Читаем Napoléon. L'empereur des rois полностью

Il regarde les régiments se former. Ces hommes espèrent en avoir fini avec les marches, les bivouacs, les combats. Ils ont échappé à la mort. Ils rêvent de paix. Ils ne savent pas que la paix se conquiert. Les Prussiens attendent les Russes qui avancent, dont les rapports précisent qu'ils ont traversé la Vistule, qu'ils sont entrés dans Varsovie. Faut-il aider les Polonais qui veulent leur indépendance ? Mais qu'est-ce que vouloir ? Napoléon l'a dit à Dombrowski, ce Polonais qui voudrait que la France fasse renaître son pays : « Je verrai si vous méritez d'être une nation. » « Si la Pologne fournit quarante bons mille hommes de troupe sur lesquels on puisse compter comme si l'on avait un corps de quarante mille hommes de troupes réglées », alors c'est que les Polonais voudront vraiment leur indépendance. Sinon...

Et aider les Polonais, c'est ouvrir la boîte de Pandore : la guerre à n'en jamais finir avec les Russes et sans doute les Autrichiens. Et derrière eux, l'Angleterre, l'âme damnée des coalitions, le banquier des puissances, celle qu'il faut briser si l'on veut un jour obtenir la paix.

On annonce l'arrivée du général Zastrow, qui demande une audience de la part de Frédéric-Guillaume. Le roi de Prusse sollicite un armistice et l'ouverture de négociations.

- Les Russes sont-ils déjà sur le territoire prussien ? répond Napoléon.

- Il se peut que leurs têtes de colonne, en ce moment, franchissent la frontière, répond le général Zastrow en s'inclinant. Le roi n'attend pour leur faire rebrousser chemin qu'une parole rassurante.

Napoléon lui tourne le dos.

- Oh, si les Russes viennent, dit-il, je marche contre eux et je veux les battre.

Il faut quelques pas, revient vers Zastrow.

- Mais les négociations peuvent continuer, ajoute-t-il. Duroc, le grand maréchal du palais, en est chargé.

Mais d'abord, l'entrée dans Berlin. Il faut que ces Prussiens découvrent la force de la Grande Armée.

À 15 heures, Napoléon caracole sur Unter den Linden. Il est seul au milieu du défilé, petit homme en tenue verte de colonel des chasseurs de la Garde, coiffé de son chapeau corné, de sa « cocarde à un sou », comme disent les grenadiers. Il ne porte, comme décoration, que le cordon de la Légion d'honneur. Derrière lui se tient son mameluk, Roustam, et à quelques longueurs encore son état-major, les officiers de la maison impériale, Duroc, Caulaincourt, Clarke, les aides de camp, Lemarois, Mouton, Savary, Rapp, et puis les maréchaux, Berthier, Davout, Augereau.

Lefebvre et la Garde à pied précèdent l'Empereur, puis, après les officiers, viennent les chasseurs de sa Garde.

Napoléon voit tout cela, qu'il a voulu : les fanfares, les mameluks, vingt mille hommes, et ces grenadiers immenses avec leurs bonnets à poil. Et il voit la foule massée sur les côtés d'Unter den Linden. Il galope autour de la statue de Frédéric II, le chapeau levé. Il est l'Empereur vainqueur.

Il passe en revue le troisième corps, celui du maréchal Davout, le duc d'Auerstedt. Il distribue plus de cinq cents croix, s'attarde longuement pour parler aux soldats. Il élève au grade supérieur de nombreux officiers.

- Les braves qui sont morts, dit-il, sont morts avec gloire. Nous devons désirer de mourir dans des circonstances si glorieuses.

Les troupes l'acclament, et Davout lance :

- Sire, nous sommes votre Dixième Légion ! Le troisième corps sera partout et toujours pour vous ce que cette Légion fut à César !

Il écoute.

Il se sent César en ce siècle.

Il se rend à l'hôtel de ville, parle avec violence aux notables prussiens rassemblés, assure qu'il a vu, dans la chambre à coucher de la reine Louise, le portrait du tsar Alexandre.

- Ce n'est pas vrai, Sire, lance une voix.

Des officiers se précipitent. Napoléon les arrête, pardonne au pasteur Erhmann qui a osé l'interrompre. Il reconnaît la sincérité, la franchise de cet homme, mais, rentré au palais royal où il va loger, il s'indigne lorsque le général Savary lui remet une lettre du prince Hatzfeld, celui-là même qui lui a présenté les clés de Berlin. Les agents de Savary ont intercepté cette correspondance de Hatzfeld au prince de Hohenlohe. Elle contient une énumération précise des forces françaises à Berlin, corps par corps, et donne même le nombre de leurs caissons de munitions.

Napoléon dicte aussitôt, d'une voix étranglée par la colère, l'ordre par lequel on doit traduire le prince Hatzfeld devant une commission militaire pour y être jugé comme traître et espion. Qu'on l'arrête, qu'on le fusille. Il lit la consternation dans les yeux de Berthier, de Ségur, mais n'ont-ils pas compris qu'on ne peut régner que sévèrement ? N'a-t-on pas fusillé, le 26 août 1806, un éditeur de Nuremberg qui diffusait un pamphlet antifrançais ?

Quelques instants plus tard, alors qu'il rentre d'une revue, que les tambours battent, une femme enceinte s'évanouit à la porte de son cabinet. La princesse Hatzfeld vient solliciter la grâce de son mari.

Napoléon regarde la jeune femme, lui tend la lettre, lui demande de la lire. Elle bégaie, pleure.

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