La grande diff'erence entre les r'evolutionnaires politiques et les socialistes consiste en ce que les hommes politiques voulaient faire des r'eformes et des am'eliorations en restant sur le m^eme terrain que le monde catholique. Le socialisme, au contraire, a proclam'e la n'egation la plus compl`ete de l'ordre des choses existant, il a ni'e la monarchie et la repr'esentation souveraine, les tribunaux et les droits, le code civil et le code criminel, il a ni'e l'Europe f'eodale, catholique, comme le faisaient, par rapport `a Rome, Saint Paul ou Saint Augustin, ces hommes qui disaient en face aux Romains: «Pour nous, vos vertus sont des vices, votre sagesse est folie; comme il en est pour vous de notre sainte foi».
Une pareille n'egation, si elle s'enracine et se r'epand, si elle agite toute une g'en'eration, n'est pas un caprice d'une imagination maladive, elle n'est pas le cri individuel d'une ^ame froiss'ee par le monde, mais bien un arr^et de mort prononc'e contre un monde d'ecr'epit et qui ne tardera pas `a ^etre ex'ecut'e.
L'Europe actuelle tombera sous la protestation du socialisme, non seulement parce que son iniquit'e est devenue manifeste, mais encore parce qu'elle a 'epuis'e toutes ses forces vitales, absorb'e son propre sang, sa pulpe nerveuse; parce qu'enfin elle n'est plus capable de
Vous voulez arr^eter l'accomplissement des 'ev'enements que vous pr'evoyez! Mais que conservez-vous donc avec tant de z`ele, avec tant d'obstination?.. Vous pouvez r'eussir pour un temps quelconque, je ne dis pas le contraire.
Telle est la part du lion de la volont'e humaine dans les affaires d'histoire; l'histoire n'a nullement ce caract`ere de pr'edestination forc'ee qu'on enseigne dans les 'ecoles catholiques et qu'on pr^eche dans les 'eglises philosophiques. Elle a un 'el'ement tr`es variable dans sa formule; c'est l''el'ement de la volont'e subjective. L'homme improvise, il cr'ee. Mais naturellement, cet 'el'ement a ses bornes et ses conditions; et ce n'est pas une r'evolution universelle qui pourrait ^etre arr^et'ee pour longtemps par des regrets et par des violences.
On peut encore concevoir qu'en donnant le change aux esprits, en les 'eblouissant, en les trompant, par un but fantastique, on rend impossible la r'esistance. Napol'eon l'a prouv'e. Mais est-ce par des moyens pareils que proc`ede la r'eaction?
Les deux moyens de M. Cort`es sont le retour `a l'autorit'e monarchique et `a la foi catholique, c'est-`a-dire `a la superstition et `a la terreur.
Mais en premier lieu, nous demanderons `a M. Cort`es comment nous ferons pour avoir une foi que nous n'avons plus, pour ne pas douter l`a, o`u nous doutons, ne pas savoir ce que nous connaissons? Cette question n'est pas nouvelle, Byron l'а d'ej`a pos'ee `a une dame pi'etiste qui voulait le convertir au
Donc, il ne reste que la terreur.
On pardonne beaucoup en faveur du progr`es, et pourtant la terreur, lorsqu'elle se fit, m^eme au nom du progr`es et de la libert'e, souleva avec raison tous les coeurs g'en'ereux.
Et la r'eaction demande la terreur comme moyen de r'epression, pour maintenir un
Avez-vous s'erieusement pens'e au sang qu'il vous faudra r'epandre pour retourner aux temps heureux de l''edit de Nantes et de l'inquisition? Remarquez-le bien, je ne dis pas que cela soit impossible, je connais trop le genre humain pour en douter; mais cela ne sera possible que lorsqu'on se permettra des Saint-Barth'el'emy et des massacres de Septembre. Il vous faudra, pour cela, assassiner tout ce qu'il y a d''energique dans notre g'en'eration, d'eporter, d'ecimer tout ce qui pense, 'ecrit, agit; il vous faudra enfoncer le Peuple encore plus dans l'ignorance et le spolier compl`etement pour augmenter ses arm'ees permanentes, il vous faudra passer par un infanticide moral de toute la g'en'eration suivante… et tout cela pour sauver une forme sociale 'epuis'ee, qui ne suffit plus
Mais o`u est, de gr^ace, la diff'erence entre l'invasion russe, la barbarie et votre civilisation catholique?