Читаем Les pistolets de Sans Atout полностью

– Mais les ordres que vous leur donnez sont en nombre limité, forcément.

– Détrompez-vous. Au début, oui, la liste des commandements était réduite. C'est cette difficulté qui m'a arrêté longtemps.

M. Skinner alluma une seconde cigarette. Ses yeux très bleus brillaient d'excitation. Il prit son fils par le cou et lui serra affectueusement la nuque.

– Tu vois, Bob. Ton ami a tout de suite saisi l'intérêt de ces recherches qui t'ennuient.

– Elles ne m'ennuient pas, protesta Bob. Mais tu n'es jamais là. Et quand tu es là, tu n'entends même pas ce qu'on te dit. Demande à Mrs. Humphrey.

M. Skinner se tourna vers François.

– Notre grande querelle! dit-il d'un ton enjoué. Mrs. Humphrey est notre gouvernante. Et je dois avouer qu'elle n'aime pas beaucoup mes marionnettes… Je crois qu'elles lui font peur. Mais, pour en revenir à votre objection, oui, j'ai cherché longtemps… Et j'ai fini par trouver. D'abord, j'ai réussi à augmenter notablement la «mémoire» magnétique de mes appareils; et ensuite, et surtout, j'ai sensiblement allongé les phrases qui servent de signal. Par exemple, au lieu de dire: «Venez ici», on doit dire, maintenant: «Est-ce que monsieur Tom voudrait me faire le plaisir d'avancer jusqu'ici?»

– Ah, je vois! s'écria François. Vous obligez le demandeur à parler plus longtemps, ce qui l'oblige à corriger davantage ses fautes de prononciation. Votre automate n'est que…

Il chercha en vain le mot en anglais et termina en français:

«…n'est qu'un faire valoir.»

– Parfaitement, fit l'ingénieur, ravi. M. Tom, qui est ma marionnette la plus perfectionnée est capable de soutenir une conversation très simple, comme vous devez le penser, mais le résultat est surprenant.

– Ah! Parce qu'il possède aussi la parole?

– Pourquoi pas. Ce n'est pas cela le plus difficile. J'ai enregistré la voix de Bob.

Boudeur, Bob haussa les épaules.

– Ce n'est pas ma voix, grogna-t-il. Ça nasille, comme un vieux phono.

– Allons, mon garçon, dit M. Skinner, sois «fair play»… Savez-vous, mon cher François… Bob est un peu jaloux de M. Tom. Et c'est vrai que je m'occupe souvent plus de M. Tom que de ce pauvre Bob… Mais tout va rentrer dans l'ordre, maintenant que je touche au but.

Il donna une petite tape sur le genou de son fils.

– Promis! Et maintenant, à la maison!

Il fit coulisser la vitre de séparation et murmura quelques mots à l'oreille du conducteur, puis, s'adressant à François:

– Ce n'est pas votre Neuilly, mais c'est quand même très agréable. Peut-être un peu à l'écart. Bob préférerait qu'on habite moins loin du centre, mais j'ai besoin de tranquillité pour mon travail… Pourtant, n'allez pas croire que nous vivons comme des ermites. N'est-ce pas, Bob? Déjà, ce soir, si vous n'êtes pas fatigué, nous irons entendre un concert au Festival Hall. Bob m'a dit que vous aimez beaucoup la musique, et Karajan sera au pupitre. Les jours suivants, malheureusement, je ne serai pas souvent des vôtres. Vous m'excuserez… J'ai des rendez-vous très importants.

Les rues se succédaient, monotones, avec leurs maisons toutes pareilles, derrière d'identiques jardinets. Puis il y eut, de loin en loin, des demeures plus importantes, entourées de verdures. Le taxi vira dans un chemin privé, et François découvrit une belle propriété qui se montrait à demi, au bout d'une allée de marronniers.

– Nous y sommes, dit M. Skinner. François et Bob descendirent.

– C'est magnifique, dit François. Vous avez la chance d'entendre les oiseaux. Et comme c'est encore vert!

Mais déjà une personne assez âgée, tout de noir vêtue, venait au-devant d'eux.

– Voici mon ami François… Mrs. Humphrey! s'écria Bob.

Mrs. Humphrey fit un petit salut plein de réserve et prit la valise des mains de M. Skinner.

– Eh bien, dit celui-ci, choisissez: ou bien nous passons à table dans un quart d'heure, car je vois que Mrs. Humphrey s'inquiète déjà pour son rôti, ou bien nous allons rendre tout de suite une courte visite à mes marionnettes…

– Très courte, s'il vous plaît, supplia la gouvernante.

– Vous voyez, plaisanta l'ingénieur, Mrs. Humphrey a deviné du premier coup d'œil que vous alliez choisir les automates. Allons-y!

Ils traversèrent un vaste vestibule orné de meubles anciens et prirent un corridor qui les amena dans une pièce à la destination incertaine. C'était un bureau, à en juger par la bibliothèque et l'immense table encombrée de livres, de papiers, de classeurs, mais c'était aussi une sorte d'atelier, puisqu'il y avait, près des deux fenêtres donnant sur le jardin, un établi supportant une foule d'outils minuscules, semblables à ceux des horlogers. Et, dans une vitrine, s'alignaient les fameuses marionnettes. – Voici monsieur Tom, dit l'ingénieur.

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