Читаем Napoléon. Le soleil d'Austerlitz полностью

Que croit donc Joseph ? Qu'il a des droits sur moi ? Au nom de quoi, qu'a donc fait mon frère pour prétendre à cela ? Pourquoi Roederer, dans le rapport sur les résultats du plébiscite, qu'il a préparé pour le Sénat, fait-il une telle place à Joseph ? Que veut mon frère aîné ? me dominer ? me remplacer ? Pense-t-il que le titre de Grand Maître du Grand Orient de France lui donne le pouvoir de décider de l'avenir ? Il faut savoir ce qu'il cache.

Le 4 novembre 1804, Napoléon convoque Roederer à Saint-Cloud.

Il est onze heures. Napoléon regarde entrer Roederer. Il a confiance dans cet homme qu'on dit faire partie de l'entourage de Joseph. S'il ne l'avait pas été, aurait-il promis à Joseph une si grande destinée ?

- Eh bien, ce rapport ? l'interpelle Napoléon. Dites-moi la vérité, l'avez-vous fait pour moi ou contre moi ?

Roederer proteste de sa fidélité.

- Mais d'où vient donc que vous placez Joseph sur la même ligne que moi ? demande Napoléon. Mes frères ne sont rien que par moi. Ils ne sont grands que parce que je les ai faits grands.

Napoléon ajoute après quelques pas :

- Je ne peux pas souffrir qu'on mette mes frères à côté de moi sur la même ligne.

Il soupire. Les mots s'imposent, il les prononce enfin.

- Je suis juste, je l'ai été constamment depuis que je gouverne. C'est par justice que je n'ai pas voulu divorcer. Mon intérêt, l'intérêt même du système, demandait peut-être que je me remariasse. Mais j'ai dit : « Comment renvoyer cette bonne femme, à cause que je deviens plus grand ! Si j'avais été jeté dans une prison ou envoyé en exil, elle aurait partagé mon sort, et parce que je deviens puissant je la renverrais ? Non, cela passe ma force. J'ai un cœur d'homme ; je n'ai pas été enfanté par une tigresse. Quand elle mourra, je me remarierai, et je pourrai avoir des enfants. Mais je ne veux pas la rendre malheureuse. »

Il baisse la tête, se tait quelques minutes, puis dit :

- J'ai eu la même justice pour Joseph.

Il continue de marcher dans le cabinet de travail.

- Je suis né dans la misère, reprend-il. Joseph est né comme moi dans la dernière médiocrité ; je me suis élevé par mes actions ; il est resté au point où la naissance l'a placé.

Il s'approche de la fenêtre, montre la cour du château.

- Pour régner en France, dit-il, il faut être né dans la grandeur, avoir été vu dès l'enfance dans un palais avec ses gardes, ou bien être un homme capable de se distinguer lui-même de tous les autres.

Il parle. Il ne se doutait même pas qu'il avait tant de griefs contre Joseph, ce monsieur qui refuse les titres qu'on lui donne.

- Il ne veut pas être prince ? Est-ce qu'il prétend que l'État lui accorde deux millions pour se promener dans les rues en frac brun et en chapeau rond ?

La voix de Napoléon change. Il est hargneux.

- Les titres font partie d'un système, dit-il, et voilà pourquoi ils sont nécessaires.

Il revient vers Roederer.

- Vous ne me faites pas la grâce de m'accorder un peu d'esprit et de bon sens ? demande-t-il.

Pourquoi, explique-t-il, a-t-il attribué tous ces titres de maréchaux ? Parce que les généraux étaient attachés aux principes républicains. Il fallait qu'ils acceptent l'Empire.

- Ils se sont trouvés dans l'impossibilité de le refuser ou de le donner de mauvaise grâce quand ils ont vu qu'ils recevaient eux-mêmes un titre considérable.

Il s'écarte de Roederer.

- Que veut Joseph ? Prétend-il me disputer le pouvoir ? Je suis établi sur le roc.

Il écoute Roederer chercher des excuses à Joseph. Joseph serait malade. Napoléon hausse les épaules.

- Le pouvoir ne me rend pas malade, moi, car il m'engraisse. Je me porte mieux que jamais... Ma maîtresse, c'est le pouvoir, j'ai trop fait pour sa conquête pour me la laisser ravir, ou souffrir même qu'on la convoite...

Il a une moue d'amertume.

- Joseph a baisé ma maîtresse, murmure-t-il.

Puis il s'emporte.

- Le Sénat, le Conseil d'État seraient en opposition avec moi sans pouvoir me rendre tyran. Pour me rendre tyran, il ne faut qu'un mouvement de ma famille. Ils sont jaloux de ma femme, d'Eugène, d'Hortense, de tout ce qui m'entoure. Ma femme est une bonne femme qui ne leur fait point de mal. Elle se contente de faire un peu l'impératrice, d'avoir des diamants, de belles robes, les misères de son âge...

Il se tait, comme surpris par ce qu'il dit.

- Si je la fais impératrice, c'est par justice. Je suis surtout un homme juste. Il est juste qu'elle participe à ma grandeur... Oui, elle sera couronnée, dût-il m'en coûter deux cent mille hommes !

Il rugit.

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