Читаем Napoléon. Le soleil d'Austerlitz полностью

On se précipite. Il reste un instant étendu. Il pense à la guerre. À cette suite d'événements imprévisibles qui peuvent changer le cours des choses. Il se redresse, interdisant qu'on le soutienne. De la voiture sortent, indemnes, les passagers.

La nuit tombe. Il entend Joséphine qui propose à Hortense de rester à Saint-Cloud, mais sa fille répond que son mari, Louis, le lui a interdit.

Napoléon crie, sa colère explose, contre son frère et peut-être aussi contre tout ce qui échappe à sa volonté, contre l'avenir qui, à chaque instant, est rempli d'incertitude.

Le 12 mai, Napoléon est à la Malmaison. Il s'est levé plus tôt que d'habitude. Il marche dans le parc. Il entend le galop d'un courrier. Un aide de camp lui apporte un pli. C'est une dépêche de Talleyrand qui annonce que lord Withworth a demandé ses passeports et a quitté Paris. Il doit faire étape à Chantilly, puis gagner lentement, en relais, Calais. Le général Andréossy, l'ambassadeur de France, a déjà quitté Londres et se dirige vers Douvres. Paris est calme, mais de très nombreux badauds silencieux ont guetté le départ de lord Withworth.

La guerre est là.

Napoléon donne un ordre. Il veut partir immédiatement pour Paris.

Aux Tuileries, il confère avec Talleyrand, dicte une ultime proposition pour Withworth, qui sera portée à l'ambassadeur à Chantilly.

Il ne sera pas dit, devant l'Histoire, qu'il n'aura pas tenté jusqu'au dernier moment d'éviter cette guerre, qu'il sait pourtant inéluctable.

Lord Withworth n'a pas répondu.

Napoléon donne des ordres. Que le général Mortier marche vers Le Havre et contrôle la côte. Il passe en revue les six cents élèves du Prytanée du Champ-de-Mars. Le soir, il assiste à une représentation de Polyeucte au théâtre de la République.

L'atmosphère est grave, les vers de Corneille sont écoutés dans une sorte de recueillement. Il lui semble que c'est la première fois qu'il entend :

La vertu la plus ferme évite les hasards

Qui s'expose au péril veut bien trouver sa perte

Il refoule une inquiétude qui monte.

J'ai de l'ambition mais plus noble et plus belle

Cette grandeur périt, j'en veux une immortelle

Et chaque vers bientôt lui parle au présent :

Périssant glorieux, je périrai content

Je le ferais encor si j'avais à le faire

Le 20 mai, alors qu'il est dans son cabinet des Tuileries, les premiers courriers arrivent en même temps que s'amoncellent les dépêches du télégraphe. Ils annoncent que l'Angleterre a décrété à compter du 16 mai, sans déclaration de guerre, la saisie des navires français et hollandais et de leurs marchandises. Déjà certains courriers rapportent l'arraisonnement de nombreux vaisseaux. Peut-être seront-ils plusieurs centaines à être ainsi capturés, dans ce qui est encore la paix.

Napoléon ordonne qu'à quinze heures des orateurs du gouvernement annoncent devant les trois Assemblées la rupture de la paix d'Amiens. Et, en réponse à l'acte de piraterie anglais, il prescrit l'arrestation de tous les sujets britanniques.

Il va et vient lentement dans son cabinet, passe dans la pièce contiguë où sont déroulées les cartes.

Après dix ans de guerre, la paix d'Amiens n'aura survécu qu'une année !

Et cette guerre qui commence, combien durera-t-elle ?

Il se penche sur la carte de la région de Boulogne. Il suit du doigt les côtes françaises puis anglaises.

- Puisque les Anglais veulent nous forcer à sauter le fossé, dit-il, nous le sauterons.

Il regagne son cabinet.

- En trois jours, reprend-il, un temps brumeux et des circonstances un peu favorables peuvent me rendre maître de Londres, du Parlement, de la banque. Les Anglais pleureront la fin de cette guerre avec des larmes de sang.

Le soir du 25 mai, il se rend au Théâtre-Français, où l'on donne une représentation de Tartuffe.

Dans la nuit, il retrouve Mlle George.

Ordre a été donné à tous les militaires en congé de rejoindre « les drapeaux ».

20.

Napoléon s'installe dans la voiture qui s'ébranle, cahotant sur les pavés de la cour du château de Saint-Cloud. Il laisse à peine le temps à Méneval de sortir ses plumes et ses encriers, de préparer les feuilles de papier, et déjà il commence à dicter.

« Décision. Duhamel, ancien militaire, demande à conserver un habit et une capote d'uniforme qu'on veut lui retirer. Renvoyé au colonel général Bessières pour faire rendre justice à ce vieux soldat. »

Il ne regarde pas son secrétaire. Il se tient immobile, les yeux grands ouverts, comme si devant lui se déroulaient les lettres auxquelles il doit répondre, les proclamations qu'il doit lancer, les ordres qu'il doit donner. Il aime dégorger sa tête pleine. Il éprouve à dicter un plaisir physique. Sa mémoire se libère. Il parle d'une voix tendue, comme s'il lisait ce qu'il énonce. Il change à peine de ton.

« À Joséphine, à Plombières

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