– Tout est dans ces putain de journaux! cria-t-il. Tout! Une catastrophe! Une fuite monumentale! Putain de flics et putain de journaux! Le loup-garou, les brebis, les victimes, tout y est! Même la carte! L'itinéraire! Il n'y a que le nom de Massart qui ne soit pas cité! C'est foutu! C'est cuit! Massart va se barrer dès qu'il aura lu ça. Il est peut-être déjà en train de se barrer! Il nous échappe, bon sang de merde! Faudrait contrôler les frontières, bloquer les routes! Connards de flics! Elle avait raison, ma mère! Connards de flics!
– Calme-toi, Soliman, dit Adamsberg. Bois ton café.
– Vous ne comprenez pas? cria le jeune homme. Ce n'est plus un filet qu'on lui tend, c'est un tapis rouge pour qu'il puisse s'envoler!
– Calme-toi, répéta Adamsberg. Montre ça.
Adamsberg déplia les journaux, en passa un à Camille, un au Veilleux. Il hésita, puis il en posa un sur les pattes d'Interlock.
– Tiens, le chien, lis ça.
– Est-ce que c'est tellement le moment de rire? demanda Soliman, mauvais, en plissant les yeux. Est-ce que c'est tellement le moment de rire quand Massart va se barrer et que ma mère va rester coincée dans le marigot puant?
– On n'est sûr de rien, pour le marigot, dit le Veilleux.
– Oh merde, le vieux! cria Soliman. Tu ne comprends toi rien loi non plus?
Le Veilleux leva son bâton et toucha sans violence Soliman à l'épaule.
– Ta gueule, Soi, dit-il. Respecte.
Soliman se tut, souffla et s'assit, un peu étourdi, les bras ballants. Le Veilleux lui versa un café.
Camille examinait les journaux, parcourant les gros titres
Plusieurs d'entre eux révélaient le détail de l'itinéraire rouge tracé par Massart, accompagné d'une carte. Des étoiles signalaient les lieux des précédents massacres.
Camille reposa le journal, désolée.
– La fuite vient des flics, dit-elle. Ils ont convoqué la presse. Soliman n'a pas tort. Si Massart a trois grains de bon sens, il va disparaître avant qu'on ait eu le temps de souffler.