Читаем Révolte sur la Lune полностью

Je ne comprends pas non plus le comportement des Lunatiques dans cette affaire. Finn, au moyen de sa milice, avait fait passer la consigne d’évacuation de Tycho-Inférieur ; Prof l’avait répété à la vidéo. Il n’y avait d’ailleurs pas de problème car Tycho-Inférieur était assez petit pour que Novylen et L City puissent abriter et ravitailler tous ses habitants. Nous disposions de capsules en assez grand nombre pour les évacuer en moins de vingt heures, les entasser provisoirement dans Novylen et pour inciter la moitié de la population à aller à L City. Beaucoup de travail, mais c’était faisable. Naturellement, des problèmes mineurs subsistaient : commencer à compresser l’air de la ville au cours de l’évacuation, afin de le récupérer, et le décompresser complètement à la fin pour réduire les dégâts ; trouver le ravitaillement suffisant en temps utile ; assurer le coffrage des tunnels agricoles, et ainsi de suite. Mais nous étions à même de faire tout cela et nous disposions d’assez de main-d’œuvre avec les stilyagi, la milice et le personnel municipal.

L’évacuation avait-elle commencé ? Écoutez donc cette rumeur silencieuse !

De nombreuses capsules se trouvaient déjà à Tycho-Inférieur, en si grand nombre que nous ne pouvions plus en envoyer avant que les premières ne dégagent la route. Mais elles ne démarraient pas.

— Mannie, m’a dit Finn, je ne crois pas qu’ils vont évacuer.

— Merde ! ai-je crié. Il faut absolument qu’ils évacuent. Quand nous aurons un écho de fusée en direction de Tycho-Inférieur, ce sera trop tard. Les gens vont s’affoler et nous aurons des embouteillages monstres, ils vont tous se précipiter dans les capsules et il n’y aura pas de place pour tout le monde. Finn, il faut absolument que tes gars les y obligent.

Prof a secoué la tête.

— Non, Manuel.

Je lui ai répondu de façon assez brutale :

— Prof, vous poussez votre conception de la « non-violence » un peu trop loin ! Vous savez bien que cela va provoquer des émeutes !

— Nous les laisserons se battre s’il le faut. Mais nous allons continuer à faire usage de la persuasion, pas de la force. Revoyons maintenant nos plans.

Cela n’avait pas grand intérêt mais c’était ce que nous pouvions faire de mieux. Nous avons averti tout le monde qu’il fallait s’attendre à un bombardement et à une invasion, ou au moins à l’une de ces deux menaces. Nous avons envoyé les patrouilles de la milice de Finn au-dessus de tous les terriers pour surveiller si les croiseurs allaient déboucher de notre face aveugle, Farside, et quand, car nous ne voulions pas nous retrouver de nouveau coincés. À tous les terriers, pression maximum et que tout le monde mette sa combinaison pressurisée. Pour tous les militaires et les organisations paramilitaires, alerte bleue prévue à 16 heures samedi, alerte rouge s’il y avait envoi de fusées ou si les vaisseaux modifiaient leur route. Les canonniers de Brody étaient invités à aller en ville, à se soûler ou à faire ce qu’ils voulaient, mais à regagner leur poste à 15 heures samedi… Une idée de Prof. Finn voulait garder la moitié de ses effectifs en alerte mais Prof avait dit que non, qu’ils seraient tous en bien meilleure forme pour une longue veille s’ils commençaient par se détendre et par s’amuser, et j’ai été de l’avis de Prof.

Pour le bombardement de Terra, nous n’avons effectué aucune modification au cours de la première rotation. Nous recevions des réponses angoissées de l’Inde mais pas de nouvelles de la Grande Chine. D’ailleurs, l’Inde n’avait pas tellement à s’en faire, nous ne l’avions pas quadrillée car c’est une région trop peuplée. Nous avions bien choisi quelques objectifs dans le désert de Thar et sur des sommets montagneux, mais la plupart des autres objectifs se trouvaient au large des ports maritimes.

Nous aurions quand même dû choisir des montagnes plus hautes, ou alors donner moins d’avertissements : nous avons appris par les journaux qu’un saint homme, suivi d’une grande foule de pèlerins, avait décidé d’envoyer ses fidèles sur chaque objectif afin de repousser notre offensive par la seule force mentale.

Nous avons donc, une fois de plus, été des meurtriers. En outre, nos coups en plein océan ont tué des millions de poissons et de nombreux pêcheurs car ces derniers et les autres navigateurs n’avaient pas entendu nos avertissements.

Le gouvernement indien semblait aussi furieux pour les poissons que pour les pêcheurs… toutefois, le principe du caractère sacré de la vie ne s’appliquait pas à nous : il demandait tout simplement nos têtes.

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