« Non, cousine ! ce ne sont pas des garçons, dit Ioreth à sa parente d’Imloth Melui qui se tenait à côté d’elle. Ce sont des
Mais Ioreth ne put continuer d’instruire sa parente de la campagne, car une unique trompette sonna, appelant un silence complet. De la Porte s’avança alors Faramir avec Húrin des Clefs, et nuls autres, hors quatre hommes qui marchaient à leur suite et portaient l’armure et la haute coiffure de la Citadelle, ainsi qu’un grand coffret de
Faramir rencontra Aragorn au milieu des gens assemblés là, et il ploya le genou et dit : « Le dernier Intendant du Gondor sollicite la permission d’abdiquer sa charge. » Et il tendit un bâton blanc ; mais Aragorn le prit et le lui redonna, disant : « Cette charge n’est pas expirée, et elle sera tienne et celle de tes héritiers tant que ma lignée durera. Remplis maintenant ton office ! »
Alors, Faramir se releva et parla d’une voix claire : « Hommes du Gondor, entendez maintenant l’Intendant du Royaume ! Voyez ! un homme est venu enfin revendiquer de nouveau la royauté. Voici Aragorn fils d’Arathorn, chef des Dúnedain de l’Arnor, Capitaine de l’Armée de l’Ouest, porteur de l’Étoile du Nord, manieur de l’Épée Reforgée, victorieux au combat, lui dont les mains apportent la guérison, la Pierre-elfe, Elessar de la lignée de Valandil, fils d’Isildur, fils d’Elendil de Númenor. Sera-t-il roi et entrera-t-il dans la Cité afin d’y demeurer ? »
Et toute l’armée et tous les gens du peuple crièrent
Et Ioreth dit à sa parente : « C’est là seulement une cérémonie comme on en fait dans la Cité, cousine ; car il est déjà entré, comme je te disais tout à l’heure ; et il m’a dit… » Et elle fut de nouveau réduite au silence, car Faramir reprit la parole.
« Hommes du Gondor, les maîtres en tradition disent que selon la coutume d’antan le roi recevait la couronne des mains de son père avant la mort de celui-ci ; ou, si cela ne pouvait se faire, qu’il allait seul afin de la prendre dans le giron de son père gisant au tombeau. Mais puisqu’il nous faut aujourd’hui procéder autrement, usant du pouvoir de l’Intendant, j’ai fait porter ici de Rath Dínen la couronne d’Eärnur, le dernier roi, dont les jours prirent fin au temps de nos lointains ancêtres. »
Les gardes s’avancèrent alors, et Faramir ouvrit le coffret, dont il souleva une antique couronne. Elle était semblable au heaume des Gardes de la Citadelle, quoique plus altière, et entièrement blanche ; et les ailes de chaque côté étaient de perles et d’argent ouvrés à la ressemblance de celles d’un oiseau marin, car c’était là l’emblème des rois ayant traversé la Mer ; sept gemmes adamantines en décoraient le bandeau, et le sommet était serti d’un unique joyau dont l’éclat montait comme une flamme.
Aragorn prit alors la couronne, et il la souleva et dit :
Et ce sont ces mêmes mots qu’Elendil prononça quand il vint de la Mer sur les ailes du vent : « De la Grande Mer à la Terre du Milieu je suis venu. En ce lieu je resterai, et tous mes héritiers, jusqu’à la fin du monde. »
Puis, à la surprise de nombreux spectateurs, Aragorn ne posa pas la couronne sur sa tête mais la rendit à Faramir et dit : « C’est grâce au labeur et à l’héroïsme de nombreux autres que j’entre en possession de mon héritage. En gage de quoi, j’aimerais que le Porteur de l’Anneau m’apporte la couronne, pour laisser Mithrandir la poser sur ma tête, s’il le veut bien ; car il fut le moteur de tous nos accomplissements, et cette victoire est la sienne. »
Alors Frodo s’avança, et il prit la couronne des mains de Faramir et l’apporta à Gandalf ; et Aragorn s’agenouilla, et Gandalf le ceignit de la Couronne Blanche et dit :
« Les jours du Roi sont arrivés ; puissent-ils être bénis tant que les trônes des Valar dureront ! »