Quand
Platon place des propos dans la bouche de Socrate, nous n'avons aucun moyen de savoir si Socrate a réellement tenu ces propos. Aussi est-il difficile de distinguer l'enseigne ment de Socrate des paroles de Platon lui-même. Ce problème se pose chaque fois que l'on ne possède aucune trace écrite de la personne historique, ce qui arrive plus fréquemment qu'on ne croit. L'exemple le plus célèbre est évidemment celui de Jésus.Comment
être sûr que le « Jésus historique » a effectivement prononcé les paroles que Matthieu ou Luc lui prêtent? Nous nous retrouvons dans le cas du « Socrate historique » face à une énigme de ce genre.Mais
, au fond, savoir qui était réellement Socrate n'est pas si important que cela. C'est avant tout l'image de Socrate trans mise par Platon qui a inspiré les penseurs occidentaux pendant deux mille cinq cents ans.L
'art du dialogueLe
secret de l'efficacité chez Socrate réside en ce qu'il ne cherchait pas à enseigner aux gens. Il donnait au contraire l'impression qu'il voulait apprendre de la personne avec qui il s'entretenait. Il ne faisait pas un cours comme un vulgaire pro fesseur. Au contraire, ilCertes
, il n'aurait jamais été un philosophe célèbre s'il s'était uniquement contente d'écouter les autres. Mais il n'aurait pas été condamné à mort non plus. En réalité, il posait surtout des questions au début. De cette façon, ilOn
raconte que la mère de Socrate était sage-femme et qu'il comparait sa pratique philosophique à laJe
tiens à préciser : mettre un enfant au monde est quelque chose de naturel. De la même manière, tous les hommes peu vent accéder aux vérités philosophiques, s'ils consentent à se servir de leur raison. Quand un homme se met à raisonner, il puise en lui-même les réponses.En
faisant celui qui ne sait rien, Socrate obligeait précisé ment les gens à réfléchir. Socrate savait faire l'ignorant ou dumoins
passer pour plus bête qu'il n'était et c'est ce qu'on appelle « l'ironie de Socrate ». Il restait ainsi en mesure de déceler les faiblesses dans les raisonnements des Athéniens. Une telle scène se produisait souvent au beau milieu du marché, c'est-à-dire en public. Rencontrer Socrate, c'était courir le risque d'être tourné en ridicule et devenir la risée de la foule.