Читаем Sept jours pour une éternité… полностью

Zofia reconnut Michaël dès qu'il apparut au bout du couloir, son visage s'éclaira aussitôt. La chevelure grisonnante toujours un peu en broussaille, les pattes épaisses qui allongeaient ses traits et cet irrésistible accent écossais (certains prétendaient qu'il l'avait emprunté à sir Sean Connery, dont il ne ratait jamais aucun film) lui donnaient une allure dont l'âge n'altérerait jamais l'élégance. Zofia adorait la façon que son parrain avait de faire chuinter les s, mais elle raffolait encore plus de la petite fossette qui se formait sur son menton quand il souriait. Depuis son arrivée à l'Agence, Michaël était son mentor, son modèle éternel. Au fur et à mesure qu'elle avait gravi les échelons de la hiérarchie, il avait accompagné chacun de ses pas et s'était toujours arrangé pour que rien de négatif ne figurât à son dossier. À force de patientes leçons et d'attentions dévouées, il avait toujours valorisé les qualités précieuses de sa protégée. Sa générosité rarement égalée, son à-propos, la vivacité de son âme sincère, compensaient les légendaires reparties de Zofia qui surprenaient parfois ses pairs. Quant à la façon parfois peu orthodoxe qu'elle avait de s'habiller… tout le monde savait bien ici, et depuis fort long temps, que l'habit ne faisait pas le moine.

Michaël avait toujours soutenu Zofia car il avait identifié en elle, aux premiers instants de son admission, un membre d'élite, et il avait toujours veillé à ce qu'elle-même ne le sache jamais. Personne n'aurait osé contester ses vues: il était reconnu pour son autorité naturelle, sa sagesse et sa dévotion. Depuis la nuit des temps, Michaël était le numéro deux de l'Agence, le bras droit du grand Patron que tout un chacun appelait ici-haut Monsieur.

Un dossier sous le coude, Michaël passa devant Zofia. Elle se leva pour l'embrasser.

– C'est doux de te revoir! C'est toi qui m'as fait appeler?

– Oui, enfin pas tout à fait, reste là, dit Michaël. Je vais certainement venir te chercher.

Il avait l'air tendu, ce qui ne lui ressemblait pas.

– Qu'est-ce qui se passe?

– Pas maintenant, je t'expliquerai plus tard, et tu me feras le plaisir d'enlever ce bonbon de ta bouche avant que…

La réceptionniste ne lui laissa pas le temps d'achever sa recommandation, il était attendu. Il s'engagea dans le couloir d'un pas pressé et se retourna pour la rassurer d'un regard. À travers la cloison il entendait déjà les bribes de la conversation qui s'envenimait dans le grand bureau.

– Ah non, pas à Paris! Ils sont tout le temps en grève… ce serait beaucoup trop facile pour toi, il y a des manifestations quasi quotidiennes… N'insiste pas… depuis le temps que ça dure, je ne les vois pas s'arrêter demain pour nous faire plaisir!

Un court silence encouragea Michaël à lever le bras pour frapper à la porte, mais il interrompit son geste en entendant la voix de Monsieur reprendre un ton plus fort:

– L'Asie et l'Afrique non plus!

Michaël recourba l'index, mais la main s'immobilisa à quelques centimètres du battant car à nouveau la voix s'élevait, résonnant cette fois jusque dans le corridor.

– Le Texas, pas question! Pourquoi pas en Alabama tant que tu y es?!

Il fit une nouvelle tentative, sans plus de succès, néanmoins la voix s'était apaisée.

– Que penserais-tu d'ici? Ce n'est pas une mauvaise idée après tout… ça nous évitera des déplacements inutiles et depuis le temps que nous nous disputons ce territoire. Va pour San Francisco!

Le silence indiqua que le moment était venu. Zofia sourit timidement à Michaël alors qu'il pénétrait dans le bureau de Monsieur. La porte se referma derrière lui, Zofia se retourna vers la réceptionniste.

– Il est nerveux, non?

– Oui, depuis le lever du jour occidental, répondit-elle évasivement.

– Pourquoi?

– J'entends beaucoup de choses ici, mais je ne suis quand même pas dans le secret de Monsieur… et puis vous connaissez la règle, je ne dois rien dire, je tiens à ma place.

Elle réussit au prix de grands efforts à garder le silence plus d'une petite minute et reprit:

– Tout à fait confidentiellement, et de vous à moi, je peux vous assurer qu'il n'est pas le seul à être tendu. Raphaël et Gabriel ont travaillé toute la nuit occidentale, Michaël les a rejoints au crépuscule oriental, cela doit être sacrément sérieux.

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