Читаем Том 6. С того берега. Долг прежде всего полностью

Et toutefois, vous savez que les paysans russes ne manquent pas de terre et poss`edent une organisation communale qui rend impossible le prol'etariat; pourquoi donc se l`everaient-ils en masse? Parce que les Romanoff, au lieu d'^etre les r'eformateurs, les civilisateurs, au lieu d'abolir l'humiliante servitude du paysan, l'ont 'etendue et consacr'ee; parce qu'eux-m^emes ont exerc'e et exercent encore le droit barbare du seigneur sur le paysan; parce qu'ils ont l'egalis'e l'abus, g'en'eralis'e ces moeurs cruelles, dans le but de captiver la noblesse et de s'appuyer sur quelque chose dans la nation. Ils ont cr'e'e la noblesse en la pr'edestinant `a la civilisation et `a l'esclavage, et ils en ont eu raison en commencant `a la corrompre.

Malheureux paysans russes, qu'a-t-on fait pour vous depuis le commencement du dix-huiti`eme si`ecle? N'est-ce pas l'amie de Voltaire, Catherine II, la m`ere de la patrie, qui introduisit la servitude dans la Petite Russie, qui transforma en serfs les cosaques de l'Ukraine?

Les cosaques, malheureux soldats cultivateurs, sont devenus l''epouvante de l'Europe par une fatalit'e cruelle ou par un caprice ignorant, tandis que les arm'ees permanentes, qui devraient ^etre l'objet d'une terreur nullement imaginaire, rest`erent cantonn'ees dans la Petite Russie pour prot'eger l'ex'ecution de cette imp'eriale d'emence. Catherine II d'epouilla les couvents de la Russie centrale pour donner les communes, qui leur appartenaient, comme salaire `a ses druides; et au milieu de si nobles soins, elle trouvait dans son esprit assez d'am'enit'es, dans ses lettres `a Ferney, pour plaisanter sur le compte du barbare cosaque Pougatcheff. Son fils, le maniaque couronn'e, r'ecompensait, `a la veille du XIXe si`ecle, la servilit'e de ses courtisans, par le don de quelques milliers de paysans esclaves et achetait ainsi la prolongation de quelques jours d'existence.

Lorsque le gouvernement s'apercut de toute l'iniquit'e, ou plut^ot de toute la folie de cette politique spoliatrice `a l'avantage d'une caste, il 'etait trop tard pour y rem'edier. La noblesse ne voulut pas abandonner sa proie sans conqu'erir au moins les droits politiques. D'etach'ee du Peuple et mise en opposition avec lui par l'oeuvre du gouvernement, tra^in'ee dans la voie de la civilisation officielle, la noblesse 'etait le plus ferme soutien du tr^one et de la famille imp'eriale; et toutefois elle fut la premi`ere qui se d'etacha du gouvernement; et si, entre les deux, il y a encore un lien qui les unisse, c'est la domination qu'ils exercent, `a profit commun, sur le paysan.Monstrueuse complicit'e! Le gouvernement s'en apercut et s'indigna de l'ingratitude de la noblesse; il avait cru pouvoir jouer avec la civilisation, mais il oubliait que le dernier mot de la civilisation s'appelle R'evolution!

Alors le gouvernement commenca une lutte sourde contre les lois de la noblesse; il les mine en semblant les consolider; il a l'intention d''emanciper les communaut'es seigneuriales et n'ose pas se mettre `a l'oeuvre, et il punit, avec une s'ev'erit'e presque 'egale `a celle, montr'ee nagu`ere `a C'ephalonie par les Anglais, tout mouvement populaire vers l''emancipation. Le gouvernement h'esite entre la peur d'une Jacquerie et le p'eril d'une r'evolution; il recommande l''emancipation `a la noblesse (manifeste du 12 avril 1842), et il impose aux paysans l'ob'eissance muette et passive; il d'esire l'affranchissement des communaut'es seigneuriales et rend esclaves du domaine imp'erial les communaut'es affranchies.

Confusion et chaos! Le gouvernement russe, d'efiant et irr'esolu, plus brutal que ferme, entour'e d'une bureaucratie v'enale et perfide, tromp'e par ses deux polices, vendu par ses amis, se trouve dans une voie sans issue. Despotisme limit'e par la concussion, il d'esire quelquefois all'eger les maux du Peuple et ne peut y r'eussir; il voudrait quelquefois arr^eter le pillage organis'e; mais le pillage est plus fort que le gouvernement. Triste, bilieux, endurci, il n'a d'appui solide et immuable que l'arm'ee. Et si, par hasard, l'arm'ee n''etait pas aussi immuable qu'il le croit?..

La physiologie de l'histoire, la th'el'eologie naturelle organique nous enseigne que le plus d'etestable gouvernement peut durer quand il a encore quelque chose `a faire; mais tout gouvernement est pr`es de sa fin, quand il ne peut plus rien faire ou ne fait plus rien que le mal; quand tout ce qui est progr`es se change en p'eril pour lui; quand il a peur de tout mouvement. Le mouvement, c'est la vie; le craindre, c'est ^etre `a l'agonie. Un semblable gouvernement est absurde; il doit p'erir.

Quand l'aigle imp'eriale sera revenue dans son antique patrie, elle ne repara^itra plus en Russie. La prise de Constantinople serait le commencement d'une nouvelle Russie, d'une f'ed'eration slave d'emocratique et sociale.

Salut fraternel.

Londres, 20 novembre 1849

<p>Письмо русского к Маццини<a l:href="#c003005"><sup>*</sup></a></p>
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