Читаем Avé, Christ полностью

De sorte qu'il confierait à Ennio les précieuses archives de Basil et vendrait la résidence, les voitures et les chevaux. Avec le produit de la transaction, il paierait les dettes qu'il avait et partirait avec son fils pour Rome.

La plus âgée de ses filles y vivait. Lucile n'avait jamais été très proche mais ceci ne pouvait la pousser à trahir la voix du sang. Elle était riche et compatirait certainement de la situation dans laquelle il se trouvait. Bien évidemment, elle ne lui nierait pas sa protection quand elle verrait sa pénurie.

Il prétendait ainsi se placer sous son patronage en compagnie de son fils adoptif dont l'âge réclamait toute son attention.

À Rome, avec les relations dont il pensait pouvoir encore disposer, il placerait le garçon dans des conditions honorables pour attendre dignement l'avenir...

Pudens a écouté ses plans et ne s'est pas opposé à leur réalisation.

Néanmoins, il lui a réitéré son amitié et toute son affection lui offrant son aide. Pourquoi se lancer dans l'aventure d'un si long voyage pour recommencer sa vie ? L'église pourrait se charger discrètement de l'éducation de Celse et lui-même, Tatien, ne serait pas sans travail. Il y avait des malades à consoler, tant de tâches à réaliser...

Le veuf d'Hélène, cependant, n'avait pas tout à fait renoncé à l'orgueil de sa classe. Il avait acquis une certaine tolérance mais il se trouvait encore loin du vrai détachement de lui- même.

Il n'exposerait pas Celse au fléau des persécutions périodiques. Il l'aimait beaucoup trop pour le soumettre sans défense à la déconsidération sociale. Il serait plus en sécurité dans la grande métropole.

Il avait à Rome non seulement sa fille qui leur garantirait certainement de quoi vivre, mais il avait aussi de puissants amis dotés d'une forte influence à la cour.

Il comptait sur les liens du passé pour entraîner son fils adoptif dans la vie publique.

Celse Quint était doté d'une grande intelligence. Il éprouvait pour lui les sentiments les plus profonds d'affection et de confiance. Il l'estimait avec beaucoup de zèle et de tendresse... Dès l'instant où il l'avait reçu des mains de Livia à son départ pour les régions des ténèbres, il avait découvert en lui une pierre précieuse pour l'écrin vivant de son âme. Très souvent, il réfléchissait longuement au mystère de la communion sublime et parfaite qui les unissait. Il avait dans l'idée qu'il avait retrouvé un amour céleste que le temps n'avait pas réussi à effacer. À l'entendre, enthousiaste, il jugeait parfois qu'il avait retrouvé la compagnie de son père. Ce bon sens dans l'appréciation de la vie, cette culture polymorphe et cette facilité d'expression propre à la conversation de son fils adoptif, lui rappelaient les inoubliables entretiens qu'il avait eus avec Varrus Quint dans les jardins de la résidence de son beau-père. La grâce et la logique, la compréhension et la sagesse innée étaient si semblables, qu'inexplicablement, il s'est mis à raisonner à la façon du jeune garçon à propos des grands moments de lutte. Instinctivement, il attendait de lui le mot final sur les sujets les plus graves et l'orientation appropriée sur le chemin épineux de la vie. Il l'aimait de toute son âme têtue et sauvage, mais loyale et sincère. Rien que pour lui il voulait vivre et se débattre maintenant dans les luttes amères du monde.

Alors, comment le reléguer à un destin incertain à Lyon ?

Ennio s'est dit qu'il ne devait pas le contredire. Le christianisme était encore considéré comme illégal. Les représailles d'ordre politique tombaient invariablement par surprise sur les adeptes. Pour autant, il ne serait pas légitime d'appuyer une solution qui viendrait soutenir son point de vue.

Invité à donner son avis, Celse assura qu'il ne souhaitait qu'une chose : satisfaire son père. Il suivrait Tatien avec la fidélité de toujours.

De sorte que le malheureux patricien passa à la mise en place de son plan d'action.

Il vendit la maison, les biges et les animaux qui lui appartenaient au nouveau propriétaire de l'ancienne Villa Veturius. Mais l'argent reçu d'Alcius l'acquitta juste des dettes contractées. Il lui restait à peine de quoi payer le voyage.

Même ainsi, il n'a pas changé d'avis. Lyon l'asphyxiait.

Blandine lui manquait et sa soudaine cécité martyrisait son cœur. Il désirait s'en aller, avoir de l'espace, se changer les idées et tout oublier.

Pudens, cependant, généreux et prévenant, à l'insu de Tatien, donna à Celse une lettre pour un ami humble mais sincère qui vivait sur la voie Ostie. Le père adoptif prenait trop peu de précautions. Ils auraient peut-être besoin de l'aide de quelqu'un, avant d'entrer en contact avec la veuve de Galba. Ainsi, dans l'éventualité d'une possible complication, ils pourraient faire appel à Marcelin, un vieux chrétien abandonné par sa famille qui s'était réfugié dans la foi vivant entre la résignation et la charité.

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