Читаем Tango chinetoque полностью

— Tu serais arrivé un poil plus tôt que tu nous eusses gênés, avoue-t-il. Mademoiselle et moi on s'est découvert un penchant commun, il était même tellement penché qu'on s'est retrouvés à l'horizontale, pas vrai, ma gosse ? ajoute-t-il en plaquant une claque vibrante sur le fessier de Ko Man Kélé. Comblée, la femme sourit gauchement et cache son émoi dans l'épaule de son vainqueur.

— Elle a que vingt ans, l'excuse Béru en berçant tendrement son tombereau de sain-doux, on est pudique à c't'âge-là !

Nous procédons à une toilette très poussée. Ko Man Kélé nous prête son rasoir et bientôt nous ressemblons, Bérurier et moi, à deux hommes civilisés.

— Vous tenez vraiment à partir tout de suite ? demande-t-elle en louchant sur le Casanova des faubourgs.

— Faut bien, môme, dit le Gros en lui massant les hémisphères d'un geste courtois. Y'a pas de raison que notre président fasse sa culture physique en plein soleil sur la grand-place de Pékin et que nous autres on joue les désœuvrés.

Il est tout ragaillardi, l'Alexandre-Benoît. Il piaffe comme un bon bourrin qui se sent regardé par Léon zitrone.

— Je vais vous conduire, soupire la tendre Ko Man Kélé, laquelle n'est plus jeune fille si elle est encore chinoise.

— De quelle manière ? m'inquiété-je.

— Suivez-moi, vous allez comprendre !

Nous retournons dans la salle où nous avons dormi. Cette fois elle actionne la lumière et nous poussons, mon grand Tamis et moi-même un cri de surprise. Tout autour de la pièce, sur des dalles de marbres, sont installés des cadavres. Il y a là des femmes, des hommes, des vieux, des jeunes.

Je pige maintenant l'origine de cette sournoise odeur qui me tarabustait les trous de nez. Nous avons dormi dans une morgue. Ko Man Kélé nous sourit.

— Je n'avais que cette pièce pour vous cacher, explique-t-elle, je n'ai pas voulu vous dévoiler son usage avant votre sommeil. C'est ici que j'embaume mes clients.

Bérurier lui fait gouligouli sous les bajoues.

— Voyez-moi cette friponne qui nous file le Père Lachaise en guise de chambre à coucher ! Petite cachottière, va !

La môme nous entraîne vers le fond de la pièce. Des cercueils s'y trouvent empilés.

— Choisissez-en deux à votre taille, recommande-t-elle. Je vous transporterai jusqu'aux rizières dans mon fourgon mortuaire. Seulement, comme il y a plein de patrouilles armées sur la route, il vaut mieux jouer le jeu jusqu'au bout !

— Jusqu'au bout ! Comme tu y vas, ma gosse ! pouffe Béru. Je veux bien voyager dans une de tes boîtes à viande froide, mais en qualité de vivant à part entière !

Nous nous mettons en devoir de choisir notre cercueil. C'est une besogne ingrate, qui invite à philosopher. (On se croirait un peu au décrochez-moi-ça !)

Je m'en prends un rouge avec des lettres dorées. Béru, lui, soucieux de son confort, exige une bière capitonnée. Malheureusement l'unique modèle susceptible de l'héberger n'est pas assez haut pour lui, qui possède une cage thoracique très développée et le couvercle force un peu pour se fermer.

— Ça ne fait rien, décide-t-il, je garde tout de même ce pardingue, simplement je boutonnerai que le bouton du milieu.

<p>CHAPITRE QUINZE</p>

Allongé dans un cercueil chinois avec une mitraillette pour compagne, voilà un sort qui n'a rien d'enviable. D'autant que la môme Ko Man Kélé, soucieuse de nous soustraire à la sagacité des flics, a tenu à nous passer sur la frite une espèce de laque jaune qui nous déguise en cadavre chinetoque et à parfumé nos bières au baume Bing Gué. Je me fais un peu l'effet d'être mort pour de bon.

Je me dis qu'il est bien dommage qu'on ne fasse pas faire aux vivants une répétition de leurs obsèques, histoire de les inciter à la méditation. Ils feraient un tour sur eux-mêmes, les pauvres bipèdes, et ils pigeraient enfin à quel point il ne leur aura servi de rien de s'être astiqué le palpitant, déconnecté le système nerveux, d'avoir pris du bide, perdu des tifs, sollicité la Légion d'honneur, fait appel aux huissiers, d'avoir troussé des pas fraiches par cupidité, négligé des juteuses par peur du scandale et besogné leurs bobonnes par devoir ou par habitude. Il ne leur aura servi de rien d'avoir fait des gosses ; des guerres et des vacheries, d'avoir tiré des traites ou d'en avoir payé, d'avoir fait des régimes et du régiment, d'avoir menti, de s'être vendu à force de trop louer les autres, de s'être fait considérer par les Grecs, de s'être fait bénir contre-remboursement, de s'être fait curé, curer et récurer, d'avoir eu leur nom dans le kilo et l'air cucu sur la photographie prise au cours du banquet donné en l'honneur de qui que vous soyez !

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