Читаем Napoléon. Le soleil d'Austerlitz полностью

Il veut prendre son temps. C'est la paix. Si la guerre revient, il faudra à nouveau donner des coups d'éperon, mais, pour l'heure, il peut s'arrêter quand il veut. Il saute de voiture peu après Mantes, marche le long de l'Eure sous un ciel devenu bleu. Il veut voir le champ de bataille d'Ivry. Il couchera ce soir à la préfecture d'Évreux. Le lendemain, il est à Louviers. Puis ce sera Rouen, Honfleur, Dieppe, Le Havre, Beauvais.

À Rouen, tout à coup, il a enfourché son cheval et, suivi de quelques cavaliers d'escorte, il a chevauché jusqu'à cinq heures de l'après-midi. Il a besoin de ces courses. Il s'arrête sur les hauteurs qui dominent la Seine. Il respire. Il se sent libre, heureux.

Lorsqu'il descend de cheval, il est entouré par la foule. Il est le souverain. Dans le cabinet de travail qui est préparé à chaque étape, il dicte une lettre pour Cambacérès, afin que les journaux de Paris sachent. « J'ai fait ma route au milieu d'une population immense, obligé de m'arrêter à chaque pas, raconte-t-il. Dans tous les villages, à la porte des églises, les prêtres, le dais dehors, entourés d'une grande foule, chantaient des cantiques et jetaient de l'encens. »

Il pouvaient bien, ces eunuques politiques, comme a dit Fouché, critiquer le Concordat ! Et Fouché était l'un d'eux. Sait-il que l'archevêque de Tours vient de déclarer que le « Consulat est le gouvernement légitime, à la fois national et catholique, un gouvernement sans lequel nous n'aurions ni culte ni patrie » ?

Les curés normands le savent, qui m'accueillent et me bénissent.

Au Havre, la ville est illuminée. Napoléon s'avance au milieu de la foule, accompagné de Joséphine.

Ils sont comme un roi et une reine.

Le soir, dans la grande salle de la préfecture, il ouvre le bal.

À Dieppe, il voit s'avancer vers lui un homme vieux, dont le visage lui semble familier. C'est Domairon, l'un de ses professeurs de l'école militaire de Brienne.

Ces temps d'enfance et d'isolement ont donc existé ! Et à leur souvenir il se sent plus fort, invincible.

Il demande à l'un de ses aides de camp de prendre note de la situation de Domairon afin de l'aider si nécessaire.

Détenir le pouvoir, c'est gratifier qui l'on veut, comme on veut.

Il visite les hospices et les manufactures. Sur les routes qui traversent la campagne, les paysans arrêtent les voitures pour le saluer. Il descend, leur parle. Quand les voitures repartent, les paysans les accompagnent en criant : « Vive Napoléon Bonaparte ! Vive le Premier consul ! »

Qui peut le mettre en péril ?

Il écoute d'une oreille distraite Beugnot, le préfet de Seine-Inférieure, qui évoque les prétentions anglaises, le risque de guerre. Il se raidit, marche en prisant, l'air résolu, la voix dure.

- J'en doute encore, commence-t-il, mais si l'Angleterre m'attaque, elle ne sait pas à quoi elle s'expose, non, elle ne le sait pas...

Il s'immobilise, baisse la tête, les yeux mi-clos.

- Vous verrez ce que sera cette guerre, reprend-il. Je ferai tout pour l'éviter, mais si l'on m'y force, je renverserai tout ce que je trouverai devant moi. Je ferai une descente en Angleterre, j'irai à Londres et, si cette entreprise devait manquer, je bouleverserai le continent ; j'asservirai la Hollande, l'Espagne, le Portugal, l'Italie, j'attaquerai l'Autriche et j'irai jusqu'à Vienne détruire toute espèce d'appui de cette odieuse puissance.

Il se remet à marcher vers la foule des invités qui se pressent, n'osant approcher.

- On verra ce que je peux faire et ce que je ferai. J'en frémis d'avance, mais on me connaîtra.

Il hausse la voix, semble s'adresser à tous et non plus seulement au préfet :

- Au surplus, je n'en continuerai pas moins à travailler à assurer la prospérité de la France ; à faire fleurir son commerce, son agriculture, son industrie.

Il s'arrête devant les invités.

- Et nous serons heureux, en dépit de nos rivaux ! s'exclame-t-il.

Il est heureux. Il a le sentiment que rien ne peut lui résister. Il ne connaît pas la fatigue. C'est comme si les applaudissements, les vivats, les témoignages d'admiration qui l'accompagnent lui donnaient une force renouvelée.

À six heures, presque chaque matin, il est à cheval. Il saute les fossés et les ruisseaux, les haies. L'escorte est distancée. Les chevaux s'écroulent d'épuisement. Il change de monture, repart, ou bien il reçoit les notables, et l'étonnement qu'il lit dans leurs yeux devant ses connaissances précises, son énergie, le stimule encore.

Parfois, il entrevoit, parmi la foule, le visage, la poitrine, le corps d'une femme, et il ressent alors une pointe d'amertume. Il fixe cette jeune femme. Il lit dans ses yeux l'acceptation, la soumission, l'invite même. Il voudrait pouvoir s'avancer, écarter la foule, et il est sûr qu'elle le suivrait.

Il ne supporte pas cette barrière invisible qui lui interdit d'agir comme il le désire.

Et lorsqu'il retrouve Joséphine, qui, souriante et gracieuse, se comporte en souveraine, il la rudoie.

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