Cette humble retraite est aussi la vôtre. Venez connaître la pensée du Christ chaque fois que vous le désirerez. Vous pourrez copier toutes les annotations que je possède.
Et vous n'enseignez pas dans la synagogue ?
Pour l'instant, prisonnier comme je le suis, je ne pourrai le faire, mais j'écrirai une lettre à nos frères de bonne volonté.
Quelques minutes plus tard, la foule compacte se dissipait avec les premières ombres de la nuit.
À partir de là, profitant des dernières heures de chaque jour, les compagnons de Paul virent qu'il écrivait un document auquel il consacrait une grande attention. Quelquefois, c'était entre les larmes qu'il écrivait comme s'il désirait consigner dans son message ses saintes inspirations. Deux mois plus tard, il remettait ce travail à Aristarque pour le copier en disant :
Celle-ci est l'épître aux Hébreux. J'ai fait en sorte de l'écrire en puisant dans mes propres expériences car je la dédie à mes frères de race et j'ai cherché à l'écrire avec le cœur.
Son ami a compris quelle était son intention et, avant de commencer les copies, il remarqua le style singulier et les idées grandioses et peu communes qui en ressortaient.
Paul ne cessait de travailler au bénéfice de chacun. Sa situation en tant que prisonnier était la plus réconfortante possible. Il était devenu le bienfaiteur dévoué de tous les gardes qui témoignaient de son effort apostolique. Il soulageait les cœurs avec les joies de la Bonne Nouvelle pour certains ; pour d'autres, il les guérissait de maladies chroniques et douloureuses. Très souvent, ces bienfaits ne se restreignaient pas à l'intéressé parce que les légionnaires romains amenaient leurs parents, leurs proches et leurs amis pour qu'ils bénéficient du contact de cet homme voué à la bonté de Dieu. Dès le troisième jour, il cessa d'être ligoté car les soldats le dispensèrent de cette formalité, surveillant à peine sa porte comme de simples amis. Il n'était pas rare que ces militaires bénévoles l'invitent à se promener en ville, spécialement le long de la voie Appienne qui était devenue son lieu de prédilection.
Touché, l'apôtre remerciait ces preuves de condescendance.
Les bienfaits de cette convivialité devenaient quotidiennement plus évidents. Impressionnés par son dialogue éducatif et ses manières attentionnées, de nombreux légionnaires qui jusqu'à présent étaient incorrigibles et négligents se transformèrent en des éléments utiles à l'administration et à la société. Les gardes commencèrent à se disputer la tâche de sentinelle devant sa porte, ce qui était une grande preuve de sa valeur spirituelle.
Visité sans cesse par des frères et des émissaires de ses chères églises de Macédoine et d'Asie, il redoublait d'efforts à la tâche d'assistance aimante auprès de ses amis et de ses lointains collaborateurs à travers ses lettres profondément inspirées.
Cela faisait presque deux ans que son recours à César gisait oublié sur les tables des juges indolents quand surgit un événement d'une grande importance. Un beau jour, un ami légionnaire amena au converti de Damas un homme aux traits musclés et énergiques, d'une quarantaine d'années. Il s'agissait d'Acacius Domicius, un personnage d'une grande influence politique et qui depuis quelque temps était devenu aveugle dans de mystérieuses circonstances.
Paul de Tarse l'accueillit avec bonté et après avoir imposé ses mains en lui disant ce que Jésus désirait de ceux qui profitaient de sa générosité, il s'exclama bouleversé :
Frère, maintenant, je t'invite à voir, au nom du Seigneur Jésus-Christ !
Je vois ! Je vois ! - s'est écrié le Romain pris d'une joie infinie. Immédiatement dans un mouvement instinctif, il s'est agenouillé en sanglots et a murmuré :
Votre Dieu est véritable !...
Profondément reconnaissant à Jésus, l'apôtre lui donna le bras pour le relever et sur le champ, Domicius voulut connaître le contenu spirituel de la nouvelle doctrine, afin de se réformer et de changer de vie. Empressé, il nota les informations relatives au procès de l'ex- rabbin assurant en le quittant :
Dieu m'aidera à rendre le bien que vous m'avez fait ! Quant à votre situation, ne doutez pas des résultats mérités car dès la semaine prochaine, nous aurons résolu le procès avec l'absolution de César !
Et effectivement, quatre jours plus tard, le vieux serviteur de l'Évangile fut appelé à déposer. Conformément aux règles en vigueur, il comparut seul devant les juges pour répondre avec son admirable présence d'esprit aux moindres questions qui lui furent posées. Les magistrats patriciens constatèrent l'inconsistance de la déclaration, l'infantilité des arguments présentés par le Sanhédrin, et tout en restant attentif à la situation politique d'Acacius qui avait engagé dans cette action tous les bons offices dont il pouvait disposer, comme à la profonde sympathie que la figure de l'apôtre éveillait en tout un chacun, ils ont instruit le procès avec les plus nobles appréciations, le rendant par l'intermédiaire de Domicius au verdict de l'Empereur.