Читаем Le Retour du Roi полностью

« Ainsi, il arriva à la bataille du Champ de la Celebrant, du nom des terres verdoyantes qui s’étendaient entre l’Argentine et la Limeclaire. Là, l’armée septentrionale du Gondor était aux abois. Défaite sur le Wold et coupée de sa retraite au sud, elle avait été refoulée au-delà de la Limeclaire, où les troupes d’Orques l’avaient soudainement assaillie, la poussant vers l’Anduin. Tout espoir était perdu lorsque, contre toute attente, les Cavaliers surgirent du Nord et s’abattirent sur les arrières de l’ennemi. Alors, la fortune des armes se retourna, et l’ennemi fut chassé au-delà de la Limeclaire avec grand massacre. Eorl mena ses hommes à la poursuite des assaillants, et une si grande peur les précédait que les envahisseurs du Wold furent eux aussi mis en déroute, et les Cavaliers les pourchassèrent à travers les plaines du Calenardhon. »

Cette région s’était fort dépeuplée durant la Peste, et la plupart des survivants avaient été massacrés par les sauvages Orientais. Alors Cirion, en récompense du secours offert, concéda à Eorl et à son peuple les plaines du Calenardhon, entre l’Anduin et l’Isen ; et ils envoyèrent quérir au nord leurs épouses et enfants et tous leurs biens, et s’établirent dans ce pays. Ils lui donnèrent un nouveau nom, la Marche des Cavaliers, et se nommèrent eux-mêmes les Eorlingas ; mais au Gondor, leur pays s’appelait le Rohan, et son peuple, les Rohirrim (c’est-à-dire les Seigneurs des Chevaux). Eorl devint ainsi le premier Roi de la Marche, et il élut domicile sur une éminence verte au pied des Montagnes Blanches qui bordaient son pays au sud. Les Rohirrim y vécurent dès lors en hommes libres, sous leurs propres rois, et suivant leurs propres lois, bien qu’en éternelle alliance avec le Gondor.

« Maints seigneurs et guerriers, et maintes belles et vaillantes femmes figurent dans les chansons qui se rappellent encore le Nord. Frumgar, dit-on, était le nom du chef qui mena son peuple en Éothéod. De son fils Fram, on dit qu’il fut le pourfendeur de Scatha, le grand dragon des Ered Mithrin, et les longs-serpents ne devaient plus troubler la paix de ce pays par la suite. Fram s’attira par là une grande richesse, en même temps que l’hostilité des Nains, car ceux-ci revendiquaient le trésor de Scatha. Fram ne voulut pas leur céder un sou, mais il leur envoya plutôt les dents de Scatha montées en collier, disant : “Vous ne trouverez pas semblables perles dans vos trésors, car ce sont de rares objets.” D’aucuns disent que Fram paya de sa vie cet outrage. Il n’y avait guère d’amitié entre l’Éothéod et les Nains.

« Léod était le nom du père d’Eorl. C’était un dresseur de chevaux sauvages ; car ils étaient nombreux à cette époque dans le pays. Il captura un poulain blanc qui donna très rapidement un beau cheval, fort et fier. Nul ne pouvait l’apprivoiser. Quand Léod se décida enfin à le monter, il fut emporté, et bientôt jeté bas, et sa tête heurta un rocher et il mourut ainsi. Il n’avait alors que quarante et deux ans, et son fils encore garçon en avait seize.

« Eorl jura qu’il vengerait la mort de son père. Il rechercha longtemps la bête et finit par l’apercevoir ; et ses compagnons croyaient qu’il s’avancerait à portée de tir dans l’espoir de le tuer. Mais lorsqu’ils approchèrent, Eorl se dressa sur ses étriers et appela d’une voix forte : “Viens ici, Fléau d’Homme, et reçois un nouveau nom !” À leur grand étonnement, le cheval se tourna vers Eorl, et il s’approcha et se tint devant lui, puis Eorl dit : “Je te nomme Felaróf. Tu chérissais ta liberté, et je ne t’en fais pas grief. Mais tu me dois une lourde compensation pour prix de l’homme que tu as tué, et tu me céderas ta liberté jusqu’à la fin de tes jours.”

« Sur ce, Eorl le monta, et Felaróf se soumit. Sans mors ni bride, il ramena son cavalier jusque chez lui, et Eorl devait toujours l’enfourcher ainsi par la suite. Le cheval comprenait tout ce que les hommes disaient, bien qu’il ne permît à quiconque de le monter, sauf Eorl. C’est sur le dos de Felaróf qu’Eorl descendit au Champ de la Celebrant ; car ce cheval se révéla doté d’une longévité comparable à l’Homme, ce qui fut aussi le cas de ses descendants. C’étaient les mearas, qui ne voulurent jamais porter quiconque, hormis le Roi de la Marche ou ses fils, jusqu’au temps de Scadufax. Chez les Hommes, on disait d’eux que Béma (Oromë pour les Eldar) avait dû apporter leur ancêtre de l’Ouest-outre-Mer.

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