Bien que ce sujet jadis considéré comme illicite ait été
de nos jours abondamment traité, et même exploité, par la littérature,
acquérant ainsi une espèce de demi-droit de cité, il semble en effet que le
problème intime d’Alexis ne soit guère aujourd’hui moins angoissant ou moins
secret qu’autrefois, ni que la facilité relative, si différente de la liberté
véritable, qui règne sur ce point dans certains milieux très restreints, ait
fait autre chose que de créer dans l’ensemble du public un malentendu ou une
prévention de plus. Il suffit de regarder attentivement autour de nous pour
s’apercevoir que le drame d’Alexis et de Monique n’a pas cessé d’être vécu et
continuera sans doute à l’être tant que le monde des réalités sensuelles
demeurera barré de prohibitions dont les plus dangereuses peut-être sont celles
du langage, hérissé d’obstacles qu’évitent ou que contournent sans trop de gêne
la plupart des êtres, mais sur lesquels s’enferrent presque immanquablement les
esprits scrupuleux et les cœurs purs. Les mœurs, quoi qu’on dise, ont trop peu
changé pour que la donnée centrale de ce roman ait beaucoup vieilli.