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Si je ne l’avais convaincu, me serait-il possible de convaincre le juge ? heureusement j’aurais des témoins qui parleraient pour moi ; et si le juge ne m’écoutait pas, au moins serait-il obligé d’écouter et de croire les témoignages qui m’innocenteraient.

Mais il me fallait ces témoignages.

Les aurais-je ?

Parmi les histoires de prisonniers que je savais, il y en avait une qui parlait des moyens qu’on employait pour communiquer avec ceux qui étaient enfermés : on cachait des billets dans la nourriture qu’on apportait du dehors.

Peut-être Mattia et Bob s’étaient-ils servis de cette ruse, et quand cette idée m’eut traversé l’esprit, je me mis à émietter mon pain, mais je ne trouvai rien dedans. Avec ce morceau de pain on m’avait apporté des pommes de terre, je les réduisis en farine ; elles ne contenaient pas le plus petit billet.

Décidément Mattia et Bob n’avaient rien à me dire, ou, ce qui était plus probable, ils ne pouvaient rien me dire.

Je n’avais donc qu’à attendre le lendemain, sans trop me désoler, si c’était possible ; mais par malheur cela ne me fut pas possible, et si vieux que je vive, je garderai, comme s’il datait d’hier le souvenir de la terrible nuit que je passai. Ah ! comme j’avais été fou de ne pas avoir foi dans les pressentiments de Mattia et dans ses peurs !

Le lendemain matin le geôlier entra dans ma prison portant une cruche et une cuvette ; il m’engagea à faire ma toilette, si le cœur m’en disait, parce que j’allais bientôt paraître devant le magistrat, et il ajouta qu’une tenue décente était quelquefois le meilleur moyen de défense d’un accusé.

Ma toilette achevée, je voulus m’asseoir sur mon banc, mais il me fut impossible de rester en place, et je me mis à tourner dans ma cellule comme les bêtes tournent dans leur cage.

J’aurais voulu préparer ma défense et mes réponses, mais j’étais trop affolé, et au lieu de penser à l’heure présente, je pensais à toutes sortes de choses absurdes qui passaient devant mon esprit fatigué, comme les ombres d’une lanterne magique.

Le geôlier revint et me dit de le suivre ; je marchai à côté de lui et après avoir traversé plusieurs corridors nous nous trouvâmes devant une petite porte qu’il ouvrit.

— Passez, me dit-il.

Un air chaud me souffla au visage et j’entendis un bourdonnement confus : j’entrai et me trouvai dans une petite tribune ; j’étais dans la salle du tribunal.

Bien que je fusse en proie à une sorte d’hallucination et que je sentisse les artères de mon front battre comme si elles allaient éclater, en un coup d’œil jeté circulairement autour de moi j’eus une vision nette et complète de ce qui m’entourait, — la salle d’audience et les gens qui l’emplissaient.

Elle était assez grande, cette salle, haute de plafond avec de larges fenêtres ; elle était divisée en deux enceintes ; l’une réservée au tribunal, l’autre ouverte aux curieux.

Sur une estrade élevée était assis le juge, plus bas et devant lui siégeaient trois autres gens de justice qui étaient, je le sus plus tard, un greffier, un trésorier pour les amendes, et un autre magistrat qu’on nomme en France le ministère public : devant ma tribune était un personnage en robe et en perruque, mon avocat.

Comment avais-je un avocat ? D’où me venait-il ? Qui me l’avait donné ? Était-ce Mattia et Bob ? c’étaient là des questions qu’il n’était pas l’heure d’examiner. J’avais un avocat, cela suffisait.

Dans une autre tribune j’aperçus Bob lui-même, ses deux camarades, l’aubergiste du Gros-Chêne, et des gens que je ne connaissais point, puis dans une autre qui faisait face à celle-là je reconnus le policeman qui m’avait arrêté ; plusieurs personnes étaient avec lui : je compris que ces tribunes étaient celles des témoins.

L’enceinte réservée au public était pleine ; au-dessus d’une balustrade j’aperçus Mattia, nos yeux se croisèrent, s’embrassèrent, et instantanément je sentis le courage me relever : je serais défendu, c’était à moi de ne pas m’abandonner et de me défendre moi-même ; je ne fus plus écrasé par tous les regards qui étaient dardés sur moi.

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