Mes rapports avec la famille Obrescoff sont toujours de la nature la plus satisfaisante. Je dîne tous les jours chez eux comme par le passé et j’y passe ordinairement ma soirée. Ce n’est pas que je m’y amuse excessivement. Cette intimité forcée a même quelque chose qui me gêne parfois. Mais ce n’est pas à changer. Il leur venait un peu plus de monde dans ces derniers temps. Mais maintenant que le théâtre s’est rouvert tout cela va cesser. Sa femme est déjà très avancée dans sa grossesse. C’est à la fin de janvier qu’elle doit accoucher. Elle est très bien jolie, ayant beaucoup de tact, de la tenue. Mais elle dépérit d’ennui ici. En effet, il n’est pas agréable, après cinq ans du séjour dans un pays, de s’y trouver aussi étrangers qu’ils le sont ici. Et il faut le dire, la faute n’en est pas toute entière à la société de Turin.
La mission vient de s’accroître d’un jeune attaché, un Mr
J’ai reçu dernièrement une lettre de Potemkine en réponse à celle que je lui avais écrite de Gênes*. Il ne ferait qu’arrêter à Rome, et s’y trouvait encore tout dépaysé. Sa lettre, comme d’ordinaire, est pleine d’amitié. Il en a écrit en même temps et de son propre mouvement, une autre à Obrescoff pour me recommander instamment à lui, le brave, cher homme. C’est un crime au Vice-Chancelier de désunir deux cœurs, si bien faits l’un pour l’autre.
Je suppose, d’après ce que vous me dites de la prolongation de congé accordé à Nicolas, que cette lettre ne le trouvera plus à Pétersb