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Les chiens avaient pris leur parti de cette halte forcée, et s’étant tous les trois installés devant le feu, celui-ci couché en rond, celui-là étalé sur le flanc, Capi le nez dans les cendres, ils dormaient.

L’idée me vint de faire comme eux ; je m’étais levé de bonne heure, et il serait plus agréable de voyager dans le pays des rêves, peut-être sur le Cygne, que de regarder cette neige.

Je ne sais combien je dormis de temps ; quand je m’éveillai la neige avait cessé de tomber, je regardai au dehors ; la couche qui s’était entassée devant notre hutte avait considérablement augmenté ; s’il fallait se remettre en route, j’en aurais plus haut que les genoux.

Quelle heure était-il ?

Je ne pouvais pas le demander au maître, car en ces derniers mois les recettes médiocres n’avaient pas remplacé l’argent que la prison et son procès lui avaient coûté, si bien qu’à Dijon, pour acheter ma peau de mouton et différents objets pour lui et pour moi, il avait dû vendre sa montre, la grosse montre en argent sur laquelle j’avais vu Capi dire l’heure, quand Vitalis m’avait engagé dans la troupe.

C’était au jour de m’apprendre ce que je ne pouvais plus demander à notre bonne grosse montre.

Mais rien au dehors ne pouvait me répondre : en bas, sur le sol, une ligne blanche éblouissante : au-dessus et dans l’air un brouillard sombre ; au ciel une lueur confuse, avec ça et là des teintes d’un jaune sale.

Rien de tout cela n’indiquait à quelle heure de la journée nous étions.

Les oreilles n’en apprenaient pas plus que les yeux, car il s’était établi un silence absolu que ne venait troubler ni un cri d’oiseau, ni un coup de fouet, ni un roulement de voiture ; jamais nuit n’avait été plus silencieuse que cette journée.

Avec cela régnait autour de nous une immobilité complète ; la neige avait arrêté tout mouvement, tout pétrifié ; de temps en temps seulement, après un petit bruit étouffé, à peine perceptible, on voyait une branche de sapin se balancer lourdement ; sous le poids qui la chargeait, elle s’était peu à peu inclinée vers la terre, et quand l’inclinaison avait été trop raide, la neige avait glissé jusqu’en bas ; alors la branche s’était brusquement redressée, et son feuillage d’un vert noir tranchait sur le linceul blanc qui enveloppait les autres arbres depuis la cime jusqu’aux pieds, de sorte que lorsqu’on regardait de loin on croyait voir un trou sombre s’ouvrir çà et là dans ce linceul.

Comme je restais dans l’embrasure de la porte, émerveillé devant ce spectacle, je m’entendis interpeller par mon maître.

— As-tu donc envie de te remettre en route ? me dit-il.

— Je ne sais pas ; je n’ai aucune envie ; je ferai ce que vous voudrez que nous fassions.

— Eh bien, mon avis est de rester ici, où nous avons au moins un abri et du feu.

Je pensai que nous n’avions guère de pain, mais je gardai ma réflexion pour moi.

— Je crois que la neige va reprendre bientôt, poursuivit Vitalis, il ne faut pas nous exposer sur la route sans savoir à quelle distance nous sommes des habitations ; la nuit ne serait pas douce au milieu de cette neige ; mieux vaut encore la passer ici ; au moins nous aurons les pieds secs.

La question de nourriture mise de côté, cet arrangement n’avait rien pour me déplaire ; et d’ailleurs en nous remettant en marche tout de suite, il n’était nullement certain que nous pussions, avant le soir, trouver une auberge où dîner, tandis qu’il n’était que trop évident que nous trouverions sur la route une couche de neige qui n’ayant pas encore été foulée, serait pénible pour la marche.

Il faudrait se serrer le ventre dans notre hutte, voilà tout.

Ce fut ce qui arriva lorsque, pour notre dîner, Vitalis nous partagea entre six ce qui restait de la miche.

Hélas ! qu’il en restait peu, et comme ce peu fut vite expédié, bien que nous fissions les morceaux aussi petits que possible, afin de prolonger notre repas.

Lorsque notre pauvre dîner si chétif et si court fut terminé, je crus que les chiens allaient recommencer leur manége du déjeuner, car il était évident qu’ils avaient encore terriblement faim. Mais il n’en fut rien, et je vis une fois de plus combien vive était leur intelligence.

Notre maître ayant remis son couteau dans la poche de son pantalon, ce qui indiquait que notre festin était fini, Capi se leva et après avoir fait un signe de tête à ses deux camarades, il alla flairer le sac dans lequel on plaçait habituellement la nourriture. En même temps il posa délicatement la patte sur le sac pour le palper. Ce double examen le convainquit qu’il n’y avait rien à manger. Alors il revint à sa place devant le foyer, et après avoir fait un nouveau signe de tête à Dolce et à Zerbino, il s’étala tout de son long avec un soupir de résignation.

— Il n’y a plus rien ; il est inutile de demander.

Ce fut exprimé aussi clairement que par la parole.

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