Nous louons l'auteur d'avoir eu le soin de ne pas rappeler de la tombe Marat pour lui faire jouer le r^ole d'un chacal enrag'e, – de cet homme-loup, d'epeint par la tante de Charlotte, de ce maniaque sanguinaire d'epeint par Barbaroux. Non, Marat est repr'esent'e, comme nous le connaissons, aigri, maladif, atrabilaire, fanatique, soupconneux, le grand inquisiteur de la R'evolution, «le Lazare maudit qui a souffert avec le Peuple et qui a 'epous'e sa haine, sa vengeance!»
C'est bien dommage que l'auteur ait d'evi'e de cette route dans la derni`ere sc`ene, o`u Danton et Charlotte Corday mettent, pour ainsi dire, les points sur les i. Quelle froideur dans cette sc`ene! Qu'elle est peu naturelle! Qu'elle est longue! La pi`ece pouvait tr`es bien finir par la r'eponse de Danton `a Charlotte,questionn'e sur l'effet produit par la mort de Marat: «Vous avez pr'epar'e son apoth'eose!» Le spectateur aurait pu achever l'ironie, en pensant que, de l'autre c^ot'e, la fin tragique de Marat, `a son tour, avait 'elev'e le pi'edestal d'une autre divinit'e – Charlotte Corday, pauvre fille enthousiaste! Elle 'etait atteinte de cette fi`evre g'en'erale, qui embrasait `a cette 'epoque ardente le sang de tous les hommes, le sang de Marat comme le sien. Elle s'est d'evou'ee au crime comme Karl Sand, sans avoir pour excuse dixneuf ans et une ob'eissance aveugle. On en a fait un «ange de l'assassinat», lorsqu'elle n''etait qu'une sombre fanatique. Sa haine contre Marat est une monomanie. Pourquoi veut-elle le tuer, lui et non Robespierre, qui 'etait plus dangereux pour ses amis, les girondins. Une monomanie ne peut int'eresser que sous le point de vue pathologique.
Le peu d'int'er^et v'eritable qui s'attachait `a la personne de Charlotte Corday a beaucoup influ'e sur la pi`ece. Un assassin peut tr`es bien ^etre le h'eros d'une trag'edie, mais pour cela il faut qu'il ait 'et'e encore quelque
L'auteur a cr'e'e une Charlotte, une Charlotte qui parle beaucoup et comme un livre. On ne commence `a s'int'eresser `a elle que lorsqu'elle entre dans la chambre de Marat; et pourtant on frissonne `a la pens'ee que l`a, derri`ere ce rideau, se commet un crime.
Il y avait m^eme quelque chose de p'enible dans ces bouquets qui sont tomb'es aux pieds de M-lle Judith au moment o`u elle sortait couverte de sang. M-lle Judith a certainement m'erit'e ces bouquets. Dieu nous garde de penser crue ce n'est pas `a l'artiste, mais `a l'acte m^eme que s'adressaient ces marques de sympathie, mais elles auraient 'et'e certainement mieux plac'ees au dernier acte.
Nous r'eservons tous les d'etails pour un second article. En parlant de la pi`ece de M. Ponsard, nous ferons conna^itre `a nos lecteurs une trag'edie pleine de grandes beaut'es qui a paru il y a cinq ou six ans en Allemagne, intitul'ee
Le talent avec lequel les artistes ont ressuscit'e les hommes qu'ils repr'esentaient, ne laisse rien `a d'esirer. Geoffroy a 'et'e terrible de v'erit'e; il a 'et'e encore plus vrai si c'est possible que ses coll`egues qui repr'esentaient Danton et Robespierre avec une connaissance profonde de ces grandes figures de l'histoire.
<Шарлотта Корде>*
Да! Свойственна лишь жалким поколеньям
Позорная боязнь событий и идей.
(Понсар. Пролог к «Шарлотте Корде»)
ТЕАТР РЕСПУБЛИКИ: первое представление «Шарлотты Корде», драмы в стихах, в пяти действиях и восьми картинах; соч. г. Понсара. – Общий взгляд.
Что за мрачная мысль подсказала поэту эти стихи! Как! Просить извинения, у парижской публики, за то, что у тебя нашлось достаточно смелости воскресить эпизод из великой эпопеи, называемой Французской (всеобщей, хотел я сказать) революцией… Да! Это смелость, но смелость совершенно иного рода, чем та, которая подразумевается прологом.
Французская революция! Да знаете ли вы, что, породив такую эпоху, человечество отдыхает целые столетия? Дела и люди этих торжественных дней истории остаются подобно маякам, предназначенным освещать дорогу человечеству: они сопровождают человека из поколения в поколение, служа ему наставлением, примером, советом, утешением, поддерживая его в бедствиях и еще более в счастии.
Одни лишь гомеровские герои, великие люди древности да чистые и прекрасные личности первых веков христианства достойны разделить это право с героями Революции.