Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

Puis il enleva de son châssis de chêne le portrait de sa mère, qu’il roula, laissant vide et noir le cadre d’or qui l’entourait.

Puis il mit en ordre ses belles armes turques, ses beaux fusils anglais, ses porcelaines japonaises, ses coupes montées, ses bronzes artistiques, signés Feuchères ou Barye, visita les armoires et plaça les clefs à chacune d’elles; jeta dans un tiroir de son secrétaire qu’il laissa ouvert, tout l’argent de poche qu’il avait sur lui, y joignit les mille bijoux de fantaisie qui peuplaient ses coupes, ses écrins, ses étagères; fit un inventaire exact et précis de tout, et plaça cet inventaire à l’endroit le plus apparent d’une table, après avoir débarrassé cette table des livres et des papiers qui l’encombraient.

Au commencement de ce travail, son domestique malgré l’ordre que lui avait donné Albert de le laisser seul, était entré dans sa chambre.

«Que voulez-vous? lui demanda Morcerf d’un accent plus triste que courroucé.

– Pardon, monsieur, dit le valet de chambre, monsieur m’avait bien défendu de le déranger, c’est vrai, mais M. le comte de Morcerf m’a fait appeler.

– Eh bien? demanda Albert.

– Je n’ai pas voulu me rendre chez M. le comte sans prendre les ordres de monsieur.

– Pourquoi cela?

– Parce que M. le comte sait sans doute que j’ai accompagné monsieur sur le terrain.

– C’est probable, dit Albert.

– Et s’il me fait demander, c’est sans doute pour m’interroger sur ce qui s’est passé là-bas. Que dois-je répondre?

– La vérité.

– Alors je dirai que la rencontre n’a pas eu lieu!

– Vous direz que j’ai fait des excuses à M. le comte de Monte-Cristo, allez.»

Le valet s’inclina et sortit.

Albert s’était alors remis à son inventaire.

Comme il terminait ce travail, le bruit de chevaux piétinant dans la cour et des roues d’une voiture ébranlant les vitres attira son attention, il s’approcha de la fenêtre, et vit son père monter dans sa calèche et partir.

À peine la porte de l’hôtel fut-elle refermée derrière le comte, qu’Albert se dirigea vers l’appartement de sa mère, et comme personne n’était là pour l’annoncer, il pénétra jusqu’à la chambre de Mercédès, et, le cœur gonflé de ce qu’il voyait et de ce qu’il devinait, il s’arrêta sur le seuil.

Comme si la même âme eût animé ces deux corps, Mercédès faisait chez elle ce qu’Albert venait de faire chez lui. Tout était mis en ordre: les dentelles, les parures, les bijoux, le linge, l’argent, allaient se ranger au fond des tiroirs, dont la comtesse assemblait soigneusement les clefs.

Albert vit tous ces préparatifs; il les comprit, et s’écriant: «Ma mère!» il alla jeter ses bras au cou de Mercédès.

Le peintre qui eût pu rendre l’expression de ces deux figures eût fait certes un beau tableau.

En effet, tout cet appareil d’une résolution énergique qui n’avait point fait peur à Albert pour lui-même l’effrayait pour sa mère.

«Que faites-vous donc? demanda-t-il.

– Que faisiez-vous? répondit-elle.

– Ô ma mère! s’écria Albert, ému au point de ne pouvoir parler, il n’est point de vous comme de moi! Non, vous ne pouvez pas avoir résolu ce que j’ai décidé, car je viens vous prévenir que je dis adieu à votre maison, et… et à vous.

– Moi aussi, Albert, répondit Mercédès; moi aussi, je pars. J’avais compté, je l’avoue, que mon fils m’accompagnerait; me suis-je trompée?

– Ma mère, dit Albert avec fermeté, je ne puis vous faire partager le sort que je me destine: il faut que je vive désormais sans nom et sans fortune; il faut, pour commencer l’apprentissage de cette rude existence, que j’emprunte à un ami le pain que je mangerai d’ici au moment où j’en gagnerai d’autre. Ainsi, ma bonne mère, je vais de ce pas chez Franz le prier de me prêter la petite somme que j’ai calculé m’être nécessaire.

– Toi, mon pauvre enfant! s’écria Mercédès; toi souffrir de la misère, souffrir de la faim! Oh! ne dis pas cela, tu briseras toutes mes résolutions.

– Mais non pas les miennes, ma mère, répondit Albert. Je suis jeune, je suis fort, je crois que je suis brave, et depuis hier j’ai appris ce que peut la volonté. Hélas! ma mère, il y a des gens qui ont tant souffert, et qui non seulement ne sont pas morts mais qui encore ont édifié une nouvelle fortune sur la ruine de toutes les promesses de bonheur que le ciel leur avait faites, sur les débris de toutes les espérances que Dieu leur avait données! J’ai appris cela, ma mère, j’ai vu ces hommes; je sais que du fond de l’abîme où les avait plongés leur ennemi, ils se sont relevés avec tant de vigueur et de gloire, qu’ils ont dominé leur ancien vainqueur et l’ont précipité à son tour. Non, ma mère, non; j’ai rompu, à partir d’aujourd’hui, avec le passé, et je n’en accepte plus rien, pas même mon nom, parce que, vous le comprenez, vous, n’est-ce pas, ma mère? votre fils ne peut porter le nom d’un homme qui doit rougir devant un autre homme!

Перейти на страницу:

Похожие книги

Шедевры юмора. 100 лучших юмористических историй
Шедевры юмора. 100 лучших юмористических историй

«Шедевры юмора. 100 лучших юмористических историй» — это очень веселая книга, содержащая цвет зарубежной и отечественной юмористической прозы 19–21 века.Тут есть замечательные произведения, созданные такими «королями смеха» как Аркадий Аверченко, Саша Черный, Влас Дорошевич, Антон Чехов, Илья Ильф, Джером Клапка Джером, О. Генри и др.◦Не менее веселыми и задорными, нежели у классиков, являются включенные в книгу рассказы современных авторов — Михаила Блехмана и Семена Каминского. Также в сборник вошли смешные истории от «серьезных» писателей, к примеру Федора Достоевского и Леонида Андреева, чьи юмористические произведения остались практически неизвестны современному читателю.Тематика книги очень разнообразна: она включает массу комических случаев, приключившихся с деятелями культуры и журналистами, детишками и барышнями, бандитами, военными и бизнесменами, а также с простыми скромными обывателями. Читатель вволю посмеется над потешными инструкциями и советами, обучающими его искусству рекламы, пения и воспитанию подрастающего поколения.

Вацлав Вацлавович Воровский , Всеволод Михайлович Гаршин , Ефим Давидович Зозуля , Михаил Блехман , Михаил Евграфович Салтыков-Щедрин

Проза / Классическая проза / Юмор / Юмористическая проза / Прочий юмор