Cet arc-en-ciel qui nous étonne,Quand il se lève après la pluie,S'il insiste, il fait monotoneEt l'on se détourne de lui.L'adage a raison: la meilleureChose en traînant se dévalue.L'arc-en-ciel qui dure un quart d'heurePersonne ne l'admire plus.L'arc-en-ciel qui dure un quart d'heureEst superflu.Celui que l'aura populaireAvait mis au gouvernail quandIl fallait sauver la galèreEn détresse dans l'ouragan,Passé péril en la demeure,Ne fut même pas réélu.L'arc-en-ciel qui dure un quart d'heurePersonne ne l'admire plus.L'arc-en-ciel qui dure un quart d'heureEst superflu.Cette adorable créatureMe répétait: "je t'aime tantQu'à ta mort, sur ta sépulture,Je me brûle vive à l'instant!"A mon décès, l'ordonnateur(e)Des pompes funèbres lui plut.L'arc-en-ciel qui dure un quart d'heurePersonne ne l'admire plus.L'arc-en-ciel qui dure un quart d'heureEst superflu.Ce cabotin naguère illustre,Et que la foule applaudissaitA tout rompre durant trois lustres,Nul à présent ne sait qui c'est;Aucune lueur ne demeureDe son étoile révolue.L'arc-en-ciel qui dure un quart d'heurePersonne ne l'admire plus.L'arc-en-ciel qui dure un quart d'heureEst superflu.
L'assassinat
Paroles et Musique: Georges Brassens 1962
C'est pas seulement à ParisQue le crime fleuritNous, au village, aussi, l'on aDe beaux assassinatsIl avait la tête chenueEt le cœur ingénuIl eut un retour de printempsPour une de vingt ansMais la chair fraîch', la tendre chairMon vieux, ça coûte cherAu bout de cinq à six baisersSon or fut épuiséQuand sa menotte elle a tendueTriste, il a réponduQu'il était pauvre comme JobElle a remis sa rob'Elle alla quérir son coquinQu'avait l'appât du gainSont revenus chez le grigouFaire un bien mauvais coupEt pendant qu'il le lui tenaitElle l'assassinaitOn dit que, quand il expiraLa langue ell' lui montraMirent tout sens dessus dessousTrouvèrent pas un souMais des lettres de créanciersMais des saisies d'huissiersAlors, prise d'un vrai remordsElle eut chagrin du mortEt, sur lui, tombant à genoux,Ell' dit: " Pardonne-nous! "Quand les gendarm's sont arrivésEn pleurs ils l'ont trouvéeC'est une larme au fond des yeuxQui lui valut les cieuxEt le matin qu'on la penditEll' fut en paradisCertains dévots, depuis ce tempsSont un peu mécontentsC'est pas seulement à ParisQue le crime fleuritNous, au village, aussi, l'on aDe beaux assassinats