Читаем Avé, Christ полностью

— Courage, mon père ! Nous serons ensemble... La mort n'existe pas et Jésus règne pour toujours !...

Après de lourdes minutes d'attente, les prisonniers furent acheminés vers l'arène en fête, mais comme si un étrange pouvoir céleste vibrait dans les cordes de leur âme, ils louaient le Seigneur qui les attendait au ciel.

Des hommes au visage hirsute et des vieux chancelants, blessés et mendiants, des anciens auréolés de cheveux blancs et des femmes dont la maternité se révélait exubérante, des jeunes et des enfants au visage souriant chantaient, heureux, fermement convaincus du sermon prometteur des bienheureux.

Se soutenant à l'épaule fragile d'Éraste, Tatien remarquait en lui même une rénovation inattendue et sublime.

Ces âmes lacérées par l'injustice du monde n'adoraient réellement pas des dieux en

pierre.

Pour inspirer une telle épopée d'amour et de résignation, d'espoir et de bonheur face à la mort, Jésus devait être l'Envoyé Céleste qui régnait souverainement dans les cœurs.

L'âme se trouvait plongée dans une mystérieuse joie...

Oui, finalement il reconnut dans ces instants suprêmes que, tel un orage long et fort, le temps était passé sur sa vie, détruisant les idoles mensongères de l'orgueil et de la vanité, de l'ignorance et de l'illusion...

La tempête de souffrances avait laissé ses mains vides.

Il avait tout perdi.. Il était seul.

Mais dans ces courts instants, il avait trouvé la seule réalité digne d'être vécue — le Christ, comme un idéal d'humanité supérieure vers qui il devait aller et devait atteindre...

Il s'est souvenu de Blandine, de Basil et de LMa, gardant l'impression au fond de son cœur que tous trois se trouvaient là, lui tendant les bras avec des sourires de lumière.

Il s'est rappelé Varrus Quint avec une indicible affection.

Retrouverait-il son géniteur au-delà de la mort ?

Il n'avait jamais ressenti une telle nostalgie de son père et le temps d'un court instant... il aurait tout donné pour le revoir et pour lui affirmer avec toute sa tendresse qu'à cet instant de la mort, sa vie n'avait vraiment pas été vaine !...

Il pleurait, oui ! Mais pour la première fois, il pleurait de compréhension et reconnaissance, d'émotion et de joie...

Il s'est souvenu de ceux qui avaient blessé son cœur pendant sa vie, et comme s'il se réconciliait avec lui-même, à tous il envoya des pensées d'une paix jubilante ...

Les quelques pas sur le chemin rédempteur, parcourus sur quelques mètres étaient, cependant, accomplis...

Se soutenant à Marcelin, il a entendu les cris sauvages des spectateurs qui se serraient sur les sièges des podiums et des ménianes, dans les galeries, sur les plates-formes, dans les vomitoires et sur les marches des escaliers.

Des milliers et des milliers de voix exigeaient en chœur bestialement :

Les fauves ! Les fauves !...

Cependant, intimement transformé, Tatien souriait...

Après avoir rapidement balayé du regard l'enceinte, Éraste trouva le poteau où Celse avait été attaché pour le sacrifice, il accomplit sa promesse rapprochant le père et le fils pour l'instant suprême.

Mon fils ! Mon fils !... — sanglotait Tatien, heureux, tâtonnant le corps de Celse dont les mains de chair ne pouvaient plus le caresser —j'ai senti le pouvoir du Christ en moi!... maintenant, moi aussi je suis chrétien !...

Exultant de contentement intérieur pour avoir atteint la réalisation du plus grand et du plus beau rêve de sa vie, Celse s'est écrié :

Que des louanges soient entonnées à Dieu, mon père ! Vive Jésus !...

À ce même instant, des soldats ivres ont mis le feu aux rondins de bois qui se sont facilement enflammés.

Des gémissements, des appels discrets, des demandes d'aide et des prières étouffées montant de toutes parts se firent entendre parmi les flammes grandissantes qui, aux crépitements du bois se multipliaient dans l'air comme des serpents inquiets proclamant la victoire de l'iniquité, alors que des lions, des panthères et des taureaux sauvages pénétraient dans la grande arène, stimulant la fureur de la foule assoiffée de sensation et de sang.

Agenouillé devant Celse Quint qui le regardait en extase, l'aveugle a compris que la fin était proche et a supplié :

Mon fils, apprends-moi à prier !...

Les flammes, néanmoins, gagnaient le corps du jeune garçon qui se tordait.

Et tout en réprimant sa propre douleur, Celse dit, calme, baigné de paix :

Mon père, faisons la prière de Jésus que Blandine aimait à prononcer !... Notre Père qui êtes aux deux... prions à voix haute...

Les fauves affamés engloutissaient les corps et déchiraient les viscères humains, ici et là, mais comme s'il vivait maintenant rien que pour la foi qui l'illuminait à cette dernière heure, Tatien agenouillé répétait cette émouvante prière :

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