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Les satellites Vox et Xion, colonisés au XXIIIe siècle de l’ère monclale, firent l’objet de terribles conflits jusqu’au XXVIe siècle. Les grandes compagnies d’exploitation minière poussèrent les colons, menés par le sécessionniste Sten Vary, à proclamer leur indépendance. Principales pourvoyeuses en matières premières indispensables à la production d’énergie magnétic et à la fabrication des navettes estersat, les compagnies étaient excédées par le monopole du CEE, le Cartel estérien des énergies. L’émancipation des satellites représentait pour elles la garantie d’une libre exploitation et d’une augmentation substantielle de leurs profits. À contrario, le gouvernement estérien ne pouvait reconnaître l’indépendance de ses colonies : forts de leurs richesses minières, les satellites auraient tôt ou tard les moyens de constituer une armée puissante et seraient tentés de prendre le contrôle d’Ester, de recoloniser en quelque sorte leur ancienne planète.

Les édiles estériens n’avaient pas envisagé, en revanche, que la guerre s’avérerait aussi longue, aussi meurtrière, aussi destructrice. Truffés de nanotecs destinés à compenser la faible gravité et la pénurie d’oxygène, les colons se révélèrent des adversaires redoutables dans les combats au sol. Sur les deux millions de soldats estériens ayant participé aux batailles, un million huit cent mille trouvèrent la mort. De même, sur les mille navettes de liaison estersat expédiées sur Vox et Xion, les mines aériennes en détruisirent plus de neuf cents. Les réserves de magnétic, les stocks de minerais, les citabulles, les biosphères agricoles, les réseaux d’énergie, toutes ces réalisations d’une civilisation balbutiante, fragile, furent entièrement anéanties. On établit à vingt millions le nombre de victimes voxiones, militaires et civiles. Sten Vary fut capturé, jugé et précipité dans un puits d’eau bouillante, les compagnies dissoutes et remplacées par des firmes à la solde du pouvoir estérien. La guerre n’entraîna pas seulement le désastre écologique des satellites, mais elle marqua le point de départ du déclin économique d’Ester.

Il fallut reconstituer la flotte de navettes estersat, rebâtir des biosphères, rouvrir les puits d’extraction, rétablir les voies commerciales. Deux siècles furent nécessaires pour cicatriser les gigantesques blessures ouvertes par la guerre. On modifia le système génétique des colons de la deuxième vague, choisis parmi les criminels, les opposants politiques, les terroristes, afin d’éradiquer de leur cerveau tout germe de révolte.

Cependant, la guerre eut une autre conséquence, indirecte celle-là : la démographie galopante d’Ester, l’épuisement des gisements, la pollution de l’air et de l’eau, la manifestation annoncée des premiers signes d’instabilité d’Aloboam se conjuguèrent aux difficultés spécifiques des satellites – faible gravité, défaut d’oxygène, vie confinée dans les biosphères – pour pousser le gouvernement estérien à explorer des voies radicalement différentes. Plusieurs programmes furent proposés et aussitôt abandonnés, comme l’exploitation de l’océan Osqval ou encore l’estéraformation de Vox et Xion. Un projet finit par se dégager, qui était en réalité la combinaison de deux et qui permettait de dégager une solution sur le court et sur le long terme : la recherche d’une terre nouvelle aux caractéristiques très proches de celles d’Ester répondait au problème de la dilatation d’Aloboam et de l’extinction de son système ; la remise en cause du sacro-saint Traité des littoraux, autrement dit l’ouverture du continent Sud à une éventuelle colonisation, résolvait en partie les difficultés démographiques et écologiques de la planète. On mit d’abord à contribution les astronomes de l’académie de Vrana, qui, à l’aide de télescopes et de capteurs spectraux, scrutèrent le ciel sans relâche et tentèrent de découvrir une planète habitable parmi les systèmes observables. Une équipe de mentalistes fut ensuite chargée de sélectionner les candidats au premier exode. L’armée se prépara à envahir le continent Sud, une simple formalité dans la mesure où la non-violence était l’un des commandements majeurs de la religion kropte. Enfin, les scientifiques et les techniciens les plus qualifiés d’Ester furent rassemblés sur Vox pour concevoir et réaliser l’Estérion, qui acquit rapidement le surnom de « vase » ou d’« amphore », tant sa forme – proue large et plate, taille étranglée, poupe arrondie presque obèse – évoquait celle de ces récipients qu’on trouve dans n’importe quelle maison du continent Nord. On aurait également pu le comparer à une alviola, un insecte parasite des monts Qvals, ou encore, et certains ne s’en sont pas privés, au corps d’une déesse callipyge de la religion primitive des Grandes Assuors.

Extrait du journal du moncle Artien.
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