Читаем Les pistolets de Sans Atout полностью

François venait de se faire, à la même seconde, la même réflexion. Il était bien difficile d'admettre que, par une coïncidence extraordinaire, un second voleur, à une nuit d'intervalle, se fût introduit dans la même maison. Mais que signifiait ce vol?

– Moi, dit François, je crois que c'est le barbu qui est revenu, parce qu'il n'a pas eu le temps, hier, d'emporter quelque chose qui lui tenait à cœur.

– La main d'ivoire, peut-être, ricana Bob.

– Je sais. Ça paraît stupide. Mais il est évident que c'est le même type qui a fait le coup.

Et comme c'est bien le même, il savait que la maison était habitée et qu'il pouvait être surpris une deuxième fois. Et pourtant il n'a pas hésité, comme il n'avait plus les clefs, à découper la vitre. Conclusion: il était absolument nécessaire pour lui de revenir.

– Sans-Atout, va! plaisanta Bob. Ecoutez-le. Si on insiste, il est prêt à nous dire que le bonhomme est gaucher et qu'il a eu la scarlatine.

La frayeur qu'ils avaient éprouvée se muait en soulagement et l'insouciance de leur âge reprenait le dessus. Mais Miss Mary, elle, n'avait pas envie de rire. Elle referma la fenêtre:

– Ce qui vient d'arriver est un peu notre faute à tous. Après ce qui s'est passé la nuit dernière, nous aurions dû fermer les volets. Maintenant, il faut prévenir l'inspecteur.

C'était la sagesse même. Ils passèrent dans le bureau et la jeune femme se mit en rapport avec la police, ce qui eut pour effet de réveiller Mrs. Humphrey, qui dormait juste au-dessus. Bob monta la rassurer.

– Comme c'est contrariant, se plaignait la jeune femme, au téléphone. Bien. Nous attendrons… Mais nous ne voudrions pas rester debout toute la nuit… S'il vous plaît… Merci.

Elle raccrocha.

– L'inspecteur n'est pas là, bien entendu, dit-elle. Mais on va le prévenir. Il n'y a qu'à l'attendre… Voulez-vous que je fasse du thé?

C'était amusant, ce goûter impromptu, au milieu de la nuit. On essayait de se déplacer sans bruit, de ne pas heurter les couverts, à cause de la gouvernante. Et l'on s'interrogeait toujours sur les raisons incompréhensibles du vol.

– D'où viennent-ils, ces objets? chuchota François. Si leur origine était connue, peut-être qu'on y verrait plus clair.

– Oh! dit Bob, il n'y a pas de mystère. Ils appartenaient à mon grand-père. Je crois qu'il a acheté la main à Rome. L'éléphant, ça je l'ignore. Mais il doit provenir de Ceylan, comme le Bouddha et quelques autres petites choses… Le poignard vient de Londres. Les pistolets ont été donnés à mon grand-père par un attaché d'ambassade, après un duel… C'était avant 1914… J'ai entendu raconter souvent l'histoire… Il y avait eu une querelle, à Sydney, entre l'ami de grand-père et un Allemand du consulat. Mon grand-père servait de témoin et, après le duel, il reçut les pistolets en cadeau. Il y tenait beaucoup.

– Mais…, ce duel? demanda François.

– Oh! Sans résultat, bien sûr. Et maintenant, si tu peux tirer de là des déductions, bravo!

Miss Mary buvait pensivement son thé. Elle ne paraissait pas faire attention au bavardage des deux garçons et François sentit soudain quelle distance sépare l'univers des adolescents de celui des adultes. Sans doute pensait-elle au blessé, à cet homme qu'elle devait bientôt épouser, qui était bien autre chose pour elle que le héros d'une sombre aventure.

– Tu paries que tu ne trouveras rien? continua Bob.

– Ce n'est pas un jeu, dit gravement François.

La jeune femme lui jeta un coup d'œil étonné et reconnaissant. Mais Bob, qui n'avait rien remarqué, insista:

– L'éléphant n'est pas creux. Les doigts de la main ne se dévissent pas. Le poignard est un poignard. Et les pistolets, tu les a vus. Il n'y a pas de cachette là-dedans… J'ai manipulé ces objets des tas de fois. L'écrin des pistolets? Un brave écrin, sans double fond. Moi, je crois que le type est un maniaque, un cinglé.

François, cédant à nouveau au démon de la controverse, objecta:

– Mais…, pour un collectionneur? Bob haussa les épaules.

– Les pistolets? dit-il. Ni assez anciens, ni assez neufs. Ça ne vaut sûrement pas cher. Le poignard? Une babiole. La main, peut-être, oui. C'est la reproduction de je ne sais quelle main célèbre.

– Bob, observa Miss Mary. Vous buvez trop! Vous ne pourrez pas dormir.

– Il est bien question de dormir, répondit Bob, très excité. Je pense à papa. Il va falloir le mettre au courant. Qu'est-ce qu'il va dire? Tout ce qui a appartenu à grand-père, c'est sacré. Et je pense aussi à la tête que va faire Morrisson. Il va croire qu'on se moque de lui… Vous l'aimez, vous, Morrisson? Il ne se prend pas pour rien!

Ils entendirent, à ce moment, la voiture qui stoppait devant la grille.

– Le voilà, dit Bob. On va rigoler!

– Bob, voyons! Tenez-vous mieux.

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