Une enfant, une enfant de seize ans,Une enfant du printempsCouchée sur le chemin…Elle vivait dans un de ces quartiersOù tout le monde est riche à crever.Elle avait quitté ses parentsPour suivre un garçon, un bohèmeQui savait si bien dire "je t'aime".Ça en devenait bouleversant,Et leurs deux cœurs ensoleillésPartirent sans laisser d'adresse,Emportant juste leur jeunesseEt la douceur de leur péché.Une enfant, une enfant de seize ans,Une enfant du printempsCouchée sur le chemin…Leurs cœurs n'avaient pas de saisonsEt ne voulaient pas de prison.Tous deux vivaient au jour le jour,Ne restant jamais à la même place.Leurs cœurs avaient besoin d'espacePour contenir un tel amour.Son présent comme son futur,C'était cet amour magnifiqueQui la berçait comme d'un cantiqueEt perdait ses yeux dans l'azur.Une enfant, une enfant de seize ans,Une enfant du printempsCouchée sur le chemin…Mais son amour était trop grand,Trop grand pour l'âme d'une enfant.Elle ne vivait que par son cœurEt son cœur se faisait un monde,Mais Dieu n'accepte pas les mondesDont il n'est pas le Créateur.L'amour étant leur seul festin,Il la quitta pour quelques miettes.Alors, sa vie battit en retraiteEt puis l'enfant connut la faim.Une enfant, une enfant de seize ans,Une enfant du printempsCouchée sur le chemin… morte…!Aaaah…
Une valse
Paroles: Jacques Plante. Musique: Charles Dumont 1962
Une valse,Une étrange valseTient toute la placeDans ma rêverieEt dans ma vie,Elle évoqueUne lointaine époque,Un décor baroque,L'ancienne RussieEt ses foliesEt j'inventeUne ville immenseQui chante et qui danseLe Saint-PétersbourgDes nuits blanches.Je m'évade,Roulée dans ces vagues,Touchée par la grâce.Je ferme les yeux.C'est merveilleux…Et ma valseTourne dans les glacesDe tout un palaceD'or et de cristal,Ces soirs de bal.Robe longue,Envol de colombe,La lumière et l'ombre,Tout tourne à la foisAutour de moi.J'ai la fièvreDe sang sur mes lèvresLe feu de la fête.Je ne sais plus bienSi je rêve…Et je danseDans ma robe blanche,Deux doigts sous la mancheD'un jeune aspirant.J'ai dix-sept ans.Cette valse,Ce n'est que la valseQue l'orchestre en face,Dans ce cabaret,Joue sans arrêt.Mon beau princeN'est ni grand, ni mince.Dans le froid qui pince,Il fait son métier.C'est le portierDu ciel pâle.Une neige saleDescend en rafalesEt tombe sans bruitSur Pigalle…Les enseignesEn lettres qui saignentS'allument et s'éteignentAu cœur de ParisHôtel de Russie…Hôtel de Russie…Hôtel de Russie…