En examinant le foulard de plus près, elle poussa un petit cri en voyant qu'il y avait quelque chose d'écrit au stylo noir le long de l'ourlet. On pouvait lire « HILDE ».
Hilde ! Mais qui était donc cette Hilde ? Comment se fai- sait-il que leurs chemins se croisent de cette façon?
Socrate
Sophie enfila une robe d'été et se précipita vers la cuisine. Sa mère lui tournait le dos, tout occupée à préparer le repas. Sophie décida de ne pas mentionner le foulard de soie.
Tu es descendue prendre le journal ? ne put s'empêcher de demander Sophie.
Sa mère se retourna.
Non, mais sois gentille et va me le chercher.
Sophie descendit l'allée en courant et regarda dans la boîte aux lettres verte.
Il n'y avait que le journal. C'était trop tôt pour recevoir une réponse. Mais sur la première page du journal, quelques lignes à propos du contingent norvégien des Nations unies lui sautèrent aux yeux.
Le contingent norvégien des Nations unies... N'était-ce pas ce qui était marqué sur le cachet de la carte venant du père de Hilde ? Mais les timbres étaient norvégiens. Peut-être que les soldats norvégiens des Nations unies avaient leur propre poste norvégienne...
Quand elle revint dans la cuisine, sa mère lui lança sur un ton moqueur :
C'est fou comme tu t'intéresses au journal maintenant !
Heureusement, elle ne mentionna ni la boîte aux lettres ni
le courrier pendant le petit déjeuner et plus tard dans la jour née non plus, Dès que sa mère fut partie faire les courses, Sophie emporta la lettre sur la croyance au destin avec elle dans sa cabane.
Elle eut un coup au cœur quand ses yeux tombèrent sur une petite enveloppe blanche posée à côté de la boîte qui conte nait les lettres du professeur de philosophie. Sophie savait que ce n'était pas elle qui l'avait posée là.
Les coins de cette enveloppe-là aussi étaient humides. Et le papier portait des marques profondes comme sur l'enve loppe de la veille.
Le philosophe était donc venujusqu'ici? Il connaissait son secret? Mais pourquoi les enveloppes étaient-elles un peu mouillées ?
Toutes ces questions lui donnèrent le vertige. Elle ouvrit l'enveloppe et lut la lettre suivante :
Dans les quatorze années de sa courte vie, Sophie avait reçu malgré tout de nombreuses lettres : à Noël, pour son anniversaire ou certaines occasions particulières. Mais une lettre comme celle-ci était vraiment unique en son genre.
Elle ne portait même pas de timbre. N'avait même pas été postée. Elle avait été directement déposée dans sa cachette dans la vieille haie. Un autre mystère était qu'elle était humide par temps sec.