– Et ce fantôme?

– Ce fantôme, Morrel, m’a dit que j’avais assez vécu.»

Maximilien et Emmanuel se regardèrent; Monte-Cristo tira sa montre.

«Partons, dit-il, il est sept heures cinq minutes, et le rendez-vous est pour huit heures juste.»

Une voiture attendait toute attelée; Monte-Cristo y monta avec ses deux témoins.

En traversant le corridor, Monte-Cristo s’était arrêté pour écouter devant une porte, et Maximilien et Emmanuel, qui, par discrétion, avaient fait quelques pas en avant, crurent entendre répondre à un sanglot par un soupir.

À huit heures sonnantes on était au rendez-vous.

«Nous voici arrivés, dit Morrel en passant la tête par la portière, et nous sommes les premiers.

– Monsieur m’excusera, dit Baptistin qui avait suivi son maître avec une terreur indicible, mais je crois apercevoir là-bas une voiture sous les arbres.

– En effet, dit Emmanuel, j’aperçois deux jeunes gens qui se promènent et semblent attendre.»

Monte-Cristo sauta légèrement en bas de sa calèche et donna la main à Emmanuel et à Maximilien pour les aider à descendre.

Maximilien retint la main du comte entre les siennes.

«À la bonne heure, dit-il, voici une main comme j’aime la voir à un homme dont la vie repose dans la bonté de sa cause.»

Monte-Cristo tira Morrel, non pas à part, mais d’un pas ou deux en arrière de son beau-frère.

«Maximilien, lui demanda-t-il, avez-vous le cœur libre?»

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