Oh! le bourreau joue un grand r^ole chaque fois qu'on crucifie un monde nouveau – ou qu'on guillotine un vieux spectre!
Et `a propos du Calvaire et des bourreaux, passons aux pers'ecutions des chr'etiens, passons aux fragments de M. Capefigue, si vous n'avez pas une bonne histoire des premiers si`ecles sous main. Ou, ce qui est bien mieux, ouvrons Tertullien et les premiers P`eres, d'un c^ot'e, et les 'ecrits des d'efenseurs de l'ordre, des conservateurs romains, de l'autre. M^eme lutte, m^eme acharnement, m^eme 'energie, exprim'es dans les m^emes termes. Les chr'etiens sont trait'es par Celse ou Julien comme des r^eveurs, des utopistes, comme des visionnaires; ils sont fl'etris parle nom d'ennemis de l'Etat, de la famille, de la propri'et'e, comme assassins d'enfants. – On croit lire un premier-Paris enrag'e du
Si les amis de l'ordre romain ne provoquaient pas `a des massacres, c'est que le paganisme 'etait plus humain, plus tol'erant que les conservateurs hauts bourgeois et orthodoxes, c'est que Rome antique ne connaissait pas encore l'exp'edient catholique des Saint-Barth'el'emy, glorifi'e jusqu'`a nos jours par les fresques du Vatican. L'esprit est le m^eme; s'il y a une diff'erence, elle n'existe que dans les calculs et les individualit'es; c'est la diff'erence entre le rapporteur Bauchard et le rapporteur Pline, entre la cl'emence de C'esar Trajan, son horreur des d'enonciations, et la cl'emence de C'esar Cavaignac, qui ne partageait pas cette susceptibilit'e, et notez bien que cette diff'erence est un v'eritable progr`es: le pouvoir a tellement baiss'e, qu'un Pline ou un Trajan devient aujourd'hui impossible, `a la t^ete d'un Etat ou d'une comission d'enqu^ete.
Les moyens de r'epression eux-m^emes se ressemblent parfaitement. On fermait les clubs chr'etiens, on d'efendait leurs banquets fraternels; on jugeait ces sectaires, on les condamnait sans les entendre. Tertullien proteste comme Michel (de Bourges), avec indignation, contre cette iniquit'e, dans sa c'el`ebre lettre au s'enat romain.
Les chr'etiens sont mis hors la loi; on les tracasse, on les maltraite, on les emprisonne, on les jette aux b^etes f'eroces, quelque chose, `a Rome, dans le genre des sergents de ville… Cela ne suffit pas… la propagande va son train; les condamn'es ne sont pas fl'etris; au contraire, ils sont f^et'es par leurs co-religionnaires, comme les condamn'es de Bourges. Alors, le plus grand repr'esentant de l'ordre antique, Diocl'etien, frappe le grand coup: il organise une pers'ecution g'en'erale, une v'eritable extermination.
Eh bien! En dernier r'esultat, qu'a fait Rome avec sa civilisation, avec ses l'egions, avec sa «tabula», ses bourreaux, ses b^etes f'eroces, ses pamphl'etaires et ses massacres?
Elle a prouv'e jusqu'`a quel point de cruaut'e peut aller, chez le conservateur, le soldat qui ne sait qu'ob'eir, le juge qui se confond avec le bourreau, et en m^eme temps elle a prouv'e l'insuffisance de ces moyens contre le verbe, contre la propagande et la conviction.
Remarquez-le bien, le vieux monde avait quelquefois raison contre les chr'etiens qui en sapaient les bases au nom d'une doctrine utopique et irr'ealisable. Les conservateurs peuvent quelquefois aussi avoir raison contre les socialistes.
Mais `a quoi cela a-t-il servi?
Le temps de Rome 'etait pass'e; le temps de l'Evangile 'etait venu.
A quoi ont abouti toutes ces f'erocit'es, toutes ces pers'ecutions, ces r'eactions, le cri de rage et de d'esespoir de l'empereur Julien, le plus heureux des restaurateurs? Au cri que vous connaissez: Tu as vaincu, Galil'een!
Cologne, le 10 mars 1850
Долг прежде всего*
(Повесть эта не была нигде напечатана)
«Я считал бы себя преступным, если б не исполнил и в сей настоящий год, как в многие прошлые, священного долга моего и не принес бы вашему превосходительству наиусерднейшее поздравление с наступающим высокоторжественным праздником, – ничто в мире не может отвлечь меня от обязанностей, исполнять которые я привык от младых дней моих».
Декабрьское письмо, № 41, 518.
Пролог, т. е. часть, предшествующая первой части