L’année passée j’ai eu l'honneur de présenter le rapport suivant sur cette pièce…[11]
Tel était mon premier rapport sur cette pièce – Votre Excellence m'a communiqué le désir de M. le Comte pour que la pièce soit changée par l'auteur, de la sorte qu'elle se termine par une réconciliation entre M. et Madame Arbenine.
L'auteur n'a pas jugé à propos de profiter de cette remarque. Nous trouvons dans la nouvelle édition les mêmes attaques indécentes contre les bals masqués dans la maison Engelhardt (p. 16 et 46), les mêmes impertinences contre les dames de la haute noblesse (18).
L'auteur a bien voulu ajouter une fin, – autre qu'elle n'était, mais pas belle comme on la lui avait indiquée. Arbenine empoisonne sa femme; à cette scène assiste un inconnu. Madame Arbenine meurt. Avec sa mort se terminait la pièce dans la première édition. Maintenant l'auteur a ajouté encore un acte. L'inconnu et le prince se présentent chez Arbenine. Le premier dit à Arbenine, qu'il у a sept ans que ce dernier lui a gagné toute sa fortune, et que depuis ce temps il a juré de se venger. Il accuse Arbenine d'avoir empoisonné sa femme, et lui déclare qu'elle a été innocente. Le prince l'atteste et appelle Arbenine en duel, mais celui-ci, terrassé par la nouvelle que sa femme est innocente, perd l'esprit.
Les terreurs dramatiques viennent de cesser en France; veut-on donc les introduire chez nous? veut-on introduire le poison dans les ménages? Les modes des femmes, usées à Paris, sont adoptées chez nous; с’est bien innocent; mais vouloir adopter chez nous les monstruosités dramatiques, qu'on rejette à Paris même, n'est plus qu'horrible, cela n'a pas de nom.
Auguste Oldecop.