Hier, le 29, le tems a été si mauvais, que je n’ai pu faire toutes les courses, que je m’étais proposées. Celles que j’ai faites ont été sans succès. Aujourd’hui, on m’a formellement refusé; mais je ne perds pas courage et je vais tout de suite chez Brimer, duquel enfin malgré sa maladie, j’ai obtenu une audience.
30. Le Général Brimer est très malade et ne m’a pas reçu. De chez lui, désespérant de voir jamais cette affaire terminée et fâché contre tout le monde je suis allé chez le prince Bagration8
et je lui ai conté ma peine. — Comme c’est un très brave homme il a voulu m’aider et m’a engagé d’aller avec lui chez le Gen. Wolff9 chef de l’état major et par conséquent aussi le chef de Brimer. — Celui-là après que je lui ai exposé mon affaire m’a tout de suite promis, que tout serait fait dans quelques jours. — Me voilà donc de nouveau obligé à attendre, mais pour cette fois, au moins ce ne sera pas pour rien. —31. Ce matin je suis allé à l’état major. — On m’a dit que probablemsnt le General Wolff s’était trompé puisque cette affaire ne le concerne pas. — De nouveau j’ai désesperé et de nouveau je suis allé chez Wolff pour lui demander l’explication de ce mésentendu. — Il m’a dit, qu’il ne s’était pas trompé et que je n’avais qu’à présenter ma supplique;10
mais comme la chancellerie a été fermée, je n’ai pas eu le temps de la présenter aujourd’ hui et comme demain c’est le jour de I’аn et qu’on ne s’occupe pas d’affaires, voilà de nouveau l’affaire en suspens et, ce qui plus, est incertaine. Je n’ai jamais cru avoir assez de patience pour pouvoir supporter tous ces désagréments. Depuis 5 mois, malgré toutes mes démarches non seulement je n’ai rien obtenu; mais je ne sais rien de positif. — Le petit démon, chargé de me chicaner ne cesse de s’amuser à mes dépens. —3 Janvier. Enfin aujourd’hui j’ai reçu l’ordre de partir pour rejoindre ma batterie et je ne suis plus колеж-регистр.; mais ферверкеръ 4-го класса.12
Vous ne sauriez [croire] combien cela me fait plaisir. — Combien de gens dans la même position que moi, auraient envisagé pour le [plus] grand des malheurs, ce que je regarde comme la chose au monde la plus agréable. — Ce n’est pas par enfantillage que je trouve tant de plaisir à endosser l’uniforme de soldat; mais je suis content parceque enfin je réussis dans une chose à laquelle je travaillais et que je desirais depuis bien longtems, parceque rien ne me retient plus à Tiffliss où je m’ennuie à mourir, parceque je sais que cela vous fera plaisir et aussi parceque je suis content de n’être plus libre. — Il vous paraîtra peut- être étrange, que je désire ne pas être libre. — Il y a trop longtems que je suis libre en tout; et il me paraît, que cet excès de liberté est la cause principale de mes fautes et que c’est même un mal. —