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Révolte sur la Lune

Ils sont tous sur la Lune, les indésirables. Les fous, les truands, les contestataires, les déviationnistes, les affreux, les anars, les petits et les gros pirates. Au milieu du XXIe siècle. La Terre est communiste et néo-stalinienne et les enfants de la Lune refusent de de s'aligner. Ils sont encore plus à gauche. Et prêts à répondre, avec l'aide de Mike, le super-ordinateur. Prêts à riposter, à coups de cailloux, Marx, plus Archimède, plus David, plus quelques milliards de blocs-mémoires… C'est un autre octobre, demain…Traduction de Jacques de Tersac (1re ed. 1971) révisée par Nadia Fisher en 2005.

Robert A. Heinlein

Космическая фантастика18+

Robert A. Heinlein

Révolte sur la Lune

À Pete et à Jane Sencenbaugh

Première partie

L’ordinateur loyal

1

J’ai lu dans la Lunaïa Pravda que le Conseil Municipal de Luna City a adopté en première lecture un décret prévoyant la vérification, l’octroi de patentes, l’inspection (et la taxation) des distributeurs automatiques de comestibles fonctionnant sur le territoire de la municipalité. J’ai noté aussi que, cette nuit, doit se tenir une réunion publique destinée à organiser les assises des « Fils de la Révolution ».

Mon vieux m’a appris deux choses : « Mêle-toi de tes oignons » et « Coupe toujours les cartes ». La politique ne m’a jamais tenté. Mais ce lundi 13 mai 2075 je suis allé dans la salle des ordinateurs du Complexe de l’Autorité Lunaire, rendre visite à Mike, l’ordinateur en chef, tandis que les autres machines bavardaient tout bas entre elles. Mike n’était pas un nom officiel ; je l’avais surnommé ainsi en souvenir de Mycroft Holmes, personnage d’une histoire écrite par le docteur Watson avant que celui-ci eût fondé l’I.B.M. Mycroft se contentait de demeurer assis, occupé à penser – tout comme le faisait Mike. Mike, loyal et honnête, l’ordinateur le plus précis que vous ayez jamais rencontré.

Pas le plus rapide. Aux laboratoires Bell de Buenos Aires, en bas sur la Terre, ils ont un ordinateur dix fois moins gros qui peut répondre presque avant d’avoir été interrogé. Mais quel intérêt y a-t-il à obtenir une réponse en microsecondes plutôt qu’en millisecondes, pour autant qu’elle soit exacte ?

Non pas que Mike donnât obligatoirement une réponse juste : il n’était pas totalement honnête.

Quand on l’avait installé sur Luna, ce n’était qu’un simple ordinateur, une logique souple, un « surveillant multisélectif, logique, multidéterminant – Mark IV, Mod. L », un HOLMES QUATRE. Il calculait les trajectoires des cargos sans pilote et contrôlait leur catapultage – un travail qui occupait moins de 1 % de ses capacités. L’Autorité de Luna n’ayant jamais cru à l’oisiveté, on a donc continué à lui adjoindre de la quincaillerie – des réserves de « décision-action », afin de le laisser diriger les autres ordinateurs –, toujours plus de mémoires additionnelles, de terminaisons nerveuses associatives, un nouveau jeu de tubes à numération duodécimale et une mémoire temporaire fortement accrue. Le cerveau humain possède environ 10 puissance 10 neurones. Au bout de trois ans, Mike avait plus d’une fois et demie ce nombre de neuristors.

Et il s’est réveillé.

Je ne vais pas discuter pour savoir si une machine peut réellement vivre, si elle peut réellement avoir conscience d’elle-même. Un virus a-t-il conscience de lui-même ? Niet. Et les huîtres ? J’en doute fort. Un chat ? Presque certainement. Un humain ? Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, tovaritch, mais moi, je le suis. Quelque part le long de cette chaîne de l’évolution qui va de la macromolécule au cerveau humain, se glisse la conscience de soi. Les psychologues prétendent que cela se produit automatiquement chaque fois qu’un cerveau acquiert un très grand nombre de circuits associatifs. Je ne vois pas la différence entre des circuits à base de protéine et d’autres à base de platine.

(« L’âme » ? Un chien a-t-il une âme ? Et un cafard ?)

Rappelez-vous que Mike a été conçu, avant même qu’il ne soit achevé, pour résoudre des problèmes expérimentalement à partir de données insuffisantes, comme ceux qui se posent à vous ; c’est ce que signifient « multisélectif » et « multidéterminant » dans sa désignation. Ainsi, Mike a débuté dans la vie doué de « libre arbitre » et il en a acquis de plus en plus à mesure qu’on le complétait et qu’il apprenait – ne me demandez pas de définir ce qu’est le « libre arbitre ». Si cela vous fait plaisir de penser que Mike se contentait de jeter en l’air des chiffres au hasard et de relier entre eux les circuits qui convenaient, je ne vous en empêche pas.

Puis Mike a été doté d’un voder-vocoder – synthétiseur vocal – pour accompagner ses pointes de lecture, ses sorties papier et ses applications de fonctions ; il pouvait comprendre non seulement les programmations classiques mais aussi le logolien et l’anglais, il acceptait également toutes les autres langues, faisait des traductions techniques, et surtout lisait sans arrêt. Pour lui donner des instructions, il était cependant préférable de lui parler logolien. Avec l’anglais, les résultats pouvaient parfois s’avérer fantaisistes ; sa nature multivaleur donnait trop de latitude à ses circuits optionnels.

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