Читаем Le Grec полностью

— Vous m'avez parfaitement entendu! Où est-elle?

— Aurélien… Laissez-nous je vous prie… »

Le valet s'esquiva, à regret. A défaut de voir le spectacle, il en serait réduit à en capter les échos en collant son oreille aux portes.

« Olympe!… cria Socrate.

— Mais voyons vous êtes fou!… Vous êtes chez moi!…

— Olympe! Où êtes-vous?

— Elle n'est pas là!… Elle n'est pas là!… s'interposa Mimi d'une voix qui avait grimpé de plusieurs tons entre la première et la dernière syllabe.

— Bon! Puisque vous ne voulez pas le dire, j'irai la chercher tout seul! »

Le Grec gravit trois marches. Mimi, bras tendus, lui barra le passage :

« Calmez-vous voyons!… Calmez-vous!… Allons par là, venez! Mon bureau…

— Je me fous de votre bureau! Je veux votre femme!

— Voilà, nous y sommes… Je vous sers un verre… Enfin, ce n'est pas possible, expliquez-vous! Asseyez-vous!… »

S.S. faillit lui répondre, entrer dans son jeu : temps perdu! Il tourna les talons, sortit du bureau et se propulsa au premier étage, ouvrant les portes à la volée…

« Olympe!… »

Médusé, Mimi le suivait deux mètres en arrière :

« Enfin!… Vous ne pouvez pas!… Vous n'avez pas le droit!… Vous n'avez pas votre bon sens!

— Olympe!… Olympe!… »

Il la trouva dans sa chambre. Depuis le début, la Menelas avait entendu ce qui se passait. Plutôt que se montrer ou prendre parti, elle s'était recroquevillée dans un coin, rendue à son éternelle condition, retrouvant les réflexes primitifs de la femelle que se disputent deux mâles. Elle osa à peine lever les yeux sur le Grec. Il lui dit très doucement :

« Olympe, je viens vous chercher pour vous épouser. Si vous ne me suivez pas maintenant, je reviendrai demain, et après-demain, et tous les jours de ma vie jusqu'à ce que je vous emmène. Je vous attends en bas.

— Il est fou!… gémit Mimi… Il est fou!

— Vous, foutez-moi la paix! Si vous vous croyez capable d'intervenir, allez-y! Défendez-vous! Défendez-la!… Empêchez-moi! »

Il dévala l'escalier sans même lui prêter attention. Emilio éclata :

« J'appelle la police!… Je ne permettrai pas!… Ça va vous coûter cher!

— J'espère bien. Une femme pareille ne coûte jamais assez cher. Vous auriez dû le comprendre avant. »

On entendit la voix mélodieuse de la Menelas :

« Aurélien!… »

La livrée se précipita, sans un regard pour les deux hommes. Mimi ricana :

« Vous ne pensez tout de même pas qu'elle va vous suivre! »

Le Grec resta de marbre.

« Vous êtes un aventurier, monsieur! Même pas, vous êtes un salaud! Et ma femme pense la même chose de vous! »

Aurélien fit un second passage. Il portait sous le bras deux grosses valises. Mimi s'étrangla :

« Aurélien! Où allez-vous?…

— C'est Madame, monsieur… répondit-il avec un air lugubre et fataliste.

— Ah! c'est trop fort!… C'est trop fort! »

En effet, cela devait l'être : Mimi abandonna le champ de bataille et entra dans son bureau dont il claqua violemment la porte. La Menelas apparut en haut de l'escalier. Elle en descendit lentement les marches, caressant de la main, comme pour un adieu définitif, la rampe d'acajou poli. Arrivée devant le Grec, elle le regarda longuement, droit dans les yeux, sans ciller.

« Je suis prête.

— Voulez-vous le revoir? »

Elle secoua la tête :

« Je suis prête. »

Socrate lui prit la main, l'étreignit en silence et l'entraîna sur le perron. Au bout de l'allée, la Bentley, les routes, la mer, le ciel et les nuages.


L'orchestre jouait en sourdine sur le Pégase ancré à deux milles au large de la baie de Tahiti. Les mets avaient défilé sur la table sans que Socrate ou Olympe n'y touchent. Ils ne parlaient pas, ne bougeaient pas, ne se touchaient pas. Seulement, par-dessus la lueur tremblotante des chandelles, leurs yeux s'interrogeaient. Pour une fois, le Grec n'était pas pressé de posséder ce qu'il était en droit de considérer comme sien. Il avait le temps… Il avait installé la Menelas dans sa cabine dont il avait fait sortir ses propres affaires. L'après-midi et le crépuscule s'étaient écoulés doucement, sans fièvre…

« Votre piano restera toujours dans votre appartement. Vous n'avez rien mangé… Voulez-vous boire?

— Non. Vous avez bu pour moi.

— C'est vrai. Je bois depuis quarante-huit heures. Quand je ne dors pas, je bois.

— Pas couché du tout?

— Non…

— Fatigué?

— Non. Je flotte. Une sensation merveilleuse. Et vous?

— Je flotte aussi. C'est bon.

— J'aimerais vous emmener marcher sur le sable. Voulez-vous?

— Oui. »

Une minute plus tard, le moteur du hors-bord ronflait. A l'avant, une bâche recouvrait quelque chose de volumineux. Quand le canot s'échoua sur la plage, le Grec chuchota une phrase à l'oreille de Stavenos. Il aida la Menelas à descendre. Elle quitta ses chaussures et fit quelques pas. S.S. la rattrapa. Le canot repartit vers le large, rendant la nuit à son silence. Très loin devant eux, il y avait des lumières semblant clignoter sous l'effet de la distance. Socrate leva la tête et regarda le ciel :

« Vous connaissez le nom des étoiles?

— Oui.

— C'est quoi, ça, là-haut, à gauche?

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