Читаем Les pistolets de Sans Atout полностью

– Miss Mary n'aurait pas un frère, par hasard?

Bob, qui essayait de peigner ses cheveux rebelles, et faisait d'affreuses grimaces, répondit:

– Un frère? Non, mon vieux. Ni frère, ni sœur. Tu as des idées bizarres, ce matin.

– Elle travaille?

– Non. Elle a hérité d'une belle petite propriété et de quelques rentes, la veinarde… Moi, c'est ce qu'il me faudrait. Des rentes! Une Aston-Martin, enfin, tu vois le genre! Malheureusement, mon père pense autrement. C'est un matheux, papa. Alors, il faut que je devienne, moi aussi, un matheux.

Un coup de klaxon dans le jardin les rappela à l'ordre. Ils achevèrent de s'habiller et rejoignirent Miss Mary.

– C'est un tacot, souffla Bob, au moment de grimper dans l'imposante voiture. Ça tape à peine les 170!

La pluie crépita sur le toit. François, à travers le pare-brise embué, ne reconnaissait pas le chemin suivi la veille. Et puis la conduite à gauche bousculait toutes ses habitudes. Bob poursuivait son bavardage.

– Tu vois, ce qui serait chouette, ce serait de peindre. Moi, j'aimerais ça, être décorateur, travailler pour le théâtre ou le cinéma. Mon prof de dessin dit que je devrais continuer. Je te montrerai des choses que j'ai faites. Je n'en parle pas souvent parce qu'à la maison il n'y en a que pour les automates.

Il se pencha vers l'oreille de François et, d'un petit coup de menton, désigna, devant eux, Miss Mary qui, les sourcils froncés, surveillait la rue.

– Et puis, elle est du côté de papa, contre moi. Alors, je suis obligé de peindre en cachette… Je te montrerai.

Ils ne tardèrent pas à virer dans la cour de l'hôpital où ils aperçurent, à l'extrémité du parking, la vieille Morris de M. Skinner. Un instant plus tard, ils pénétraient dans la chambre du blessé. Celui-ci avait été rasé et l'on voyait mieux l'affaissement de ses traits, la pâleur de ses joues. Il tendit vers les arrivants une main maigre qui tremblait un peu. Miss Mary examina, suspendu au pied du lit, le graphique de la fièvre.

– 37°7. C'est très bien!

– Oui, dit-il avec effort, je vais m'en tirer. Ça va, jeunes gens? Ne vous inquiétez pas pour moi. Amusez-vous. Et ne vous croyez pas obligés de venir ici chaque jour. J'offre un spectacle peu réjouissant.

– Oh, papa, dit Bob.

– Mais si. Et François n'a pas à devenir garde-malade. Je veux que vous sortiez le plus possible, tous les deux. Aussi, vous allez me faire le plaisir de décamper, et tout de suite.

Où comptez-vous aller?

– Au Musée Tussaud, intervint Miss Mary, d'un ton désapprobateur.

– Pourquoi pas? C'est un endroit amusant. Tu as de l'argent, Bob?

– Oui. J'ai tout ce qu'il faut.

– Eh bien, allez vous promener… Bonne journée!

Et ils étaient si jeunes, tous les deux, si pleins de vie et si avides de liberté, qu'ils éprouvèrent ensemble un lâche soulagement de quitter la chambre. Leur sortie fut si prompte qu'ils faillirent bousculer un homme, devant la porte. Celui-ci leur tourna hâtivement le dos et se dirigea vers le fond du corridor.

– Tu viens? dit Bob.

François, qui avait fait quelques pas, s'arrêta et retint Bob par la manche.

– Ce type… Il avait l'air d'écouter à la porte.

– Oh! Tu crois?

– Alors, veux-tu m'expliquer ce qu'il faisait là?

Ils arrivaient devant la loge vitrée où, nuit et jour, une infirmière de garde se tenait en permanence. Le corridor cédait la place à un hall décoré de plantes vertes, qui communiquait avec une cour intérieure par une porte à double battant. François jeta un dernier coup d'œil en arrière.

– Tu peux m'expliquer ce qu'il fabrique, maintenant, au fond de ce couloir. Pourquoi n'entre-t-il dans aucune chambre?

L'homme, peut-être pour se donner une contenance, alluma une cigarette, en même temps qu'il amorçait un demi-tour, de sorte que, en moins d'une seconde, ils le virent de profil, puis de face. La flamme de son briquet éclairait suffisamment son visage pour qu'aucune erreur ne fût possible. Bien qu'il ne portât ni barbe, ni moustache, c'était l'homme qui était venu à la maison en l'absence de M. Skinner. C'était le voleur!

– Il était déguisé, murmura Bob.

– Oui… Grouillons!

Ils gagnèrent rapidement la sortie.

– Qu'est-ce qu'on fait? dit Bob. Il ne faut pas qu'il nous échappe. On prévient un policeman?

– Tu en vois un?… Et puis, le temps qu'on lui explique… Non. Si on le suivait?

Ils débouchèrent sur le jardin, devant la grande entrée de l'hôpital. A cause de la pluie, il était désert.

– On ne peut pas rester plantés là, reprit François. Il va nous repérer.

– L'auto de papa, dit Bob. Elle est au bout du parking, tu te rappelles?

Courant sous l'averse, ils allèrent se réfugier dans la vieille Morris. Les clefs étaient toujours au tableau. Bob mit le contact et déclencha les essuie-glace. De leur poste d'observation, ils apercevaient assez nettement le porche où l'homme n'allait sans doute pas tarder à paraître, car la sortie inopinée des deux garçons avait dû l'alarmer.

– Qu'est-ce que je disais! s'exclama François. Le voilà! Et il n'y a pas d'hésitation, c'est bien lui.

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