Читаем Le passager полностью

— Qu’est-ce que tu crois ? Les communications sont surveillées ici. Mes gars sont allés à son appart. On y était déjà passé. Pas plus tard que ce matin, d’après la concierge. Le signalement correspond à ton tocard. On cherche donc la même chose, lui et nous.

— Quoi ?

— Peut-être ça.

Solinas plaça sur la table une chemise qu’Anaïs identifia au premier coup d’œil. Un rapport d’enquête classé sans suite. Elle ouvrit la première page et tomba sur des photos atroces. Une noyée, corps nu, visage fracassé, mâchoires arrachées, phalanges coupées.

— Ce cadavre pourrait correspondre à notre fille. Tu remarques les mutilations ? Je te fais pas un dessin.

— Pourquoi ça serait Medina ?

— Parce qu’on l’a repêchée dans la Seine le 7 septembre. La taille, la couleur des cheveux et des yeux correspondent. C’est peu, mais d’après mes hommes, son appart est celui d’une morte. Et d’après nos sources, elle a disparu à la fin du mois d’août. On a vérifié le fichier des corps non identifiés depuis cette date. Voilà ce qui est sorti. Pour moi, c’est elle.

Anaïs se força à détailler la dépouille. Les mutilations et les corruptions de l’eau s’étaient associées pour la défigurer. L’énorme tuméfaction qui lui tenait lieu de visage, imbibée comme une éponge, portait des traces de morsures de poissons, ainsi que des perforations creusées par des vers. Les orbites oculaires, enflées, ressemblaient à deux bubons. La bouche n’était qu’une plaie béante.

Le ventre et les membres étaient également gonflés par l’immersion. Taches cadavériques, plaies et hématomes se partageaient le terrain pour donner l’impression d’une peau de léopard, hésitant entre le jaune et le bleu violacé. Le cadavre semblait prêt à exploser, ou au contraire à s’affaisser comme un soufflé.

— Quelle est la cause du décès ?

— Pas la flotte en tout cas. On l’a balancée alors qu’elle était déjà morte. Selon le légiste, elle est restée environ une semaine dans l’eau. Le corps a été traîné par le courant et s’est pris pas mal de chocs. Impossible de dire ce qui lui a été infligé avant ou après la mort. Une chose est sûre : l’ablation des mâchoires et des phalanges visait à ralentir son identification.

— Aucun lien avec nos meurtres ? Je parle du modus operandi.

— A priori, non. Pas la moindre trace de rituel. Pas d’héroïne dans le sang. Mais on l’a découverte très tard.

— Elle n’avait pas de blessure au nez ?

Solinas parut surpris. Il n’était pas au courant de la mutilation post mortem de Patrick Bonfils. Autant ne pas insister.

— Selon le toubib, le visage a été détruit à coups de masse.

— Vous êtes remontés à ses clients ?

— L’enquête ne fait que commencer. Et franchement, six mois plus tard, on a peu de chances de pécho quoi que ce soit.

— Dans son appartement ?

— Ratissé, je te le répète. Notamment par ton connard. Et peut-être par d’autres. À mon avis, il n’y avait rien à trouver. La fille protégeait ses arrières.

Anaïs referma le dossier.

— Ton idée, c’est quoi ?

— Un client cinglé qui savait vraiment ce qu’il faisait. Ou des pros qui ont agi sur ordre.

— Sur ordre de qui ? Pour quelle raison ?

Solinas eut un geste vague. Il tripotait toujours son alliance.

— La pute qui en savait trop, c’est un classique. Les RG ont toujours utilisé les call-girls comme sources de renseignements.

Une piste possible. Mais Anaïs était certaine que les auteurs du crime appartenaient à Mêtis, ou à ses partenaires militaires. Les mêmes qui avaient éliminé Bonfils et sa femme. Qui avaient prélevé l’implant à l’IML de Rangueil. Qui avaient torturé Jean-Pierre Corto. Medina Malaoui était-elle au courant des expériences du groupe ? Si oui, pourquoi ? Quel pouvait être le lien entre une escort et les essais cliniques d’une molécule ?

— Il y a une autre hypothèse, continua le flic.

D’un regard, elle l’interrogea.

— C’est ton chéri qu’a fait le coup.

— Impossible.

— On le soupçonne d’avoir refroidi des clodos. Pourquoi pas une bimbo ?

Elle frappa la table du plat de la main :

— Tout ça est un tissu de mensonges !

Solinas sourit. Le sourire sadique du tortionnaire qui appuie sur une plaie. Anaïs sentit son menton trembler. Elle serra les poings. Pas question de pleurer. Surtout pas devant ce salopard. L’adrénaline de la colère était son dernier carburant.

— Il t’a dit ce qu’il cherche au juste ?

— Non.

— Où il se planque ?

— À ton avis ?

Le flic joua des épaules dans sa veste mal coupée :

— Il t’a donné un numéro ? Un contact ?

— Bien sûr que non.

— Comment t’as pu lui filer les renseignements sur Malaoui ?

Elle se mordit la lèvre inférieure.

— Laisse tomber. Je dirai rien.

La défense était faible. Elle se rendit compte qu’elle n’avait pas plus d’imagination que les voyous qui se succédaient dans son bureau, rue François-de-Sourdis, à Bordeaux. Solinas se massait la nuque comme s’il se contrefoutait de sa réponse.

— Ça me concerne plus de toute façon, confirma-t-il. La Brigade des fugitifs a été saisie.

Il stoppa son massage et agrippa le rebord de la table des deux mains :

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