Читаем Avé, Christ полностью

Dans l'écho de sa mémoire, il entendait encore les cris de Silvain demandant de l'aide et dans une vision profonde comme si sa rétine fonctionnait maintenant de l'intérieur, il revoyait la physionomie angoissée de Varrus Quint qui implorait sa compréhension et sa pitié, en vain.

Le retour au passé lui faisait mal au cœur...

Contrarié, il enregistrait les paroles de Celse qui l'incitait à la bonté et à l'oubli du mal, admettant être sous le joug de la justice céleste et finalement soulagea l'oppression de son âme en éclatant en sanglots.

Cependant, les souvenirs du passé le modifiaient en son for intérieur. Quelque chose se rénovait dans son monde mental.

À sa propre surprise, il est passé de la haine à la commisération.

Il reconnut que Lucile, tout comme lui dans sa jeunesse, portait des sentiments intoxiqués par de sinistres illusions.

Pauvre fille ! — réfléchissait-il amer — qui lui servira d'instrument à la douleur nécessaire de l'avenir ?

Surveillés par l'astucieux Percilianus, se soutenant l'un à l'autre, ils avançaient tous les deux attristés. Mais quand ils furent suffisamment éloignés du voisinage de la résidence, demandant le secours de prétoriens sur la voie publique, le tribun les dénonça comme chrétiens récidivistes et comme voleurs invétérés, assurant qu'ils avaient attaqué son domicile.

Pris par surprise, Tatien et le garçon furent interpellés sans la moindre considération.

Essayant de rétablir la vérité, l'aveugle a levé dignement la tête et a déclaré :

Gardes, je proteste ! Je suis un citoyen romain.

L'un des suppôts de Caius a éclaté de rire et lui fit remarquer :

Quel précieux comédien pour le théâtre ! Il représenterait admirablement le rôle d'un patricien rabaissé.

Malgré les protestations énergiques du gendre de Veturius méconnaissable, rien n'y fit.

Quelques instants plus tard, une foule grossière et paresseuse les entourait. Des paroles ironiques et impropres étaient vociférées à tout vent.

Humiliés et muets, le corps fatigué et douloureux, Tatien et Celse furent emprisonnés dans un vieux souterrain de l'Esquilin rempli d'esclaves chrétiens et de mendiants malheureux considérés comme des renégats de la société.

Pour Tatien, qui avait les yeux plongés dans la nuit noire, le décor n'avait pas vraiment changé, mais Celse, qui s'accrochait fermement à sa foi, pouvait vérifier, consterné, toute l'angoisse de ces cœurs relégués au labyrinthe des prisons, évaluant toute l'extension de leurs propres souffrances.

Ici et là, des vieillards allongés gémissaient péniblement, des hommes dans un état sordide s'appuyaient à des murs noirâtres couvrant leur visage de leurs mains, des femmes en lambeaux étreignalent des enfants à demi-morts...

Mais par-dessus tous les gémissements se confondant à l'odeur abjecte, des cantiques en sourdine s'élevaient, harmonieux.

Les chrétiens remerciaient Dieu de la grâce de la douleur et de la flagellation, se réjouissant de la victoire de la souffrance.

Celse trouva un doux enchantement dans ces hymnes, et Tatien, entre la révolte et le tourment moral, se demandait quel miraculeux pouvoir détenait le prophète galiléen pour maintenir, au-delà du temps qui passe, la fidélité de milliers de créatures qui le louaient en plein malheur oubliant toute leur misère, leurs afflictions, allant même jusqu'à la mort...

Deux gardes corpulents, pourvus de lanternes et d'arquebuses les conduisirent dans une cellule tout en parlant sur un ton animé.

Heureusement, tous les prisonniers seront éliminés demain — informait l'un d'eux — ; la fièvre maligne est réapparue. Nous avons eu aujourd'hui trente morts !

Je sais — a murmuré l'autre —, les fossoyeurs sont alarmés.

Et, sarcastique, il a souligné :

J'admets que même les fauves refusent tant de pestilence.

Les autorités agissent avec sagesse — a dit l'interlocuteur — ; le spectacle, comme tu le sais, comportera quelques animaux africains, néanmoins, pour que le peuple ne soit pas trop impressionné par les impotents, nous aurons des poteaux et des croix où les invalides seront utilisés comme torches vivantes.

Tatien, désespéré, voulut encore manifester une dernière réaction.

Soldats — a-t-il clamé dignement —, n'y a-t-il pas de juges à Rome ? Est-il possible d'arrêter des citoyens sans juste motif et de les condamner sans examiner leur cas ?

L'un des soldats a immédiatement répondu à sa question en le poussant violemment, les jetant finalement, dans une cellule étroite et humide.

Celse Quint aidé par les faibles rayons de lumière qui venaient de galeries lointaines, a ramassé quelques chiffons qui se trouvaient par terre et, en guise de lit, a supplié son père adoptif de se reposer un peu.

Quelques instants après, un geôlier aux traits sauvages apportait la ration du jour, quelques morceaux de pain noir et de l'eau polluée que le garçon assoiffé a bu à grandes gorgées.

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