Читаем Sans famille полностью

Comme je demeurais troublé, les larmes dans les yeux, Vitalis me frappa doucement du bout du doigt sur la joue.

— Allons, dit-il, l’enfant comprend puisqu’il ne crie pas, la raison entrera dans cette petite tête, et demain…

— Oh ! monsieur, m’écriai-je ; laissez-moi à maman Barberin, je vous en prie !

Mais avant d’en avoir dit davantage, je fus interrompu par un formidable aboiement de Capi.

En même temps le chien s’élança vers la table sur laquelle Joli-Cœur était resté assis.

Celui-ci, profitant d’un moment où tout le monde était tourné vers moi, avait doucement pris le verre de son maître, qui était plein de vin, et il était en train de le vider. Mais Capi, qui faisait bonne garde, avait vu cette friponnerie du singe, et, en fidèle serviteur qu’il était, il avait voulu l’empêcher.

— Monsieur Joli-Cœur, dit Vitalis, d’une voix sévère, vous êtes un gourmand et un fripon ; allez vous mettre là-bas, dans le coin, le nez tourné contre la muraille, et vous, Zerbino, montez la garde devant lui ; s’il bouge, donnez-lui une bonne claque. Quant à vous, monsieur Capi, vous êtes un bon chien ; tendez-moi la patte que je vous la serre.

Tandis que le singe obéissait en poussant des petits cris étouffés, le chien, heureux, fier, tendait la patte à son maître.

— Maintenant, continua Vitalis, revenons à nos affaires. Je vous donne donc trente francs.

— Non, quarante.

Une discussion s’engagea ; mais bientôt Vitalis l’interrompit :

— Cet enfant doit s’ennuyer ici, dit-il ; qu’il aille donc se promener dans la cour de l’auberge et s’amuser.

En même temps il fit un signe à Barberin.

— Oui, c’est cela, dit celui-ci, va dans la cour, mais n’en bouge pas avant que je t’appelle, ou sinon je me fâche.

Je n’avais qu’à obéir, ce que je fis.

J’allai donc dans la cour, mais je n’avais pas le cœur à m’amuser. Je m’assis sur une pierre et restai à réfléchir.

C’était mon sort qui se décidait en ce moment même.

Quel allait-il être ? Le froid et l’angoisse me faisaient grelotter.

La discussion entre Vitalis et Barberin dura longtemps, car il s’écoula plus d’une heure avant que celui-ci vînt dans la cour.

Enfin je le vis paraître : il était seul. Venait-il me chercher pour me remettre aux mains de Vitalis ?

— Allons, me dit-il, en route pour la maison.

La maison ! Je ne quitterais donc pas mère Barberin ?

J’aurais voulu l’interroger, mais je n’osai pas, car il paraissait de fort mauvaise humeur.

La route se fit silencieusement.

Mais environ dix minutes avant d’arriver, Barberin qui marchait devant s’arrêta :

— Tu sais, me dit-il en me prenant rudement par l’oreille, que si tu racontes un seul mot de ce que tu as entendu aujourd’hui, tu le payeras cher ; ainsi, attention !

Chapitre 4

La maison maternelle

— Eh bien ! demanda mère Barberin quand nous rentrâmes, qu’a dit le maire ?

— Nous ne l’avons pas vu.

— Comment, vous ne l’avez pas vu ?

— Non, j’ai rencontré des amis au café Notre-Dame, et quand nous sommes sortis, il était trop tard ; nous y retournerons demain.

Ainsi Barberin avait bien décidément renoncé à son marché avec l’homme aux chiens.

En route je m’étais plus d’une fois demandé s’il n’y avait pas une ruse dans ce retour à la maison, mais ces derniers mots chassèrent les doutes qui s’agitaient confusément dans mon esprit troublé. Puisque nous devions retourner le lendemain au village pour voir le maire, il est certain que Barberin n’avait pas accepté les propositions de Vitalis.

Cependant malgré ses menaces j’aurais parlé de mes doutes à mère Barberin, si j’avais pu me trouver seul un instant avec elle, mais de toute la soirée Barberin ne quitta pas la maison, et je me couchai sans avoir pu trouver l’occasion que j’attendais.

Je m’endormis en me disant que ce serait pour le lendemain.

Mais le lendemain, quand je me levai, je n’aperçus point mère Barberin.

Comme je la cherchais en rôdant autour de la maison, Barberin me demanda ce que je voulais.

— Maman.

— Elle est au village, elle ne reviendra qu’après midi.

Sans savoir pourquoi, cette absence m’inquiéta. Elle n’avait pas dit la veille qu’elle irait au village. Comment n’avait elle pas attendu pour nous accompagner, puisque nous devions y aller après midi ? Serait-elle revenue quand nous partirions ?

Une crainte vague me serra le cœur ; sans me rendre compte du danger qui me menaçait, j’eus cependant le pressentiment d’un danger.

Barberin me regardait d’un air étrange, peu fait pour me rassurer.

Voulant échapper à ce regard, je m’en allai dans le jardin.

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